[Point de vue] Pour Denis Podalydès, la victoire du RN est inéluctable

Combien de temps les acteurs et les actrices continueront-ils de se prendre pour des hommes et des femmes politiques ?
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Combien de temps les acteurs et les actrices continueront-ils de se prendre pour des hommes et des femmes politiques ? Malgré la lassitude grandissante de leur public, nul ne le sait. Car après tout, à chacun son boulot. Jean-Marie Le Pen et sa fille, Marine, n’ont jamais expliqué le sien à un Denis Podalydès - pour ne citer que lui. Pourquoi lui ? Tout simplement parce que le même Podalydès Denis vient longuement de s’épancher sur la question, ce 27 septembre, dans l’émission « C dans l’air », sur France 5.

Tel qu’il se doit, l’interprète de Joseph Rouletabille, dans le réjouissant diptyque Le Mystère de la chambre jaune (2003) et Le Parfum de la dame en noir (2005), adapté de Gaston Leroux et mis en scène par son frère Bruno – reproduction des élites versaillaises, quand tu nous tiens –, arbore une mine de circonstance : celle du démocrate indigné, mais un brin distrait.

En effet, quand le journaliste Patrick Cohen lui rappelle, la mine gourmande, une tribune par ses soins signée l’année dernière dans le quotidien Libération et intitulée « Marine Le Pen, maquillage, habillage, mensonges et préservation du fonds sordide », Denis Podalydès ne s’en souvient pas. Comme quoi ce combat d’ordre quasi sacrificiel ne devait pas être si important que ça.

Mais, miracle, le voilà qui se souvient enfin de son texte. Florilège. « On a toujours laissé ce parti prospérer, alors que c’est un parti qui n’a jamais fait son aggiornamento, jamais fait de repentance sur ses propres origines. » Tiens donc, avant de se lancer en politique, il faudrait donc passer par le confessionnal ; curieuse vision des choses pour un acteur n’étant pas exactement connu pour être punaise de sacristie.

Repentance pour tous ?

À ce compte, il faudrait donc que le Parti communiste se fasse pardonner le pacte germano-soviétique, sa résistance tardive et ses tentatives d’épuration sauvage, heureusement contenues par le général de Gaulle. Et que le Parti socialiste en fasse de même, ses augustes devanciers du Front populaire ayant voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain avant que leur successeur, Guy Mollet, n’abandonne la gestion des événements d’Algérie aux seules autorités militaires. Tant qu’à faire, les gaullistes pourraient, eux aussi, se renverser un seau de cendres sur la tête pour avoir menti aux Français sur cette même question algérienne, assurant à ces derniers qu’il ne s’agissait que d’un département français n’ayant pas la moindre vocation à devenir indépendant. Et faire aussi acte de contrition pour ces plus de cent mille harkis, Français par le sang versé, et abandonnés, désarmés, à la vengeance du FLN.

Mais il est à croire qu’à la Comédie-Française, dont Denis Podalydès demeure un sociétaire de premier plan, on enseigne plus à jouer aux pitres télévisuels qu’à ouvrir un manuel d’histoire.

Quitte à radoter, il y avait, certes, quelques vaincus de la Seconde Guerre mondiale, au sein de la fondation du Front national, en 1972. Mais ils étaient une minorité, et tous issus de la gauche, socialiste comme communiste, de François Brigneau en Roland Gaucher, d’André Dufraisse en Victor Barthélemy ; certains ayant fait souche en ce parti et d’autres vite partis. Et le moins qu’on puisse prétendre est qu’un certain Jean-Marie Le Pen, lui-même ancien résistant, ne les a pas toujours tenus en haute estime, tel qu’en témoigne cet entretien accordé au Choc du mois, en juin 2006 : « Je dois admettre que j’ai traîné cette extrême droite comme un véritable boulet. Moi, je préparais l’avenir. Eux, ils étaient là pour tenter de justifier leur passé, imaginant, sans doute, que s’ils parvenaient à réhabiliter leurs erreurs de jeunesse, la droite nationale, de facto, se retrouverait aux portes du pouvoir. Un raisonnement parfaitement idiot. »

Jean-Marie Le Pen, rempart contre l’extrême droite ?

Et c’est d’ailleurs ainsi que le patriarche a remis une certaine « extrême droite », concept politique aux contours des plus flous, dans le droit chemin démocratique, celui des élections, plutôt que du coup de force. On ajoutera aussi qu’à l’époque de l’OAS, le même Jean-Marie Le Pen refuse de cautionner la lutte armée ; ce qui lui vaudra de longues inimitiés au sein de cette mouvance.

Tout cela, Denis Podalydès devrait le savoir, avant de s’introniser spécialiste de la question. Et on lui laissera le mot de la fin : « Pour l’instant, on a l’impression qu’on y va tout droit [une victoire de Marine Le Pen, NDLR] et que rien ne s’y oppose. »

Il n’est pas incongru d’abonder en son sens. Car si cet acteur, plus que brillant par ailleurs, demeure l’ultime rempart contre un envisageable bouleversement élyséen, c’est dire que la partie n’est pas loin d’être gagnée.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

46 commentaires

  1. Le RN n’a jamais été aux affaires. C’est un parti récent ( quelques années ). Républicain ( s’il est battu ensuite, il s’en ira ). Bah ! l’important est de faire parler se soi dans les médias ; dans le « bon » style ( politiquement convenable, paraitre préoccupé etc ).

  2.  » Je ne sais pas ce qu’il faut faire ? » Lire l’histoire, écouter, réfléchir (si possible) puis la boucler, mon petit, en laissant la parole à ceux dont c’est le métier : historiens, philosophes, politistes, qui eux ne jouent pas la comédie. Et la démocratie électorale : tu as entendu parler, mon petit ?

  3. Il devrait aussi se rappeler qu’un certain nombre de ses amis de gauche ont vite fait leurs valises pour partir à Vichy et qu’on a décerné la francisque à Mitterrand, mais comme tous ces gens-là il a une mémoire sélective à moins que ce soit de l’ignorance

  4. Hier, deux collègues (profs) de gauche m’ont dit : « c’est toi (de droite) qui avait raison ». Incroyable! C’est qu’lls commencent a avoir « la trouille » pour eux mêmes, et c’est cela qui désole boboland et qu’exprime Podalydes.

  5. Raz le bol de ces petits bourgeois versaillais et de leur sempiternel disque rayé sur le RN !
    Il est vrai que la soupe culturelle dont vivent ces deux frères, Bruno et Denis, grâce à nos impôts, l’un à la Comédle Française, l’autre dans le cinéma (son dernier film « Waouh » était tellement nul que j’ai abandonné en plein milieu) les obligent à cultiver leur entre-soi de gauche ! Imbuvables !

  6. Que ces gens la, aient une idée à eux sur les sujets de société, c’est leur droit, mais qu’ils se servent de leur « notoriété » réelle ou supposée, pour nous abreuver de leurs idées, c’est exagéré. Ce genre de donneurs de leçons ne sont pas mes maitres à penser, qu’ils s’occupent de leurs affaires. Comme le dit si justement Nicolas Gauthier, quel que soient les partis, ils auraient des choses à se reprocher, s’ils étaient honnêtes, mais quand on se dit de « gôôche », on serait purs. Un proverbe africain dit: si tu veux monter au cocotier, regarde si le fond de ta culotte est propre. Et en l’occurance……….

  7. Y’en a marre de ces intermittents du spectacle (même s’il est, lui, fonctionnaire, étant payé à l’année par de l’argent public) qui se croient obligés de donner leur avis sur la politique en faisant la course à l’échalote de la bien-pensance. A-t-on entendu, il y a 60ans, les Gabin, Fernandel, Brel ou Brassens nous dire qu’ils préfèraient DeGaulle, Mendès-France, Mollet ou Coty ? Un artiste se doit d’être neutre (à la limite, un poil anarchiste) et ne pas prendre position dans le jeu politique.

  8. Tant qu’on mélangera « droite » et « gauche » à tort et à travers, on pédalera dans la choucroute… La droite, élitiste, n’est représentée en France que par E. Macron. Le fascisme, dictature de gauche, comme le communisme, son frère (la gauche, devant imposer le collectivisme, verse dans la dictature) est largement représenté par l’extrême gauche, hélas très présente en France. – – – – – Le reste n’est que charabia.

  9. Encore un je sais tout, un expert en tout qui ne voit pas la dérive de son pays, la France. Effectivement avec la gouvernance aléatoire actuelle c’est à souhaiter qu’un changement radical de politique de droite arrive. Nous sommes au bord du gouffre mais bien sûr derrière les caméras de cinéma on ne voit pas la réalité de la rue.chzcun sa place.

  10. C’est un artiste et il nous fait du théâtre. Il faudrait lui demander de préparer une seconde émission consacrée au thème suivant : les socialistes et le nazisme en France. Autre thème possible : brutalité verbale de la gauche envers les démocrates et patriotes au 21 ème siècle.

  11. Ce monsieur est un acteur , qu’il s’abstienne de faire de la politique il n’y connait rien . Par contre pour les prochaines élections ,RN et Reconquête une union s’impose pour virer tous ces incompétents et donner raison à ce monsieur .

  12. Je ne comprends pas. Ce monsieur affirme que le Rassemblement National est un parti antidémocratique. Mais en quoi ? J’attends sa démonstration, mais rien ne vient. Il assène cela comme une vérité irréfutable, comme une évidence. Le RN a-t-il tenté de renverser la République par les armes ? Les élus RN ont-ils truqué des élections ? Ont-ils contesté le résultat du suffrage universel ? Ont-ils remis en cause la République ? Prônent-ils la sédition, la révolution, la violence envers l’état, les élus de la République ou la police républicaine ? Ont-ils soutenu, approuvé ou encouragé des actions violentes contre l’état et la police ? Ont-ils participé à des manifestations violentes et interdites ? Rien de tout cela à ma connaissance. A dire vrai, on retrouve ce profil non pas de ce côté de l’échiquier politique, mais bien du côté de la gauche mélenchoniste ou du NPA. Ce monsieur me semble bien confus et peu crédible dans son propos, qu’il ne soit pas d’accord avec madame Lepen et sont parti, c’est son droit, mais porter ce genre d’accusation sans preuve relève plus de la diffamation que d’une opinion politique.

  13. En fin de compte ils tous plus à plaindre qu’à blâmer. Laissons-les dans leur ignorance crasse et leur petit confort intellectuel de petits bourgeois mal rasés.

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