Pour obliger la France à son rapatriement, la mère d’une djihadiste entame une grève de la faim

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C’est une histoire affreuse, une affreuse histoire même, pour laquelle une association — le CAFFES — interpelle aujourd’hui l’épouse du Président.

Il se fait le porte-voix d’une mère éplorée qui réclame, depuis un an, le rapatriement de sa fille et de ses petits-enfants détenus dans un camp contrôlé par les Kurdes au nord de la Syrie. Cette jeune femme, âgée de 32 ans, souffre d’un cancer très avancé pour lequel elle ne peut évidemment recevoir de soins là où elle se trouve. Ses enfants sont eux aussi malades, « aucun d'eux n'a d'accès aux soins nécessaires et une intervention chirurgicale sur place reviendrait, là encore, réduire les chances de survie de [cette femme], l'hygiène et les conditions de vie étant plus que médiocres, comme vous le savez très certainement », dit la présidente de l’association dans sa lettre à Brigitte Macron.

Les demandes de rapatriement qui se succèdent depuis un an restant jusqu’ici lettre morte, la mère de cette jeune femme vient d’entamer une grève de la faim pour faire pression sur l’État.

Tout cela est triste. Sordide. Inhumain. On peut égrener les adjectifs à l’infini pour décrire la douleur de cette grand-mère devant la situation dramatique de sa progéniture. Le CAFFES n’a plus comme solution que d’émouvoir la première dame : « Mme Pascale Descamps souhaite simplement pouvoir prendre sa fille dans ses bras et l'accompagner avant que celle-ci ne succombe à la maladie en laissant quatre orphelins. Elle n'est pas dangereuse, ses petits non plus. »

Avant d’être cancéreuse en phase quasi terminale, la fille de Pascale Descamps a fait un choix : celui de quitter la France, en 2015, pour rejoindre l’État islamique. Convertie à l’islam, elle est partie avec son mari djihadiste et ses trois enfants. Son époux ayant été tué quelques mois plus tard, elle s’est remariée à un autre membre du groupe État islamique dont elle a eu son quatrième enfant avant que le père ne soit, lui aussi, tué au combat.

Quand cette famille est partie, en 2015, la guerre civile faisait déjà rage depuis quatre ans sur le sol syrien. Ils ne partaient pas vers une terre vierge, la tête pleine de rêves ensoleillés. Tout le monde occidental savait ce qu’il en était de l’État islamique, de sa vision du monde et de ses ambitions, à savoir réduire les peuples « libres » sous la férule islamiste. Ces gens-là ont fait un choix en connaissance de cause.

Depuis un an, Pascale Descamps, ses avocats et le CAFFES remuent ciel et terre pour le rapatriement des djihadistes détenus au camp de Roj 2. Le Figaro rappelle que, mi-décembre, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a demandé à la France de « prendre les mesures nécessaires » pour le rapatriement de la famille Descamps. Demande sans réponse pour l’instant, la France – qui a déjà rapatrié 35 enfants – se réservant le droit d’étudier les cas un à un.

Les petits-enfants de Pascale Descamps (une fille de 11 ans et trois garçons âgés de 2, 6 et 8 ans) vivent « dans des conditions inhumaines », dit leur grand-mère. Elle demande leur garde pour « les élever dans les valeurs de la République ». « Je souhaite qu'ils aillent à l'école. Ils veulent une vie normale », dit-elle. On veut bien la croire.

Braquer les projecteurs sur cette histoire particulière revient à offrir aux âmes sensibles de quoi épancher leur cœur débordant d’amour, mais c’est faire fi, une fois de plus, de la responsabilité individuelle. Lorsque la famille Descamps junior est partie en Syrie, la mère n’a pas voulu savoir si ses enfants voulaient « une vie normale », avec des jeux, des rires, de la musique et du Nutella™ sur leur tartine du matin.

On en convient tous, cette histoire est affreuse. Cependant, elle a l’avantage de mettre en lumière une carence de nos sociétés contemporaines : plus personne ne veut assumer les conséquences de ses choix de vie !

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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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