Le « choc des savoirs » : un épouvantail pour la gauche, un leurre pour la droite

école

Les syndicats de gauche se mobilisent contre le « choc des savoirs ». Ce mardi 14 mai, le SNES, majoritaire chez les personnels du second degré, tenait une conférence de presse pour présenter sa stratégie, sous une affiche sonnant comme un slogan : « Nous ne trierons pas nos élèves. » Une manifestation est organisée, le samedi 25 mai. Faut-il pour autant soutenir Gabriel Attal, l'initiateur de ces mesures ?

Cette mobilisation, dans ses motifs comme dans sa formulation, est dans la nature d'une organisation qui, comme quelques autres, fait passer ses options idéologiques avant l'intérêt des élèves. Dans l'appel qu'il invite à signer, le SNES fustige un ensemble de mesures qui « dessine les contours d'une école passéiste et conservatrice », qui « vise à généraliser le tri social » et qui conditionne l'accès au lycée « en faisant du DNB [diplôme national du brevet] une barrière à l'entrée au lycée ».

Un de ses dirigeants a même déclaré, dans ladite conférence, que « le choc des savoirs, c’est le renoncement à la réussite de tous les élèves et à la démocratisation scolaire pour des raisons populistes (sic) », laissant entendre que le gouvernement reprendrait des idées – funestes, il va de soi – des partis ainsi qualifiés. Un autre annonce qu'« on ne va pas désobéir, on va appliquer les textes », autrement dit, trouver dans le volumineux Code de l'éducation quelque article permettant de contourner ou de saboter la réforme.

Pourtant, la majorité des professeurs savent qu'il est impossible de faire progresser ensemble des élèves entre lesquels il y a trop d'écarts, les uns comprenant vite, d'autres plus lentement, d'autres encore ne comprenant rien du tout, et qu'il serait plus efficace de les regrouper par niveaux. De même, admettre en seconde des élèves qui échouent au brevet, si généreusement accordé, c'est pratiquer une fuite en avant ou les jeter dans le vide. Mais pour ces idéologues dans l'âme, le sacro-saint collège unique ne saurait être remis en question.

La majorité des Français, qui ne sont pas de gauche, pourraient se réjouir de mesures qui iraient enfin dans le bon sens. Attention, cependant, à ne pas se laisser berner par les apparences. L'appellation même de « choc des savoirs » ressemble plus à un slogan publicitaire qu'à une volonté réelle de rehausser le niveau scolaire. Les moyens nécessaires pour une telle réforme sont loin d'être réunis. Nicole Belloubet, ministre de l'Éducation nationale par accident, peine à défendre ces mesures, si contraires à ses options. Peut-on compter sur le Premier ministre, plus habile en paroles qu'en actes ? Dans ces conditions, le redressement de l'enseignement n'est pas pour demain.

D'autant plus que la situation risque d'empirer, dans les prochaines années. On sait déjà que tous les postes ne seront pas pourvus aux concours de recrutement, par manque de candidats ou par insuffisance de niveau disciplinaire. Pour pallier cette pénurie, le gouvernement continue d'embaucher à la va-vite des contractuels et s'apprête à baisser les exigences des concours. Demain, hormis peut-être l'agrégation, ils n'attireront plus que des étudiants médiocres, qui s'orienteront vers l'enseignement faute de mieux

Les syndicats, tant qu'ils seront soumis au préjugé de l'égalitarisme, Macron et son gouvernement, tant qu'ils considéreront que l'enseignement a pour objectif de former des consommateurs et des exécutants dociles, seront incapables de rehausser le niveau scolaire du plus grand nombre. Le « choc des savoirs », qu'on soit pour ou contre, n'est qu'une formule creuse qui dissimule l'inaction, voire la régression. C'est peut-être un épouvantail pour la gauche, mais c'est surtout un leurre destiné à faire illusion.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

14 commentaires

  1. Nos dirigeants, c’est à dire nos « élites », n’ont aucune envie d’instruire la classe ouvrière et par là, faire fonctionner l’ascenseur social, comme dans les années 1950. Ces riches, sont assez nombreux actuellement, pour gérer les richesses sans partage. Les « sans dents » ne sont que des gêneurs, qu’il faut écarter, libéraliser les drogues est un bon moyen, pour détruire tout ce qui fait une société structurée et solidaire. Un drogué est une épave.

  2. Jules Ferry et quelques autres doivent se retourner dans leur tombe en constatant où ont mené les syndicats avec « l’école unique » et autres fadaises en vigueur sous l’influence d’une gauche indigne. Tout le système est méthodiquement tiré vers le bas.

  3. Voici ce qu’on lit sur le site officiel du Ministère de l’éducation nationale :  » Lors de son discours de la Bibliothèque nationale de France, le 5 octobre 2023, Gabriel Attal, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a annoncé sa volonté de mettre en œuvre un Choc des savoirs pour élever le niveau de l’école »: une longue lettre au Père Noël pleine vœux pieux et de mots creux… Ce blablabla ridicule du  »choc » avait déjà été utilisés par Hollande avec les piteux résultats qu’on a vus : mauvaise pioche d’Attal.

  4. il sont pas un peu mégalo ces syndicats pour qui la « réussite »des jeunes passe par eux. Désolé des les ramener à la réalité, énormément de gens réussissent dans la vie sans avoir fait d’étude. c’est une révélation brutale pour eux mais c’est la réalité.

  5. La méthode infaillible pour torpiller un pays est de stériliser les forces vives de sa jeunesse…nous y voilà.

    • Les forces vives de la jeunesse ne sont pas stérilisées, pire: elles sont endoctrinées! A six ans , c’est un enfant qui entre à l’école. A dix ans , c’est un provocateur. A quatorze, c’est un militant. Voilà l’évolution à laquelle la gauche enseignante et ses syndicats sont attachés, un parcours qui assure à ces idéologues les troupes dont ils ont besoin pour mener la révolte permanente, un sous-produit de l’utopie révolutionnaire autrefois théorisée par Bakounine.

  6. Il me semble qu’à l’époque « de cette école passéiste et conservatrice », la France n’était pas en queue de classement pisa ? Mais il semblerait que pour certains gochos, il faut systématiquement détruire ce qui fonctionne et tout ça, pour des motifs idéologiques ? Autre avantage de cette école passéiste : j’étais scolarisée dans les années 1960 dans une région où il y avait énormément d’immigrés : italiens, polonais, portugais, etc. Malgré la présence importante de cette immigration récente et un pourcentage de parfois 50 % d’immigrés par classe, l’illettrisme était au plus bas en France durant cette période. Comment expliquer ses bons résultats et pourquoi vouloir renoncer à cet méthodes qui ont prouvé leur efficacité ? Où est donc l’intérêt des élèves dans toutes ces magouilles ?

  7. L’enseignement, la police, l’armée,la médecine, les sciences, n’attirent plus notre jeunesse qui préfère l’argent facile. Influenceurs, footballeurs,dealers, chanteurs sont les métiers préférés des français . Mais quand il n’y aura plus d’argent dans les portefeuilles dans un pays à 3000 milliards de dette même ces jobs n’auront plus la côte. On appelle cela la décadence qui mène au chaos.

  8. Il fut un temps, heureux, où l’école s’arrêtait à 14 ans pour certains auxquels il était proposé l’apprentissage d’un métier manuel bénéfique pour le jeune comme pour la société, où l’industrie était florissante. Oui, mais voilà des polititocards de la pointure de ceux qui nous gouvernent en ce moment, sont passé pas là, détruisant le tissu industriel et économique du pays en voulant, quel qu’en soit le prix, faire de nos enfants des intellectuels, de gauche de préférence. Et ce qui devait se produire se déroule sous nos yeux : la faillite de l’enseignement et le déclin inexorable de la société vers un tiers-mondisme qui ne dit pas son nom.

  9. « Le choc des savoirs » que de grands mots ! Que de vains mots ! Même l’épouse de notre président, lors d’une interview, pourtant prof de français ne connaissait rien en propositions coordonnées ou propositions indépendantes ….. avec leur idéologie, les enfants en paient le prix fort contrairement aux élèves qui sont dans des établissements privés où l’exigence, la rigueur , le respect du règlement. Intérieur sont imposés

  10. Un suicide . Mettre tous ces élèves ensemble c’est encore faire baisser le niveau . Abêtir les gens pour mieux les manipuler est une chose mais ne pas oublier que dans ce pays , le peu d’entreprise qui reste , ne pourra plus trouver de main d’oeuvre compétente . Et n’oublions pas combien de savants , d’ingénieurs , combien d’inventions dans de nombreux domaines , sans oublier les progrès en médecine sont dû à ce pays . De plus il y a une catégorie de la population qui refuse notre enseignement , notre histoire , notre langue , notre culture nous ne pouvons pas accepter que nos enfants en patissent et subissent .

  11. L’égalitarisme à marche forcée n’amène que le nivellement par le bas. Chacun veut le meilleur pour ses enfants ce qui est bien légitime mais comment rassembler un enfant bien dans sa scolarité avec un autre qui n’a que 200 mots de vocabulaire, lobotomisés aux réseaux sociaux ou politisés avant que de savoir écrire correctement, ou encore comprenant à peine la langue ? Qu’on m’explique ?!? De tous temps il y a eu des gens brillants et d’autres plus manuels, de plus en plus recherchés désormais, démontre qu’il y a de la place pour tous à condition qu’il y ait l’envie. Te cognosco !

  12. C’est trop tard !
    Il faut abattre l’Abrutissement National !
    Et tout recommencer à zéro, sans les gauchistes !

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