Présidentielles et Éducation : François Fillon (Les Républicains)

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Le programme éducatif de François Fillon est clair, cohérent, efficace, solidement construit et même agréable à lire. On voit bien l’homme professionnel qui connaît et maîtrise son sujet. Mais c’est aussi ce qui peut inquiéter.

Outre que l’on se souvient de la réforme Fillon de 2005 pour l’Éducation et de la mise en place de l’inquiétant « socle commun de connaissances et de compétences », ou encore de l’insertion au primaire de l’enseignement d’une langue vivante, il semble que l’actuel projet de M. Fillon veuille poursuivre et approfondir le travail engagé : cela dénote donc de la cohérence et de la constance, certes, mais pourrait également relever de l’obstination. En effet, si l’on ne peut que se féliciter de la proposition d’abrogation de l’actuelle réforme du collège, de "l’approfondissement des fondamentaux (français et mathématiques, sciences et histoire-géographie)", du retour des classes bilangues et européennes étendues à toutes les académies et de la consolidation de l’enseignement de l’allemand ainsi que du rétablissement des enseignements de latin et de grec, on peut, en revanche, craindre que ces mesures ne soient contrebalancées (ou ne servent qu’à justifier ?) une généralisation du numérique (notamment au collège), une dilution plus poussée des intérêts nationaux dans des intérêts européens ou internationaux et une obligation de temps de service plus élevé mais sans réelle compensation financière équivalente.

Ainsi, dans le discours introducteur de la partie « éducation » du site de campagne, on peut lire : "[…] l’éducation vise aussi une ouverture au monde, une insertion dans la société du numérique […]." Nous retrouvons là, à mots couverts, les intérêts extra-français, pour ne pas dire outre-atlantistes, de M. Fillon qui prétend rester dans l’Union européenne et dans la zone euro. Mais l’on voit bien, aujourd’hui, que ces deux institutions ne font qu’étouffer les États en les privant peu à peu de toute souveraineté : une simple promesse de revisiter les institutions européennes ne peut vraisemblablement pas suffire à couper la corde qui nous pend…

C’est d’ailleurs ce qu’il faut comprendre dans le titre de la sixième proposition "Renforcer la formation, la rémunération et la présence des enseignants dans l’établissement" : les enseignants certifiés à temps complet font actuellement 18 heures devant élèves, ce qui est considéré comme une base de travail de 36 heures par semaine car il faut ajouter à ces horaires la préparation des cours, la correction des copies, les éventuels échanges avec les parents, les réunions pédagogiques diverses, les conseils de classe, les sorties scolaires. Les soirées, les fins de semaine et les vacances sont très vite remplies ! Mais M. Fillon nous dit que nous n’en faisons pas assez : il est, pour certains d’entre nous, plus rentable de corriger des copies et de préparer des cours à domicile (ne nous incite-t-on pas de plus en plus à travailler par le numérique ?) que de rester dans l’établissement. Par ailleurs, opérer des surveillances ou des heures d’aide aux devoirs nous empêche de faire les préparations de cours et corrections nécessaires. Cela augmentera donc considérablement notre temps de travail dans l’établissement et ne fera que repousser notre temps de travail au domicile. Mais, si le premier sera rémunéré, le dernier, en revanche, ne le sera apparemment pas. Nous travaillerons donc plus pour gagner moins et cette perspective ne concerne pas seulement le monde de l’éducation…

Bertrand Dunouau
Bertrand Dunouau
Professeur certifié de Lettres Classiques

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