Dupond-Moretti : un garde des Sceaux aux leçons de morale atypiques

Dupond-Moretti
Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 13/06/2021.

On ne présente plus Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice depuis 2020. Celui qui s'illustre, depuis le début de son ministère, par une gestion bien à lui des prisons françaises n'est pas demeuré en reste pour les débats sociétaux qui ont agité l'Assemblée nationale, ces dernières années. L'occasion, pour lui, de dispenser de petites leçons de morale bien senties, comme ce fut le cas lors du vote sur la PMA en 2021. 

La petite phrase est passée quasiment inaperçue. La scène se passe à l’Assemblée nationale, durant le vote sur la PMA. Éric Dupond-Moretti évoque, dans une de ces envolées lyriques qu’on lui connaît, la filiation et, d’un coup, lâche : « Il y a plusieurs morales, elles coexistent, elles se superposent. » Et de rajouter : « Je respecte la vôtre, mais respectez celle de ceux qui pensent au fond autrement. »

Ah, d’accord. Cela donne le vertige.

À chacun sa vérité, disait Pirandello. À chacun sa morale, renchérit Dupond-Moretti, figure allégorique vivante, et même parfois vociférante, du relativisme.

Tout aussi respectables, donc. Je dois tolérer ta morale, et toi la mienne. Pour rendre la justice, ça va être coton. Et justement, monsieur est garde des Sceaux. Pour ce procès, quel curseur, quel référentiel ? Celui de la victime ou celui de l’assassin ? Où est le bien, où est le mal ? On tire au sort ou on se met d’accord ? Autant de Codes civils que de morales, on le choisit sur un cintre le matin comme on change de costume ? Car c’est au nom de leur morale - autre que la nôtre, mais il faut la « respecter », n’est-ce pas, la laisser « coexister », « se superposer » — que certains tuent leur sœur parce qu’elle a entaché l’honneur de leur famille ou égorgent des infidèles.

Il est beaucoup de voleurs qui se prennent pour Robin des bois : leurs larcins réparent, selon eux, des inégalités sociales. Notamment celle - charité bien ordonnée commençant par soi-même - qui les a faits moins fortunés que d'autres, si outrageusement gâtés par la vie. Et si l’on va par là, rappelons que pour Damien Tarel, celui qui a giflé le président de la république, « Emmanuel Macron représente la déchéance de notre pays ». Son geste était donc sincère et, de son point de vue, légitime. Il est quand même aujourd’hui en prison. Comprenne qui pourra.

Il est, d'ailleurs, une morale que l'on ne relativise pas, c’est celle qui touche à l’extrême droite. Celle-ci est vile, détestable et même moche, voire effrayante puisque, incarnation du mal, elle a des pattes griffues et une face grimaçante. « Satanique », dit Gérald Darmanin, tel Torquemada, à propos du RN.

Foin du respect, de la coexistence et de la superposition. Il n’est même plus question de juger mais d'exorciser. On ne transige pas avec LA morale, répètent-ils, soudain, à l'envi. Cette fois, vous noterez qu'il n'y en a qu'une. Le relativisme bienveillant, c'est bien connu, s'arrête où commence la politique.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:15.
Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

12 commentaires

  1. Puisque les morales se superposent (il faut être sacrément inculte, voire bien pire, pour oser prononcer de telles âneries), elles ne co-existent donc que par domination…
    Et si c’est la mienne qui domine parce que j’ai eu le piston du pouvoir, la tienne, coco, tu vous où je me la mets?! Mais quel scandale, ces prétendus dirigeants !

  2. Nul n’est au-dessus des lois, qu’il dit! Ca fait quand même plus de deux ans qu’il a été mis en examen sans qu’il se passe rien, et qu’il doit passer devant la cour de justice de la république…à Pâques ou à la Trinité….ou la Saint Glinglin.

  3. La harangue du juge Baudot a fourvoyé complètement la définition du mot Justice et corrompu l’idéal sécuritaire. . Les syndicats de la magistrature majoritairement gauchistes sont des fanatiques adeptes de ce qui est devenu une secte. Une secte portant aux nues les criminels et diabolisant leurs victimes et la police chargée de protéger la population désirant vivre en paix. On voit tous les jours des multi récidivistes commettre de nouvelles exactions grâce aux juges qui les libèrent avant la complète exécution de leur peine. Mais bien sûr personne n’est responsable ce qui est totalement injuste. Les juges ne sont jamais responsables de leurs inepties parfois criminelles. Il faut que ça change sinon les Français rendront LEUR justice eux-mêmes. Leur ministre le sait bien mais lui bénéficie d’une protection spéciale de cette Police dont il ne veut pas entendre parler. Le bal des faux-culs bat son plein.

  4. Un avocat a forcément une morale élastique pour justifier à tout prix la cause de ses clients. Il triomphe lorsqu’il a réussi à innocenter un coupable. Dupont Moretti est un très bon avocat. Il ne faut donc pas s’étonner. Est-il à sa place comme garant de la Justice : c’est la logique macronienne qui nomme un Pap Ndyaye et maintient une Abdul Malak. Les Français ne comprennent pas bien cette logique et ruent quelque peu dans les brancards. On en a encore pour quatre ans.

  5. Déjà, de le nommer ministre de la justice était une erreur, mais l’y maintenir, c’est une faute, il correspond bien au reste de la bande à Jupiter. Pauvre France!

  6. La photographie en tête d’article illustre bien la « face grimaçante et satanique » que vous dites.

    • Pensez vous? Ce doit être la fatigue, car je l’ai vu sur d’autres photos aves un visage de chérubin. Ou alors la photo avait été retouchée?????

  7. Rappelons que le « relativisme bienveillant » de M. Dupont-Moretti s’arrête où commence ce qui n’est pas « sa » politique et…au « bras d’honneur » !

  8. Ce triste personnage qui selon ses dire rechignait à toute vue sur un gouvernement nous a d’emblée prouvé lors de sa première visite dans une prison dés sa prise de fonction prouvé par les rapports qu’il a avec les prévenus.

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