[Point de vue] Harpies du féminisme, foutez la paix à Depardieu !

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Gérard Depardieu pourra-t-il continuer à chanter Barbara ? Après le fisc, c’est au tour des féministes de le harceler.

Oui, foutez la paix à Depardieu ! C’est peut-être la dernière fois qu’il se produit en France, lui, le saltimbanque de génie. Après, il fera sûrement ses adieux au music-hall. Pourquoi continuerait-il à faire des tournées dans un pays qui lui a pris son argent et son honneur ? Un pays où des harpies le poursuivent continuellement de leur vindicte. Les Furies du féminisme, prêtes à le tourmenter jusqu’aux Enfers, comme dans la mythologie. Brrr ! À Bordeaux, le 24 mai dernier, une poignée d’entre elles a perturbé son spectacle « Gérard Depardieu chante Barbara », dont il fut si proche, en beuglant « L’aigle noir, c’est toi ! ». Pour elles, Depardieu, c’est Barbe-Bleue violant Barbara. La rime y est presque. Elle vaut acte d’accusation suivi de mort sociale. Ces militantes vengeresses entretiennent l’atmosphère du « corbeau de Tulle » dont Henri-Georges Clouzot tira son fameux film. Elles font « croa croa » dès que l’occasion leur en est fournie, mélangeant comme à Tulle, dans l’entre-deux-guerres, le vrai au faux.

Faut-il rappeler que la journaliste Sandra Muller, qui a lancé le hashtag #BalanceTonPorc, a été condamnée, avant que la Justice, outrepassant quelque peu ses prérogatives, lui reconnaisse le bénéfice de la bonne foi, car ses propos « relevaient d’un débat d’intérêt général sur la libération de la parole des femmes ». Et l’affaire de la Ligue du LOL ? Elle a fait pschitt, comme celle concernant Julien Bayou. L’enquête de Mediapart contre Depardieu est du même tonneau. « Enquête » est, d’ailleurs, un bien grand mot. C’est le bureau des pleurs. Autrefois, tout ce qui ne nous tuait pas nous rendait plus forts. Aujourd’hui, c’est l’inverse. La chochotterie, la fragilité psychologique sont érigées en règle de vie.

La gauloiserie est-elle toxique ?

C’est Depardieu qui en fait aujourd’hui les frais ! En plus d’une accusation de viol, qui reste à établir, Mediapart a déniché treize femmes qui l’accusent d’« agressions sexuelles ». Personne n’a lu cette pseudo-enquête (elle est payante). Pressés, les journalistes n’ont retenu que le titre. Peu importe qu’aucune des victimes présumées n’ait porté plainte. Il n’y a pourtant pas prescription. Mais le dossier judiciaire est vide. C’est un empilement de micro-agressions emballées dans des blagues lourdingues. Sans nul doute, le bon goût et la galanterie en pâtissent, mais rien de pénalement répréhensible. Oui, « Gégé » est graveleux. Oui, il est salace. Oui, il a les mains baladeuses. Oui, il est ra-be-lai-sien, mais ni plus ni moins que dans Les Valseuses, où lui et Dewaere passent leur temps à mettre des mains aux fesses.

Depardieu est un enfant des faubourgs de Châteauroux. Il sort du monde des voyous d’antan, tatoués, cabossés, avec des tronches pas possibles, à la Marcel Cerdan, qui collectionnaient des Édith Piaf de province fredonnant des « Mon homme » tout en endurant les virilités ouvrières. Sa grand-mère était dame pipi à l’aéroport d’Orly. C’est là qu’il a appris à voyager, dans les latrines des messieurs à cravate et à attaché-case. Après cela, allez lui reprocher d’uriner en avion dans une bouteille en plastique.

Où qu’il aille, il traînera toujours son Berry natal au bout des semelles. Impossible de s’en défaire. C’est une gueule française, une trogne berrichonne, une pogne d’Hercule gaulois. Il appartient définitivement à l’inventaire des monuments nationaux. Splendeur du ventre – et la France est la civilisation du ventre. S’il devait y avoir une physiologie du génie, nul doute que l’épaisseur abdominale y aurait sa part. Il a hérité du coup de fourchette de Gargantua. Mais rien d’obèse, chez lui. Il a un corps d’athlète modelé pour des décathlons gastronomiques. Tout, chez lui - sa carrière, ses excès, sa folie -, tourne le dos à l’hygiénisme puritain américain. D’ailleurs, il a raté sa rencontre avec Hollywood, comme s’il se réservait inconsciemment pour Vladimir Poutine.

Gare au gorille !

Oui, que connaissez-vous, Mesdames les persécutrices, à Depardieu ? Je crois faire partie des très rares journalistes, peut-être même le seul, à l’avoir longuement interviewé, ces derniers mois. Rien que d’y penser, j’en suis ému. Certes, on ne perce pas le mystère d’un homme en quelques échanges. Il n’empêche : on apprend à le connaître un peu. Nul plus que lui n’a déposé son destin entre les mains des femmes : Carole Bouquet, Fanny Ardant, Barbara, Marguerite Duras… Lui, le cachalot insubmersible ! Savez-vous, Mesdames, le nombre de curieuses, visiteuses d’un soir, qui ont forcé la porte de sa loge ? Que venaient-elles voir ? Le « gorille » de Brassens ! « Supérieur à l’homme dans l’étreinte,/Bien des femmes vous le diront !/Gare au gorille !... »

Oui, foutez la paix à Depardieu ! À 74 ans, il est déjà parti. Il erre sur la lande comme le roi Lear. Sa lande, c’est le monde qu’il sillonne pareil au Juif errant, comme un fugueur, nonobstant son hôtel particulier, son château, ses isbas, son vignoble. Le roi Lear, c’est le chef-d’œuvre de la vieillesse, de la douce folie qui s’empare de la vieillesse, la vieillesse qui commence à divaguer, qui se libère peu à peu de son enveloppe corporelle, qui se prépare à devenir une âme, qui s’exerce à s’envoler. Voir Lear, c’est rencontrer un peu Shakespeare. Quoi de plus bouleversant ? Un aigle, assurément, mais rien de noir, chez lui. Le noir, c’est la couleur de votre plumage, Mesdames, et de votre sinistre ramage. Croa, croa…

François Bousquet
François Bousquet
Rédacteur en chef d’Éléments et directeur de la Nouvelle Librairie

Vos commentaires

25 commentaires

  1. certaines féministes que je qualifie de bas étage commencent à nous embêter pour ne écrire autre chose de plus méchant. Je me demande si elles non pas un complexe infériorité vis vis des hommes.

  2. Vous réagissez en tant qu’homme. Les femmes qui se plaignent des attouchements de Depardieu ne sont pas forcément des harpies, comme vous dîtes… Une comédienne n’est pas obligée de subir la main de son partenaire dans sa culotte, fut-ce M. Depardieu ! J’ai adoré l’acteur mais son talent ne l’exonère en rien de ses actes d’agressions sexuelles. Chacun doit répondre de son comportement à l’égard des autres. Si on accepte que M. Depardieu abuse de sa notoriété pour imposer ses désirs à ses partenaires de jeu, on donne un mauvais signal à l’homme lambda qui est tenté de prendre des libertés avec les femmes. C’est une question de respect tout simplement. Croyez que je ne suis en rien une « féministe acharnée ». J’aime les hommes et je suis la première à condamner les outrances actuelles, le wokisme, etc, mais, pour autant, je donne raison à celles qui ayant subi des agressions osent les dénoncer quel que soit l’agresseur !

  3. Depardieu a lui même reconnu il y a fort longtemps qu’il avait perdu sa virginité à 12 ans avec une fille qui n’était pas consentante ! Alors l’acharnement n’est pas la solution mais l’absolution non plus. Et avec cet aveux, je le sens enclin à croire la possible victime…

  4. Qui connait Sandra Muller « journaliste » ? personne , et surement pas le grand public qui aime Depardieu en dépit de ses exagérations. Se faire connaitre en dégueulant des insanités et en perturbant des spectacles n’a rien de bien glorieux.  »
     » L’orgueil de ceux qui ne peuvent édifier est de détruire » Alexandre Dumas ( les tombeaux de St Denis )

  5. Je l’ai regardé une foi à l’émission la grande librairie si c’est bien le titre, j’ai été surpris par sa culture et sa sensibilité à laquelle je ne m’attendais pas. Evidemment il reste toujours un peu de son enfance et de son passé même en faisant des efforts pour être au niveau de ceux qui ont tendance à vous mépriser même lorsque que vous êtes supérieurs à ces gens-là (je l’ai bien senti toute ma carrière auprès de mes confrères dont papa était né avant eux) mais si comme Depardieu vous êtes richissimes et que vous aimez faire des pieds de nez vous ne vous en privez pas et vous avez raison.

  6. J’ai vu récemment UNAMI, film Franco-Japonais ou il tient le rôle d’un chef étoilé pachydermique mal dans sa peau qui cherche la rédemption par la quête de la cinquième saveur. C’est un des meilleurs films que j’ai vu ces dernières années. Depardieu est émouvant. Pierre richard est épatant dans son rôle d’ostréiculteur un peu sorcier sur les bords, et le reste du casting impeccable. On y retrouve des acteurs qui ont des ‘gueules’, et les passionnés de patrimoine Français et de culture Japonaise apprécieront le montage qui met en parallèle les deux cultures. De belles images de la France (Saumur) et du Japon (Sapporo), une belle histoire en forme de conte, de bons acteurs, pas de message politique, presque pas de violence (une baffe !), que demander de plus ?, et

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