Quand Éric Zemmour compare les réseaux sociaux aux salons du XVIIIe siècle

ZEMMOUR -Ben Voyons

Samuel Lafont, l'un des artisans de la campagne d'Éric Zemmour, a posté sur Twitter une vidéo dans laquelle le candidat de Reconquête parle des réseaux sociaux. Il compare ce goût de trouver le bon mot à l'esprit des salons du XVIIIe siècle.


Peut-être trouvera-t-on cette comparaison un peu trop bienveillante. Les réseaux sociaux ne sont pas seulement le lieu où l'on croise le fer, et où une bonne repartie fait ou défait les réputations. Ils grouillent aussi de tire-laine et de coupe-jarrets de la pensée, médiocres et violents, aveugles dans leur déchaînement de violence verbale. Beaucoup de gens courageux en ont fait l'amère expérience - Zemmour comme tant d'autres, d'ailleurs. On pourrait presque reprocher - un reproche en forme d'hommage - au candidat de droite de ne voir les choses qu'au prisme de sa propre culture.

Éric Zemmour est un homme d'Ancien Régime, à plus d'un titre. Il a construit sa carrière par sa plume et sa vivacité, par son bel esprit et un certain courage, parfois bravache. C'est un honnête homme, au sens du Grand Siècle, celui qui sait un peu de tout et ne se pique de rien. Il a le goût des formes, des femmes, des livres et du débat. Emprunte-t-il plutôt à Louis XIV, grandiose et entêté, ou à Louis XV, pragmatique et débauché ? Seule son élection pourrait nous le dire. De là, peut-être, sa comparaison. Comme nous tous, il ne compare ce qu'il voit qu'à ce qu'il connaît. Un autre aurait, à l'inverse, comparé le film Ridicule aux battles de rap qu'on voit, par exemple, dans le film 8 Mile, avec Eminem. Question de référentiel, de paysage intérieur.

Il n'empêche. Zemmour n'a peut-être pas tort. 280 caractères ne sont pas une mince contrainte pour répliquer à un fâcheux. Ce sont nos nouveaux bouts-rimés. Comme dans les salons d'autrefois, il entre, par la petite porte, des gens que leur nom ne précède pas mais qui se taillent une réputation en quelques soirées et quelques mots. Comme dans certains jeux épistolaires du XVIIIe, les parties de ping-pong verbales sont parfois un régal à observer. Et, comme dans la bonne société, c'est parfois un mot de patois ou d'argot qui met les rieurs de votre côté. Chez Zemmour, le grasseyant « Ben voyons », qui tranche tellement avec la tenue de son vocabulaire ordinaire.

Après tout, oui, nos réseaux sociaux sont peut-être de nouveaux salons où l'on fait de l'esprit... et où deux choses sont interdites, quoique non écrites, comme tout ce qui a trait à la politesse française : perdre son calme et perdre la face. Plus de convives pour moins de fauteuils, des écrans bleus en guise de chandelles. C'est un peu moins élégant, mais si ça fonctionne, c'est l'essentiel.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Zemmour a voulu juste donner un petit peu de hauteur souvent à ces bas fonds, je le croit aussi un brin moqueur mais soyons léger allez…! Et puis il y a des sites ou il y à des discussions intéressantes et dans la belle langue de Molière.

  2. a l’exception du fait que « deux choses sont interdites, quoique non écrites, comme tout ce qui a trait à la politesse française : perdre son calme et perdre la face. » et c’est précieusement ce que les réseaux sociaux suscitent.

  3. suite . Il faut que l’ état assume les charges. De 48 et 56 h/ s le travail est tombé à 35h mais les gens sont fatigué et n’ ont pas le temps. Le travailleur du privé a à sa charge 50 millions d’ habitants et la dette abyssale sera l’ héritage de ses enfants et petits enfants et petits et grands déblatèrent sur leur portable. Comment des sans papier, des étrangers des chômeurs font pour avoir des smartphone chaque membre de la famille, comment des retraités peuvent être dans la misère

    • Pour ce qui des sans papiers, les asso « doivent bien pensantes » doivent leur offrir un kit complet : smart phone, tente décathlon, basket à la mode, etc… payé bien sûr avec largent du con-tribuable…

  4. Les gens intelligents et prudents insensibles à la mode de caniveau, que l’on peut aussi qualifier de civilisés, se défient évidemment de ces réseaux dépendants de la mafia numérique mondialiste.
    Il n’est pas étonnant que la populace mondialiste faible d’esprit et asservissable très «  tendance », s’y retrouve, avec la racaille de base violente et primaire, tous bizarrement rassemblés sous le vocable, «réseaux sociaux ».
    Le pourrissement de la société est «  en marche » grâce à eux.

  5. Je ne suis sur aucun des réseaux anti sociaux. En réalité trouvez quelque chose de  » social » dans ces réseaux. Des gens qui déballent leur triste vie, qui se vante de quelques conneries qu’ ils ont commises, ou ils expriment leur haine ou leurs menaces sous pseudo.
    Avant ( oui le passé ) les travailleurs n’ avaient pas de téléphone, le mari au travail les femmes avaient toutes les charges familiales à charge et les repas étaient fait
    Plus aucune femme n’ est capable d’ assumer ces fonctions

    • Ben zut alors, je suis une femme et j’ai magnifiquement bien élevé mes gamins, tenu ma maison et bien nourri ma famille, tout en travaillant : si vous ne fréquentez que des incapables, changez de fréquentations !

    • et après tout si la femme a été appelée aussi et en plus à travailler pour faire bouillir la marmite du foyer, pourquoi le mari ne contribuerait-il pas davantage aux tâches familiales? la femme n’est pas une esclave ! pourquoi devrait-elle assumer seule (ou presque…) la majeure partie de ces fonctions?

  6. A chaque époque son style. Autre temps, autres moeurs…. L’expression demeure à travers les siècles…. même si l’on peut regretter, aujourd’hui, le bon et beau français, l’orthographe et l’élégance des salons dorés….

  7. Il y a de tout dans les réseaux sociaux, il suffit de bien choisir.
    Coluche envoyait des complices récolter des brèves de comptoir et nul doute qu’il aurait trouvé matière sur les réseaux sociaux.
    Dans un autre registre c’est un merveilleux endroit pour échanger et se cultiver et, contrairement, aux salons du XVIIIè sicèle, ouvert à tous.

  8. « nos réseaux sociaux sont peut-être de nouveaux salons où l’on fait de l’esprit… » ?! alors c’est que  » l’esprit » est vraiment descendu bien bas et c’est infiniement appauvri….et je ne parle même pas de la syntaxe et de l’orthographe,  » au secours » !

    • Tout dépend des groupes que vous suivez certains ont une très bonne tenue et le français y est encore la règle, la courtoisie, et le bon goût aussi.

  9. Zemmour fait du bien en relevant l’aspect parfois piquant de certains propos notamment dans Bd Voltaire.
    On découvre plus d’esprit que prévu chez pas mal de français et il est à relever celui de Gauthier, Delarue parmi les journalistes. Il a raison de souligner que tout n’est pas perdu dans ce pauvre pays.

  10. Comparaison n’est pas raison et encore faut – il comparer ce qui est comparable.
    Ni les sujets de conversation ni la langue ni l’assistance des salons du XVIII ème ne peuvent se comparer à nos réseaux sociaux vitrines de l’étalage d’egos et de vulgarités.
    Pour quelques rares exceptions si les générations futures nous jugent par nos bavardages intimes sans style et sans orthographe ils auront une pauvre idée de l’époque et de ses habitants .

    • A chaque époque, son style… Autre temps, autres moeurs…. L’expression demeure… même si l’on peut regretter le bon et beau français, l’orthographe et l’élégance des salons dorés.

  11. À ce propos, revoir le film de Patrice Leconte: « Ridicules » – Une pépite.

    Les joutes verbales avaient toutefois une autre envergure et un autre esprit que ce qu’on découvre actuellement dans le genre poésie fleurie de la diversité bienheureuse.

    • La poésie fleurie comme vous dites n’est peut-être que le reflet d’une société rejetée et à la limite de la révolte. Ce n’est en tout cas pas la tribune des intellectuels et autres assistés de la République bien que je peux constater dans mon petit environnement que les assistés ont des exigences de plus en plus importantes malgré que le train de vie de bon nombre est largement supérieur à un ouvrier spécialisé qui a une famille et son logement à entretenir avec un salaire limite aux aides.

      • Société rejetée ? Laquelle ? Celle que j’évoque s’immisce dans toutes les failles béantes d’un système qui leur est tout acquis, avec sa bénédiction.

        Avec nos impôts, naturellement car nous en payons, nous.

        Poésie fleurie pour désigner euphémiquement un lexique hybride et sommaire qui leur tient lieu de langage, entre le zyva et le sms.

        Alors oui, je rejette.

    • « Ridicule » film brillant, certes, mais il ne faut pas oublier qu’il trimballe tous les poncifs contre le clergé et les nobles d’ancien régime, systématiquement présentés soit comme des crétins, soit comme des salauds…

      • C’est certain mais le film insistait sur les dérives d’une monarchie moribonde, avec tous les excès qui l’entouraient, dont ces joutes verbales qui pouvaient vous ériger en référence ou vous condamner en un claquement de doigts.

        La dictature de la répartie, de l’apparence, de l’esprit.

        Nous y sommes toujours; rien n’a changé.

        Et j’ai une aversion particulière pour la période révolutionnaire qui fut, selon moi, une dictature sanguinaire.

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