[Point de vue] Extension du domaine de la « transphobie »

transphobie

C’est la valse des phobies. Ces peurs démesurées et irrationnelles sont, paraît-il, de plus en plus nombreuses. Le 17 mai dernier, Matignon a ainsi célébré, sur X, la « Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie ».

Mais que recouvrent, exactement, ces concepts ? Depuis le temps, le premier nous est devenu presque familier. C’est moins le cas du second, qui est pourtant employé à tort et à travers actuellement. Il semble d’ailleurs que sa signification ait nettement évolué, ces dernières années. Il ne s’agit plus d’une simple « hostilité, explicite ou implicite, envers des transsexuels », pour reprendre la définition largement datée du gouvernement. Loin s’en faut. Aujourd’hui, vous pouvez être poursuivi pour « transphobie » pour de nombreuses raisons. Demandez à Dora Moutot et Marguerite Stern. Le mois dernier, SOS Homophobie a annoncé porter plainte contre les deux féministes pour leur ouvrage Transmania. Une enquête sur les dérives de l’idéologie transgenre. « La liberté d'expression ne saurait justifier la haine contre les personnes trans », a lancé l’association, sans préciser en quoi les propos dénoncés relevaient de la « transphobie ». Il faut croire que la critique des revendications politiques de certaines minorités constitue déjà en soi un délit…

Des « « transphobes » partout ?

Vous dites qu’une femme n’est pas un homme ? Transphobe ! Vous pensez que les athlètes mâles ne devraient pas être autorisés à concourir dans des compétitions sportives feminines ? Transphobe ! Vous contestez l’idée des « hommes enceints » ? Transphobe ! Vous ne voyez pas d’un bon œil qu’un médecin prescrive des hormones sexuelles croisées à vos enfants ? Transphobe !

C’est en effet cette accusation qui a été portée à l’encontre d’une récente proposition de loi déposée par Les Républicains : cette proposition de loi souhaite simplement interdire l’administration de bloqueurs de puberté et d’hormones croisées aux mineurs. « Le moment est grave, puisqu’on voit arriver une montée d’une transphobie généralisée et extrêmement politisée avec, pour la première fois, une proposition de loi ouvertement transphobe qui arrive à l’Assemblée », s’insurge ainsi Marie Cau, la première femme trans élue maire en France.

Un terrorisme intellectuel

L’édile est une spécialiste des procès en « transphobie ». En 2022, elle avait porté plainte contre Dora Moutot qui, sur le plateau de Léa Salamé, avait refusé de voir en elle une vraie femme et l’avait qualifiée d’« homme transféminin ». Ce que les militants LGBTQIA+ nomment le « mégenrage » vaut désormais une plainte pour incitation à la haine. « L’insulte n’est pas la liberté d’expression », affirme le maire trans de Tilloy-lez-Marchiennes.

C’est là l’ultime but des accusations de « transphobie » : vous forcer à dire le faux. Vous savez que 2 + 2 = 4, vous savez que c’est une vérité évidente, scientifique, mais on vous demande de dire à voix haute, le couteau judiciaire sous la gorge, que 2 + 2 = 5. Nous, journalistes, sommes particulièrement soumis à cette pression. En juillet 2023, la chanteuse Christine and the Queens avait poussé un coup de gueule contre les commentateurs qui continuaient à la « genrer » au féminin malgré son coming-out trans. « Ma socialisation est difficile parce que vous m’appelez "elle" toutes les cinq minutes et ça me blesse […] c'est juste un manque de respect. Une façon de privilégier votre confort plutôt que mon bonheur », avait alors déploré l’artiste, en pleurs, dénonçant la violence de notre société « transphobe ».

Aucune plainte n’avait alors été déposée, mais les « mégenrages » dans la presse ont subitement cessé. La peur d’être taxé de transphobie a suffi.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Puisqu’on est au stade du mégenrage et de la transphobie, que les néoféministes estiment que le sexe et le genre ne sont plus liés et qu’il suffit de se revendiquer femme pour l’être, j’y vois un moyen de propagande qu’on va retourner contre eux. Et effet, par exemple il y a de multiples lois pour la parité homme-femme. Très bien je dis. Mais puisque n’importe qui peut se revendiquer femme ou homme, alors par exemple, pour les élections cantonales, on pourra présenter des binômes d’hommes au lieu de binômes paritaires. Il suffit juste qu’on décrète qu’un des deux candidats homme se revendique femme et on respecte la loi. Idem pour les élections européennes, on présente une liste exclusivement masculine et on demande à la moitié de ladite liste de se déclarer comme femme et le revendiquer. Après tout, on accepte de considérer Nicolas Cau comme Marie Cau. Et voilà par quel moyen l’islam politique parviendra à faire un Hamtramck français, un conseil municipal exclusivement masculin avec la moitié des hommes déclarés comme Madame. On peut ainsi démolir toutes les règles de parité en demandant à des hommes de se revendiquer femme. Et qui nous dit qu’un violeur homme qui se revendique femme ne bénéficiera pas de clémence s’il agresse sexuellement une femme ?

  2. Bonjour, que cherche la Macronie avec ces dérives législatives? peut être qu »elle trouve que la destruction de notre civilisaion ne va pas assez vite , alors elle met un turbo ! ! ! sans oublier que ces dérives sont du pain béni pour la vague islamiste qui ne tolère aucune dérive de genre….

  3. Le wokisme est non seulement autoritaire, mais complètement totalitaire. Nous vivons une dictature de la pensée. C’est injonction à penser bien est étouffante et révoltante.

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