[Point de vue] Pourquoi le nouveau partenariat Afrique-France de Macron n’aura tenu que cinq jours

Macron

Nous étions nombreux à applaudir le Président Emmanuel Macron, le 2 mars, lorsqu'il a affirmé dans son discours prononcé au Gabon que « l’âge de la Françafrique est révolu », rajoutant que la France serait désormais un « interlocuteur neutre » en Afrique. Le locataire du Palais était déjà allé jusqu'à prôner « l'humilité » dans la relation avec le continent africain, dans un discours prononcé le 27 février depuis l'Élysée.

Deux jours plus tard, Emmanuel Macron, en visite en République démocratique du Congo (RDC), prononce la phrase la plus condescendante jamais entendue de la bouche d'un chef d'État : « Vous n’avez jamais été capable de restaurer la souveraineté de votre pays. Il ne faut pas chercher des coupables à l’extérieur. »

C'était pendant la conférence de presse tenue conjointement avec Félix Tshisekedi, le président de la RDC.
Mais quelle mouche a donc piqué notre Jupiter pour oser une telle leçon à des citoyens d'un pays indépendant ?
Pour rappel, le conflit armé en RDC tire ses origines des conséquences de la guerre civile rwandaise, qui aura conduit au génocide des populations tutsies. Cette guerre, dans laquelle les autorités de l'ex-Zaïre (actuel RDC) ont été accusées de soutien aux génocidaires hutus en facilitant leurs incursions au Rwanda depuis des bases situées dans l'est de la RDC. C'est donc dans l'objectif de lutter contre ces crimes que, avec l'assentiment de la communauté internationale, le Rwanda et l'Ouganda s'allient avec les Banyamulenge, des Tutsis congolais persécutés et marginalisés et des opposants à Mobutu, dont Laurent-Désiré Kabila, pour combattre les autorités en place au Zaïre et renverser le président Mobutu en mai 1997.
Depuis cette période, rien ne va plus en RDC parce que, entre-temps, les évolutions technologiques ont permis de mettre en avant de nouvelles sources énergétiques nécessaires à notre mode de consommation (écran plat haute définition, LED, batteries de téléphones portables et de véhicules électriques) alimentées par des matières premières telles que le lithium et le coltan. Les entreprises européennes, américaines, chinoises et indiennes se sont jetées sur le « malade » pour exploiter au maximum les ressources de la RDC, certaines n'hésitant pas à armer directement ou indirectement des milices, voire à participer à de scabreuses opérations de corruption connues de tous.
La souveraineté de la RDC était de facto mise à mal parce que ce pays est un véritable trésor géologique dont tout le monde veut profiter.
Est-ce qu'il faut rappeler qu'au début des années 2000, la décision d'un embargo sur la fourniture d'armes à la RDC a été prise par l'ONU ? Est-ce nécessaire de rappeler que ce blocus a permis à des Etats voisins de l'ex-Zaïre, comme le Rwanda, de devenir des puissances militaires, en profitant de la situation de fragilisation inhérente aux guerres civiles, interethniques, religieuses et surtout aux crises politiques ? Kigali est devenue incontournable avec un président, Paul Kagamé, qui avait mis l'Occident à sa botte en surfant sur le génocide dans son pays, devenant au passage un partenaire privilégié de l'Union européenne et de la France.
Depuis toujours, le Rwanda est accusé - et cela a été reconnu par l'ONU après une récente enquête - de soutenir les rebelles du M23 qui participent à la lutte armée dans l'est de la RDC, déstabilisant cette zone riche en matières premières.
Voici donc présenté le contexte ! Mettons-nous un seul moment à la place du Congolais qui entend Emmanuel Macron lui dire qu'il n'a jamais été capable de restaurer la souveraineté dans son pays, où l'étranger a donc un grand rôle. Cette sortie de Macron a logiquement choqué dans l'Hexagone, pas forcément sur le fond puisque les divergences politiques font que les positions des uns et des autres au regard de la situation en RDC divergent, mais surtout sur la forme.
Appeler à l'humilité avec l'Afrique à Paris pour, cinq jours après, faire montre d'une telle condescendance envers Kinshasa ressort bien du « en même temps ». Emmanuel Macron est incorrigible.

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Comme quoi malgré une intelligence très vive on arrive à agir bêtement …parce qu’on est mené par une affectivité encore immature .

  2. Les français (pas les médias) ont eu à une large minorité (élu avec 22%), ont eu besoin d’un deuxième mandat présidentielle pour prendre conscience mensonges après mensonges du désastre annoncé. Mais voilà que (comme le dirait un certain ministre) ce sentiment se répend dans le monde et que toutes les tentatives élyséenne sont vouée à l’échec (comme notre économie il n’a plus de crédits)

  3. Dommage qu’il n’ait pas dit ça en Algérie au lieu d’accuser la France de crime contre l’humanité.

    « l’âge de la Françafrique est révolu », ça doit être pour ça que le budget de l’AFD augmente tout les ans.

  4. « Nous étions nombreux à applaudir le Président Emmanuel Macron, le 2 mars …  » prétend le chroniqueur. Pas moi, en tout cas !

  5. Vieux bonhomme, j’ai connu les gendarmes Katangais, c’était pas mal non plus à l’époque…

  6. Macron fait chaque jour la preuve de son inadaptation au poste de Président. Malgré que cette fonction s’apparente maintenant à un poste de Gouverneur, il ne parvient pas à l’assumer.

  7. Il semble que dans ces échanges il ne fut point question des « Mines de l’Horreur  » là ou quotidiennement 40.000 enfants dès l’âge de 5 ans creusent la terre pour en tirer le cobalt et autres minerais indispensables aux batteries de nos portables, ordinateurs et surtout à celles des voitures du tout électrique si chères à la Macronnie et autres écolo-bobos bcbg. L’esclavage de ces enfants crève-la-faim ne les concernent pas  » ça ne nous regarde pas ! « 

  8. Point fut nécessaire de lâcher les lions, Macron s’est autodétruit lui-même en live à chacune de ses pitreries condescendantes, pathétiques, et grossières à l’égard de ses hôtes et de leur peuple respectif.
    Et la plus grosse claque fut congolaise.
    Et la France dans tout ça ? Humiliée !

    • Oh, non ! Pas la France, ni les français, mais M. Macron soit même et avec lui ses affidés de la macronnie !

  9. En attendant le Président Tunisien, encourage les étrangers, qui sont sur son sol, à quitter le pays. Car il les soupçonne d’avoir l’ambition de remplacer son peuple. Cela me rappelle les propos d’un certain Bourguiba qui conseillait aux Palestiniens de faire des gosses plutôt que la guerre aux Israéliens.

  10. Il a toujours été ridicule : ridicule depuis mai 2017, il creuse, il creuse encore; Le malheur, c’est qu’il prétend nous représenter

    • Détrompez-vous sa prétention est bien plus grande que cela, il représente certes la France mais à travers elle toute l’UE dont il s’est toujours vu comme Président.

  11. Quand ça veut pas, ça veut pas !
    Macron comptait se refaire la cerise en prenant de la hauteur à l’international mais, tout comme les Français, les Congolais n’ont pas compris sa pensée complexe.
    Quant à son humilité, elle doit être rapportée à son génie. Après tout, Mozart n’était pas modeste…

  12. Les relations internationales sont du domaine réservé du président, et il n’y est pas bon. L’Afrique sait à quoi s’en tenir sur lui: quand on aborde les autres avec « humilité » on méconnait sa fonction: un chef d’état traite d’égal à égal. De fait, les dirigeants africain méprisent la France incapable d’investir, et se tournent vers la Chine qui s’implante avec des projets d’investissements XXL.

  13. Macron déconstruit sciemment tout ce qu’a construit la France en plusieurs siècles. Et pourtant le temps est au beau fixe dans les médias et dans la classe politique… Jamais une opposition n’a été aussi minable. Quant aux français, si on enlève la réforme des retraites , ils sont globalement en faveur des décisions de la macronie (approbation du confinement, du pass, de la mise au banc de la Russie, de la glorification du mafieux Zélinsky…). Macron peut continuer tranquillement à détricoter notre pays. Le troupeau suit…

    • Tout est dit. Aux dernières presidentielles, 18,7 millions de Français ont choisi Macron et 13,6 autres millions ont considéré qu’il n’était pas indispensable de se déplacer pour s’opposer à sa réélection. Partant de là, comment lui donner tort de mépriser un peuple qui se manipule et peut être maltraité aussi facilement ?

  14. Le « c’est moi le chef! » est une véritable catastrophe pour a France. Ceux qui le soutiennent font mine de ne pas s’en apercevoir.

    • Parmi mes relations Je connais de bons français qui pour certains ont voté 2 fois pour cet individu et qui parfois m’envoient même par les réseaux sociaux des messages et vidéos profondément anti macron mais qui revoteraient pour «  ça «  une 3eme si MLP était en finale …Ces «  bons français «  ont entre 77 et 85 ans

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