En réactions aux stupides procédures comminatoires mises en œuvre par la Commission européenne, dirigée par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, à l’encontre de l’actuel gouvernement conservateur polonais, on aurait envie de lancer, paraphrasant Pompidou : "Cessez d’emm… les États européens."

Le mastodonte de Bruxelles reproche à la Pologne de porter atteinte à l’indépendance de la Justice et à la séparation des pouvoirs et, partant, de violer les "valeurs européennes", aux contours et au contenu aussi flous et incertains que, chez nous, les non moins dogmatiques et insipides "valeurs républicaines".

Selon la Commission, "l’appareil judiciaire du pays [serait] à présent sous le contrôle politique de la majorité" PiS (parti Droit et Justice). D’abord, les quinze membres du Conseil supérieur de la magistrature polonais seraient dorénavant nommés directement par le pouvoir ; ensuite, les membres de la Cour suprême âgés de plus de 65 ans seraient congédiés, permettant, en l’espèce un renouvellement de fond en comble de l’institution.

Mais, au regard des standards européens, est-on si exemplaire que cela de ce côté-ci des Alpes ? Notre Conseil supérieur de la magistrature, en sa formation plénière, comprend six magistrats et huit personnalités extérieures, dont pas moins de six désignés par le président de la République, le président de l’Assemblée nationale et le président du Sénat.

Quant au renvoi des magistrats de la Cour suprême atteints par la limite d’âge, il n’est guère plus scandaleux, en soi, que notre loi organique n°2010-1341 du 10 novembre 2010 relative à la limite d’âge de magistrats de l’ordre judiciaire qui fixe celui-ci à 67 ans.

Bref, la Commission s’agite pour rien et la Pologne peut bien toiser, goguenarde, ce géant aux pieds d’argile spécialisé dans l’intoxication orwellienne de l’opinion publique européenne. Pour dire les choses autrement, il ne se passe rien de dangereux pour les libertés publiques polonaises, contrairement à ce que s’obstine à nous faire croire une presse stipendiée qui, sous couvert de pluralisme revendiqué, n’a rien à envier aux journaux d’État de l’ex-Union soviétique, par son unanimisme d’essence proprement totalitaire.

Ainsi, l’inoxydable Jean Quatremer invente-t-il le terme "démocrature" ("Bruxelles sermonne la démocrature polonaise", Libération, 20 décembre) pour disqualifier sciemment le fait que la Pologne réponde pourtant indéniablement aux canons de la démocratie et de l’État de droit tels que fixés, notamment, par le Conseil de l’Europe. Quant au Monde (21 décembre), il affirme, sans rire, cette grossière contre-vérité : "En Pologne, la justice s’exerce sous contrôle politique.". Ne parlons pas des Inrocks (21 décembre), qui titrent, eux non plus sans crainte du ridicule : "Face aux dérives de l'État de droit en Pologne, l'UE passe à l’action." Ou des Échos (10 décembre) annonçant : "Le Parlement adopte des lois controversées sur la justice."

Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, observe une ancienne sagesse populaire. N’oublions pas que la Pologne fait partie du groupe de Visegrád (avec la Hongrie, la Tchéquie et la Slovaquie, bientôt, peut-être, rejointe par l’Autriche du jeune et sémillant nouveau Premier ministre (chancelier fédéral) conservateur Sebastian Kurz) qui, en dépit des différences culturelles de ses membres, parvient à les fédérer autour de la cruciale question du tsunami migratoire qui s’abat sur l’Europe depuis 2015.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:50.

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21 décembre 2017 à 21:33

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