Un récent article du Monde révèle que les fonds envoyés annuellement par les migrants et leur diaspora dans leur pays d’origine devraient s’élever à 500 milliards d’euros, dépassant ainsi les investissements directs des entreprises étrangères dans les pays « à bas et moyens revenus ».

Occasion, pour le journal chef d’orchestre de la bien-pensance, d’agiter l’encensoir : « Ils prennent les risques que d’autres investisseurs ou entreprises étrangères n’osent prendre », « ces migrants sont également de plus en plus qualifiés » et sont source de « transferts de compétences, de savoirs, d’idées et de valeurs » vers le pays d’origine. Pour illustrer ce joli conte de Noël, l’article s’ouvre sur le cas d’un Malien, « élégant trentenaire, chemise blanche, costume noir, […] fils de migrant qui a grandi dans le Val-d’Oise », qui a ouvert au pays un magasin Apple. Et n’a donc plus rien d’un immigré…

On voit ici la tromperie consistant à confondre à dessein l’immigré (de plus ou moins fraîche date), sa descendance née et élevée en France, et le « migrant », terme que chacun associe plutôt aux passagers des coques de noix recueillis sur rendez-vous par les associations à quelques encablures des côtes libyennes.

L’article révèle d’ailleurs que les cinq plus grands bénéficiaires de ces transferts massifs sont l’Inde, la Chine, le Mexique, les Philippines et l’Égypte, et que la Banque mondiale a calculé que ces fonds envoyés par la diaspora avaient permis de faire reculer la pauvreté de 4 points de pourcentage au Népal, de 10 points au Bangladesh et de 11 points en Ouganda… Pays dont on conviendra qu’ils ont assez peu de liens post-coloniaux avec le nôtre !

Quel point commun, d’ailleurs, entre le bistrotier chinois qui a racheté le zinc d’un bougnat (avec des fonds dont nous préférons ne pas connaître l’origine) et le faux mineur éthiopien pris en charge à grands frais par nos conseils départementaux ?

Mais c’est égal, Le Monde illustre l’action vertueuse des « migrants » par leur soutien à l’organisation à Paris, ce printemps, de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme : « À chaque personne qui tombe malade, c’est à nous qu’on demande de l’aide, alors mieux vaut prévenir que guérir, c’est la mission de service public de la diaspora. » Oubliant que, précisément, nos médecins militaires avaient réussi à éradiquer quasi complètement la maladie de l’ancienne Afrique française.

Mais l’essentiel de l’équivalent de ses neuf pages A4 (12.000 caractères !) n’est-il pas, pour le journal, d’injecter de façon subliminale dans les cerveaux disponibles que le migrant, après avoir été une chance pour la France, l’est aussi pour son pays d’origine ?

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17 décembre 2019 à 19:54

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