[Point de vue] Israël devant la Cour internationale : une inversion des valeurs

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Ces 11 et 12 janvier, Israël est jugé devant la Cour internationale de justice de La Haye. Vous avez bien lu : Israël doit répondre des accusations de génocide. Israël et pas le Hamas, ni le djihad islamique, ni le Hezbollah et encore moins le Qatar ou l’Iran. Alors qu’il a subi, il y a trois mois à peine, un épouvantable pogrom et que 130 de ses ressortissants sont toujours retenus dans les geôles de Gaza, l’État hébreu est traîné devant les tribunaux à la demande de l’Afrique du Sud qui estime que « les actes commis par Israël revêtent un caractère génocidaire car ils s’accompagnent de l’intention spécifique requise de détruire les Palestiniens de Gaza ». Un point de vue partagé dans d’autres pays, comme en Belgique où le vice-Premier ministre Petra De Sutter a affirmé qu’il était temps de « boycotter Israël ».

Alors, certes, cette Cour de justice ne dispose d’aucun pouvoir coercitif et les mesures qu’elle pourrait prendre seraient difficiles à mettre en place en raison du soutien américain dont bénéficie encore Israël, mais cette procédure en dit long sur l’inversion des valeurs qui caractérise notre époque. Les victimes d’aujourd’hui sont traitées de nazis, tandis que leurs agresseurs passent pour des opprimés. Décernons au Hamas le prix Nobel de la paix, tant qu’on y est ! Pourquoi pas ? Certains, à La France insoumise, qualifient déjà l’organisation terroriste de mouvement de « résistance ». Grande conscience de la gauche médiatique, le journaliste Daniel Schneidermann en a fait de même dans un tweet publié le 10 octobre 2023,message supprimé à la hâte. Idem pour Sophie Pommier, invitée régulière de Radio France, qui n’a pas hésité à comparer les tortionnaires islamistes à Jean Moulin.
 
Victimisation et héroïsation du Hamas

Pour une partie de la presse française, les roquettes lancées par le Hamas ne sont jamais que des gestes défensifs, des « ripostes » aux raids aériens menés par l’aviation de l’ogre israélien. Évidemment, c’est en général l’inverse, mais la réalité historique du conflit ne passionne guère les faiseurs d’opinion. Dans l'inconscient d’un journaliste de gauche, le plus fanatique des Palestiniens sera toujours admirable parce qu'il incarne le musulman opprimé, expulsé, victime du Juif israélien prétendument colonial, occidental et, donc, parfaitement détestable. De la même manière que les islamistes qui tuent des Français ne sont jamais considérés totalement comme des bourreaux, les Palestiniens qui éventrent des Israéliens ne sont jamais présentés comme des terroristes. Tout leur est pardonné au nom de leur « droit inaliénable à la résistance ».

La destruction d’Israël, nouvelle grande cause mondiale

La culpabilisation des Israéliens et la victimisation de leurs ennemis ne sont pas sans conséquence. En faisant passer les Palestiniens pour de grands « génocidés » - victimes de « 50 holocaustes », comme le dit Mahmoud Abbas en août 2022 –, en présentant les terroristes expulsés d’Israël comme des « déportés », institutions internationales, organes de presse et responsables politiques rangent les Juifs dans le camp des nazis. Ils les dépouillent de leur statut de victimes et les somment de réprimer tout instinct de survie. « Le dôme d’acier d’Israël sauve des vies mais perpétue en même temps le conflit israélo-palestinien », se lamente ainsi le Washington Post. Le message subliminal est limpide : si les Israéliens voulaient bien se laisser massacrer, ce satané conflit pourrait enfin se terminer.

Ils sont, hélas, nombreux désormais à partager l’objectif du Hamas et à appeler, plus ou moins ouvertement, à la destruction d’Israël. Car c’est bien l’existence même de l’État hébreu qui indigne un certain nombre d’activistes occidentaux. C’est, à leurs yeux, le crime originel, l’abomination à la source de tous les maux. « Le système d’apartheid a trouvé son origine avec la création d’Israël en mai 1948 », déclara ainsi Amnesty International dans un communiqué de presse que l’organisation dut rapidement modifier face au tollé. En dépit des excuses et des dénégations, la revendication implicite de l’ONG demeure évidente : le démantèlement de l’État honni. Voilà l’objectif qu’islamistes et antisionistes tentent de masquer derrière de nobles principes de défense d’une minorité.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

55 commentaires

  1. Mais la Cour Européenne, c’est le donneur d’ordre à Macron, c’est le valet de pied de l’ONU qui nous impose d’accueillir les peuplades tribales et de les laisser vivre à part tout en les finançant, pour qu’elles deviennent des consommateurs qui régalent les les gros groupes financiers mondiaux … Lire le Traite de Marrakech de 2018. Point. Barre.

  2. « cette procédure en dit long sur l’inversion des valeurs qui caractérise notre époque. » Non. Cette procédure en dit long sur l’inversion des valeurs qui caractérise les sphères dirigeantes et notamment l’ONU, gang de terroristes du tiers-monde bavant devant la réussite de l’Occident et les richesses qui en découlent. Cette décadence atteint également ses organisations filles : OMS, UNESCO, sans oublier son fleuron : le GIEC.

  3.  » Il y a trois mois à peine, un épouvantable pogrom et que 130 de ses ressortissants sont toujours retenus dans les geôles de Gaza, l’État hébreu est traîné devant les tribunaux… »
    N’exagérons rien ! 22 ou 23000 morts comment appelez-vous cela ? Chaussez plutôt vos lunettes, cela fait 75 ans que les Palestiniens, ce « bêtes à deux pattes » sont étrillés et massacrés. BdV se déshonore en publiant ce genre d’âneries. Basta

    • Il faut revenir sur les décisions de La Société des Nations ( SDN ) de 1922 et le suivi qu’en a fait L’ONU à sa création en 1945 pour y entrevoir les défauts des ses accords mal ficelés et des décisions jamais appliquées.

    • On se met du côté des massacreurs du Bataclan et des bourreaux d’Oradour. Bravo, ça c’est de l’humanisme.

  4. Je crois que le conflit est trop complexe pour que l’on prenne position pour les uns ou pour les autres. J’aimerais par ailleurs que l’on m’explique pourquoi l’armée israélienne empêche les journalistes occidentaux de voir ce qui se passe à GAZA ? Seuls les journalistes installés là-bas ont a priori la possibilité de témoigner et une soixantaine ont déjà été tués. Des Tribunes ont été créées par la presse (cf témoignage d’Elise LUCET du 06 janvier 2024). Où est l’information digne de ce nom ? Enfin, il ne faut pas confondre le gouvernement israélien avec le peuple israélien, de même qu’il ne faut pas confondre sionistes et juifs. un peu plus de réelle information ne nuirait pas et je partage le point de vue de certains commentateurs de cet article (dont Tara).

  5. Oui, c’est bien lu. Qu’Israël ait été attaqué ne le dédouane pas de faire n’importe quoi en retour. Et aujourd’hui les nouvelles nous montrent la déclaration d’un chef de Tsahal, qui ne se gêne pas de déclarer qu’ils rendent Gaza inhabitable – « destruction totale  » « ils ne pourront plus revenir ». Il avait été considéré que le déplacement forcé des Albanais du Kosovo était un crime contre l’humanité: la déportation de masse est interdite. Si la volonté est de créer les conditions pour que les Palestiniens ne puissent jamais revenir à Gaza, comment qualifiez-vous ça? Oui, votre article est bien lu; encore faut-il vouloir voir.

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