Le gouvernement présentera en Conseil des ministres, le 9 décembre, un projet de loi confortant les principes républicains, alors que l'intitulé initial devait concerner le renforcement de la laïcité et la lutte contre le séparatisme islamiste. C'est un aveu de faiblesse et de renoncement. Les objectifs affichés d'affermissement de la laïcité-civilité et de contrôle du financement des associations cultuelles musulmanes seront difficiles à atteindre sans une volonté farouche d'agir, totalement absente dans l'exécutif actuel.

Le projet de loi vise à faire respecter la laïcité et la neutralité dans les services publics ou dans les organismes responsables de l'exécution d'un service public en interdisant aux membres de ces services de manifester leurs opinions ou leurs convictions religieuses et en les obligeant à traiter de façon égale toutes les personnes. On voit bien les comportements de « civilité » qui sont ainsi visés, comme les réflexions sur la tenue des femmes ou encore le refus de leur serrer la main, etc. Il s'agit également d'exercer la surveillance de la neutralité des collectivités territoriales ou des établissements publics locaux par les préfets, qui pourront saisir le juge administratif contre des décisions enfreignant la règle et procéder à des suspensions de ces décisions. L'interprétation laxiste de la neutralité et de la laïcité par les juridictions administratives s'imposera et, en la matière, ce n'est plus le pouvoir politique qui a la main.

Ainsi, ce projet de loi ne règle pas les problématiques que chacun observe dans sa vie de tous les jours, comme le port du voile islamique et autres attributs, rejetés par une très grosse majorité des Français selon tous les sondages sur le sujet et qui doivent être interdits dans l'espace public, à l'université et dans l’entreprise. Affermir la laïcité est un excellent angle d'attaque contre le séparatisme islamiste, mais la discrétion et la neutralité religieuse s'imposent aujourd'hui dans l'espace public. Le gouvernement ne veut pas suivre la volonté des Français qui sont inquiets pour la laïcité à cause de la trop grande visibilité et de l'envahissement de l'espace public par l'islam.

Le second objectif est de contrôler les associations cultuelles musulmanes en favorisant leur financement. Dans la tradition musulmane, le monde est initialement divisé en seulement deux parties : le Dar al-islam, ou « domaine de la soumission à Dieu », et le Dar al-harb, le « domaine de la guerre de conquête ». Disons le tout net : la France n'a pas vocation à entrer dans le Dar al-islam et devenir une société confessionnelle, ni même multiculturelle, ce serait faire insulte à notre Histoire. Aucun coup de pouce, y compris financier, n'a donc à être donné dans ce sens, au nom de la liberté religieuse. Mais Emmanuel Macron tient absolument à faciliter le financement de l'islam en France tout en contrôlant celui-ci. La réforme envisagée vise essentiellement à permettre, et non imposer, aux associations cultuelles musulmanes d’élargir leurs sources de revenus (loyers immobiliers) en contrepartie d'un contrôle de leurs autres ressources financières (dons de particuliers, dons étrangers supérieurs à 10.000 euros). L'interdiction de ce financement étranger significatif d'une volonté d'influence et d'ingérence sur notre territoire aurait dû s'imposer, assorti d'un contrôle strict et de sanctions sévères. On sait que l'islamisme est plus riche que l'islam et que son financement est aujourd'hui lié aux réseaux criminels de nos quartiers et zones de non-droit. Tant que ces zones n'auront pas été assainies et reconquises, pas sûr que les principes républicains soient ainsi confortés.

Les débats parlementaires devraient être animés, ce texte touchant à de nombreuses libertés. Mais le principal sera la volonté de mettre en œuvre cette loi, et on peut en douter car, alors, pourquoi avoir attendu l’assassinat de Samuel Paty pour dissoudre Barakacity, que Gérald Darmanin a définie comme « association qui incitait à la haine, entretenait des relations au sein de la mouvance islamiste radicale et banalisait les actes terroristes » ? Et pourquoi attendre encore pour dissoudre l'association les « Musulmans de France », ex-UOIF, bras armé des Frères musulmans en France au travers de Qatar Charity, la plus puissante ONG de l’émirat ?

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06 décembre 2020 à 10:18

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