Aurélien Taché, mirliflore issu du PS qui fit une escale à LREM – il fut précurseur éclairé en macronisme –, ne sait plus trop bien quoi inventer pour se rendre intéressant. Ainsi, ce jeudi 19 novembre, a-t-il estimé, sur CNews, au sujet des dispositions portant sur la polygamie contenues dans le projet de loi contre le séparatisme, que cette pratique ne relevait jamais que « d’un mode de vie différent ».

Fondamentalement, ce n’est pas faux. L’excision et l’anthropophagie sont, elles aussi, des « modes de vie différents ». Tout comme la chasse à courre et la corrida, assez « différentes » du « mode de vie » de ses amis écologistes ; ce qui n’empêche d’ailleurs pas ces derniers de vouloir les interdire. Au nom du respect des différences ? Bref, poursuit-il, « la société française est plurielle et diverse ». Encore un que l’imagination ne risque pas de tuer, tant l’argument n’avait que peu servi jusqu’alors.

Et le même d’assener : « On va maintenant regarder combien il y a de personnes sous la couette ? » Là, dans son ignorance encyclopédique, Aurélien Taché confond un peu échangistes et islamistes. On notera, au passage, qu’il n’en est pas à son galop d’essai, s’étant déjà pris les pieds dans le tapis volant en 2019, sur France 5, à propos du voile islamique : « Vous me posez la question pour une jeune fille de douze ans qui porterait le voile et serait élevée dans une famille musulmane. Est-ce que vous me poseriez la question sur une famille catholique, une jeune fille à qui l’on mettrait un serre-tête ? » Ce à quoi Marlène Schiappa, pourtant féministe de progrès, avait répondu, dans un subit et inespéré accès de bon sens : « Aucune femme dans le monde ne sera lapidée parce qu’elle ne porte pas un serre-tête ! » Il est un fait que…

Mais il est vrai que ce sémillant jeune homme, s’il n’aime évidemment pas les gens de droite, peine encore à apprécier ceux de gauche, tel qu’en témoigne son ressentiment à l’égard de Manuel Valls et Caroline Fourest. L’arrivée du premier à Matignon a été, pour lui, « très compliquée », tandis qu’il reprochait à la seconde sa tiédeur vis-à-vis des théories indigénistes. À l’en croire, la peste brune commencerait donc à ces deux personnes et à leurs proches environs. Ce qui est bien, avec Aurélien Taché, c’est que tout devient simple : il y a lui qui pense bien et les autres qui pensent mal. Une manière inédite de concevoir la « diversité », notera-t-on.

À son propos, L’Obs écrivait, il y a deux ans : « De par son parcours singulier, ses idées propres et son franc-parler, le jeune parlementaire s’est forgé une réputation d’homme libre… et parfois clivant. »

Quoi qu’il en soit, on est en droit de se demander comment et pourquoi un Aurélien Taché paraît si béat devant ces « modes de vie différents » alors que, dans les sociétés régies par ces derniers, tout n'est pas enviable pour tout le monde. À moins d’imaginer qu’en terre musulmane, les chaires universitaires consacrées aux gender studies et autres avancées sociétales auxquelles il semble si attaché y soient mises sur le même pied d’égalité que celles des sciences coraniques, et que la Gay Pride y soit autant à l’honneur que la prière du vendredi ; toutes choses que l’on ne saurait, par ailleurs, reprocher aux dites sociétés.

Récemment, Aurélien Taché signait un appel visant à « légaliser le cannabis, qu’il soit utilisé à des fins thérapeutiques comme récréatives ». Manifestement, notre anthropologue du dimanche aurait plutôt une fâcheuse tendance à abuser des récréations.

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20 novembre 2020 à 20:45

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