Priver les Français de tout débat, ou comment tuer dans l’œuf une campagne électorale

Il faut bien l’admettre : on se doit de reconnaître certaines qualités à l’individu qui nous gouverne. Parmi celles-ci : l’art de réduire à néant ce qui pourrait ressembler à une campagne électorale. La méthode est simple : rendre impossible tout débat d’idées. C’est facile, pas cher et ça peut rapporter gros : la preuve par la réélection d’Emmanuel Macron.

Les Français, chacun en est convenu, ont été privés de la campagne présidentielle. Le Président sortant faisait la guerre mondiale, il n’avait pas de temps à consacrer à nos guerres picrocholines. La stratégie, nullement dissimulée, fut limpide : une déclaration de candidature à quelques heures de la clôture, quelques clips sur les réseaux sociaux et de multiples déplacements hors frontières pour montrer au petit peuple dans quelles hautes sphères évolue celui qui les gouverne.

Cette formalité réglée, qu’a fait Emmanuel Macron ? Rien. Surtout ne pas bouger une oreille, voilà la règle qui prévaut au sommet de l’État. C’est ainsi que les Français ont attendu trois semaines pleines la désignation de leur Premier ministre. Sibyllin, le Président se contentait de répondre depuis l’étranger que « oui oui, il connaissait l’heureuse élue », puisque élue ce devait être. C’était cela, le nouveau gouvernement pour une nouvelle politique pour un nouveau peuple : une femme à Matignon. La belle affaire…

Et le nouveau gouvernement en question ? Il a fallu attendre encore quatre jours pour découvrir que, globalement, on prenait les mêmes pour recommencer. Ascension des petits marquis et jeu de bonneteau, circulez, y a rien à voir !

Et les législatives, dans tout ça ? C’est comme le reste, ça peut attendre. Bien sûr, sachant qu’une longue campagne aurait pu émousser la joie déjà toute relative de la réélection du prince, il avait été un temps envisagé de dissoudre l’Assemblée juste après la présidentielle, mais la ficelle était un peu grosse. Alors, Macron a joué la montre, c’est-à-dire le pourrissement. Avec une complicité certaine des grands médias, on a amusé la galerie avec Mélenchon Premier ministre et les farces de la NUPES en attendant l’arrivée d’Élisabeth Borne, et depuis… pfuittt.

Songe-t-on à débattre sur le programme du gouvernement pour les cinq ans à venir ? Non, vu qu’on ne le connaît pas. Macron Le Grand avait bien lancé quelques fusées comme la réforme des retraites ou le projet de loi sur le pouvoir d’achat, mais tout cela est reporté… après les législatives. Soit encore une façon d’éviter toute confrontation d’idées sur la question.

Jouer la montre a des avantages certains. À force de faire trainer, non pas pour « donner du temps au temps », comme disait feu Mitterrand, mais pour obliger les autres à perdre le leur, Emmanuel Macron a fait en sorte que ses ministres se retrouvent privés de parole aussitôt nommés.

Entrés en fonctions le 20 mai, ils sont en effet soumis, depuis le 23, à la « période de réserve ». Le principe est louable : « ne pas perturber le bon déroulé de la campagne ». Ce qui revient, dans les faits, à leur clouer le bec. La circulaire du 10 février 2022 est claire : « Un membre du gouvernement […] ne doit pas intervenir dans la campagne électorale ou apporter un soutien à un candidat lorsqu'il s'exprime officiellement, c'est-à-dire en sa qualité d'autorité gouvernementale. » De même, les ministres doivent « s'abstenir de se déplacer dans l'exercice de leurs fonctions ».

On rappellera ici que quatorze ministres du gouvernement Borne sont candidats aux législatives…

Voilà donc, comme le soulignait Nicolas Beytout dans la Matinale d’Europe 1, « un bâillon opportunément placé sur la bouche des bavards du gouvernement, grâce à quoi on sera dispensé de connaître le programme pour la législature et d’avoir réponse à la foule de questions que cela pose ».

Qui s’étonnera, alors, d’une abstention record aux prochains scrutins ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

56 commentaires

  1. Une femme à Matignon ou un pantin dont les fils se tirent depuis le palais du prince « qu’on sort » ?

    • Tant qu’ils seront persuadés – par la propagande – que cet individu veut leur bien, ça continuera.

    • Les retraités votent pour lui, pourquoi ? : Ils ont été sauvés du Covid et ils touchent leur retraite, n’allez pas chercher plus loin.

      • Pas tous les retraités s’il vous plaît! Nous sommes retraités et n’avons pas voté pour lui ni en 2017ni en 2022 et nous en connaissons du même avis !

      • D’après les statistiques, 68 % des retrairés votent Macron. Ce qui fait que 32% de retraités votent contre lui. Ne généralisons pas !
        Il y a encore une bonne partie de retraités lucides, 32% ce n’est pas rien. Mais c’est la tactique de Macron, désigner des boucs émissaires, ne tombons pas dans ce piège…

  2. Avec Macron, plus c’est gros, plus ça passe. Et personne ne moufte.
    Il nous faut espérer quand même que Reconquête ait assez d’élus pour se faire entendre. Je compte sur eux pour être régulièrement présents dans l’hémicycle afin de réellement nous représenter.

  3. Si les Français se font avoir par les manœuvres de Macron, tant pis pour eux, ils n’ont que ce qu’ils méritent.
    L’ennui c’est qu’ils entraînent les autres dans le gouffre

  4. On peut reprocher tout ce que l’on veut à Macron mais, il n’en reste pas moins qu’il y a eu une majorité d’électeurs pour le reconduire. Ces électeurs n’ont pas eu besoin de campagne électorale pour savoir qui ils elisaient. Les 5 ans qui ont précédé le 24 avril ont été plus que suffisants pour se faire une idée très précise du personnage. C’est donc à ceux qui ont choisi d’accorder un second mandat à Macron qu’il convient d’adresser tous les reproches faits à ce président.

      • En effet, précisons ; en gros : 70% d’électeurs adultes (électeurs de Macron + abstentionnistes + votes blancs ou nuls), et non 70 % de Français. Comme il y a à peu près quarante millions d’électeurs, ça nous ferait 28 000 000 à peu près de partisans du progressisme macroniste ou du « je m’en fous ».

    • Le lavage de cerveau entrepris par les médias a été d’une efficacité redoutable. On dira, pour faire sociologue, que c’est une manipulation des masses et que 70 % des Français sont prêts à être élevé (pardon à être éduqué) en batterie. Titre du prochain roman d’Orwell : « La ferme aux mille vaches ».

      • Manipuler des masses n’est jamais aussi facile que lorsque celles-ci sont consententes.
        Lorsque ces masses sont celles d’un pays dans lequel tout le monde a accès à l’éducation qui permet de savoir lire, écrire et compter et dans lequel l’accès à l’information alternative n’est pas encore interdit, on ne peut pas imputer aux seuls manipulateurs toute la responsabilité de l’influence qu’ils ont sur des individus dont la passivité est finalement une forme de culpabilité voire, de complicité.

      • Vous avez raison de nuancer, les individus ont leur responsabilité, bien qu’avec le système éducatif actuel, il soit de plus en plus difficile de maîtriser la lecture, l’écriture et le calcul. Combien savent faire une simple division ou élaborer une phrase logique ?
        Difficile aussi de sortir de l’influence woke, de la pensée unique dans laquelle ils ont baigné toute leur jeunesse. Cela demande un effort, auquel beaucoup renoncent, par paresse et aussi parce qu’un Macron « ils le veulent bien ».

  5. Grâce à cette espièglerie calculée de notre Jupiter, nous nous dirigeons vers une abstention record aux législatives. Moins de votants donc : mais qui sortira gagnant ou perdant de ce scrutin encore tronqué ? Le gagnant sera forcément MACRON 2, qui pourrait obtenir une majorité législative avec moins de 30% d’électeurs déterminés et une majorité ne souhaitant pas que Renaissance soit majoritaire. Restera à cohabiter ? Non! Dans ce cas, il suffira de laisser venir à soi les girouettes de NUPES…

  6. Une histoire Abad qui tombe à point nommé , idem pour pap Ndiaye . Tapage médiatique autour de ces deux histoires , résultat , on ne parle pas des programmes des différents partis. après une absence de débat pour la présidentielle , c’est reparti pour les législatives. Ne soyons pas dupes , faire barrage à Macron , c’est essentiel .

  7. C’est aux candidats de se bouger pour contrer la tactique de Macron,il serait temps de discuter son bilan, il y a un boulevard pour le descendre politiquement, on attend en vain, seul Zemmour se bouge ainsi que Marion, sa tante ne s’occupant que de sa boutique.

    • Les autres candidats sont soumis au bon vouloir des médias inféodés au pouvoir…
      Nous sommes, d’ores et déjà, en dictature

  8. Et surtout honte à MLP, EZ, NDA infoutus de s’unir pour la France alors qu’ils détiennent la majorité relative (41,5%) contre 30 et 29.

  9. Le vote utile anti macron, c’est celui destiné aux candidats de reconquête.
    Seule contre reaction saine à l’election du destructeur vendeur du pays à la découpe et marionnette du NOM « le nouvel ordre mondial »!

  10. Surtout pas d’abstention , tous aux urnes .Il faut que Macron n’est pas la majorité sinon on est foutu .

    • « que Macron n’aît pas » . . . avez-vous lu l’excellent article concernant l’orthographe ?

    • Désolé mais moi j irai pas depuis des années j ai fait tout ce qu il fallait , mais là je vois que voter ne sert plus à rien , les résultats seront comme ceux du prix de l Eurovision, pipés, tout est joué d avance , les français sont prêts à tout accepter, ils l ont prouvé

  11. On connaît déjà le programme de M. : réforme des retraites genre Bérézina, on refait appel au vaccinateur fou, on augmente les taxes, on s’attaque aux petits propriétaires, on bloque dans un deuxième temps les retraites, on euthanasie, on s’attaque aux fake news (real news en réalité), aux journaux indépendants en les accusant de propager le fascisme, on puce les gens, et service militaire obligatoire en prévention de guerre contre la Russie, etc.

  12. Je m’étonnes du silence de l’opposition quant à l’évidente et grossière complaisance , pour utiliser un euphémisme, de certains médias envers le pouvoir en place.

    • grossière complaisance…….de certains médias …
      Ils sont dans le fromage, ils ne vont pas scier la branche sur laquelle ils sont assis.

  13. macron compte sur les abstentionnistes qui lui permettent de passer l’épreuve des législatives sans faire état de son programme puisque ne se dérangeant pas pour aller voter contre ses lèches-bottes, ils lui donnent une assemblée caisse d’enregistrement de toutes les avanies qui passent dans son cerveau de psychopathe malade.

  14. Il ne peut plus y avoir de débat , dès que la moindre revendication va pointer , un nouveau variant assortis d une panoplie de vaccins va calmer tout le monde ,comme ça marche ils ne vont se gêner de rien

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