Il est des progressistes qui se désolent désormais qu’on ne prie pas pour l’écologie pendant la messe. Éric de Kermel est de ceux-là. Journaliste et directeur de presse chez Bayard et Milan, auteur de romans, chevalier de la Légion d’honneur pour son engagement environnemental, il a également porté avec la présidence de la République française le Sommet des consciences, dans le cadre de la COP21. Autant dire que la planète, c’est son dada, ne comptez pas sur lui pour s’offusquer de l’apparition de Greta Thunberg dans les calendriers des scouts de France.

Récemment, cet élan militant l’a conduit à prendre la plume dans La Croix pour qualifier la messe de « prière anthropocentrique ». Son regret ? « Pas un mot sur l’écologie ! » Et Kermel de regretter que les prières concernaient « les malades, les migrants, les familles, ceux qui nous ont quittés, les entrepreneurs… »  tandis qu'il aurait préféré « entamer un dialogue diplomatique avec le vivant non humain » .

La Croix et Kermel portent une lourde responsabilité, que l’on imagine idéologiquement assumée, en publiant une chronique aussi accusatrice vis-à-vis de l’Église déjà suffisamment dans la tourmente d’une part, mais surtout complètement trompeuse sur les plans philosophique et théologique d’autre part.

Ainsi faudrait-il rappeler à l’auteur le véritable sens de la messe. Si Kermel en a une vision ésotérique décrivant la « force de ce moment qui rassemble les énergies de tous dans une intention commune qui nous dépasse et nous met également en mouvement » et appelle de ses vœux une « relation singulière » avec le végétal, il conclut sa tribune sur l’idée saugrenue qu’un « arbre est aussi capable de recueillir nos prières et de les confier aux ailes du vent ». Éric de Kermel et, donc, La Croix ne seraient-ils pas tombés dans le paganisme en faisant l'éloge des prières aux arbres ? Et pourquoi pas, non plus, dresser des dolmens ? C'est la nouvelle tendance dans notre société déchristianisée qui préfère désormais errer dans des forêts cinéraires plutôt que prier dans des cimetières. Encore un avantage écologique, tiens  !

En somme, M. Kermel n’est pas catholique. Ou bien de ceux qui refusent la tradition multiséculaire d’un héritage pour réinventer une pseudo-religiosité. On ne prie pas pour la planète ou pour un arbre, tout bonnement parce que ceux-ci n’ont pas d’âme. Les intentions de prières visent le salut des personnes. Au cours de la prière eucharistique, l’assemblée des fidèles s’unit au Christ ; un arbre, une fleur ou une rivière ne peut et ne pourra jamais en faire de même. Et l’expression de saint François d’Assise reprise par le pape François dans Laudato si' « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre » est une invitation à vivre en harmonie avec la nature, certes, à la contempler, la respecter et même la dominer, mais en en aucun cas la considérer comme un être vivant à associer à la prière. L'erreur est d'autant plus grave qu'elle place l'humain et le non-humain sur le même plan, ce qui est théologiquement faux.

Plutôt que de critiquer la messe et de propager des idées aussi folles que lunaires, que M. Kermel révise son anthropologie chrétienne, il relira la dignité de la personne humaine en raison même de son origine, celle créée à l’image de Dieu. M. Kermel, ne vous en déplaise, la messe n’est pas anthropocentrée mais plutôt christocentrée, et c’est bien pour sauver les hommes et non le végétal que le Fils de Dieu s’est incarné.

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15 novembre 2022 à 16:02

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17 commentaires

  1. Bayard presse et La Croix!!!!!!!! inutile d’aller plus loin: depuis quand cessubventionnés represenyent les « catho-fachos »??? ………. sinon ils ne seraient plus subventionnés! CQFD!

  2. M.de Kermel est-il un adorateur, comme le pape, de la Pacha Mama, déesse représentant la terre, placée sur un autel à Rome, comme si elle était la Vierge ? Et courageusement jetée dans le Tibre au petit matin par un jeune vrai catholique !
    Honteux, nous sommes en plein hérésie !

  3. Cathos, déjà dit comme ça c’est une atteinte à la langue française. (Toutes ces abréviations qui polluent notre langage sont moches et vulgaires). Catholique de gauche ? Un oxymore. Un macronisme de plus.
    La Gauche, c’est le Progrès, l’idée que les choses et la condition de l’homme changent, en s’améliorant, avec le temps, C’est en grande partie vrai d’un point de vue matériel. Et encore en étant bien conscient des coûts (mortifères) et de certains dangers (un progressiste trouve toujours plus progressiste que lui) … Dieu est hors du temps. la Parole de Dieu est éternelle. On voit mal comment elle devrait s’adapter à la mode des temps et à l’esprit de Greta Thunberg

  4. Je me disais que le Seigneur fit pour moi (et non, même s’il est très respectable, pour le sapin de Noël, paraît-il vulgaire « arbre mort ») des merveilles, celles que je puis contempler chaque matin de mes fenêtres, que c’est aussi pour moi, créature à l’image de Dieu, que Christ est mort en croix…Que j’étais bête !

  5. Monsieur de Kermel a l’air d’ignorer que le centre de toute célébration eucharistique est la double consécration du pain « fruit de la terre et du travail des hommes » et du vin « fruit de la vigne et du travail des hommes » . Le problème de l’athéisme et celui des Chrétiens de papier est qu’ils ignorent totalement ce dont ils parlent en abondance . C’est très exactement l’attitude de Bouvard et de Pécuchet, symboles de la bêtise contemporaine, à l’égard de la physiologie : « N’ayant pu la comprendre, ils n’y croyaient pas »

  6. Nombre de chrétiens ne vont plus à la messe. Les homélies sont insupportables de bien pensance, selon les poncifs du jour. Le christ et son message ont disparu ou sont falsifiés. L’évèque d’AUtun a Noel n’a trouvé qu’un seul interet au christ: la datation avant JC et après JC…

  7. Ce monsieur Eric de Kermel que je ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam, souffre peut être du fait que le Christ fut crucifié sur un support en bois (d’arbre bien sur) d’où cette injonction à une reconnaissance du martyr des chênes et autres bouleaux, abusivement exploités par les Romains pour leurs sacrifices.

  8. Prier un arbre, prier pour un arbre, prier devant un arbre.
    Ce n’ est pas la même chose je crois , alors que cela me paraît un peu confondu dans cet article.
    Il me semble qu un bel arbre peut recueillir une prière, de même qu’ une belle statue ou l immensité de la mer … Peut être mieux qu’une église de béton laide.

  9. Tout est dit et bien dit. Bravo. Nous traversons une époque où tous les déjantés s’expriment avec aisance, sans retenue, sans complexe. C’est la porte cochère ouverte à tout vent tourmenté porteur d’idéologies « azimutées » . Se prennent-ils au sérieux ? Ou recherchent-ils simplement un faire-valoir, oubliés, négligés qu’ils sont faute d’expression intelligible ? Nous ne le saurons jamais. Toujours est-il qu’ils nous font perdre noter temps et notre énergie. Une France en déclin dont le causes nous crèvent les yeux mais que l’on veut négliger, ignorer.

  10. Ecrire dans La Croix ne signifie pas avoir une parole d’Evangile. Que monsieur Kermel relise plutôt les fiorettis de saint François? Personne n’a encore considéré les pins des Landes scarifiés par les résiniers comme frappés des stigmates du Christ. Certes, la messe est anthropocentrique puiqu’elle renouvelle la Rédemption par l’homme-Dieu : Jésus-Christ. « Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu » !

  11. un grand merci pour cette mise au point limpide, car, il y a parfois des idées de gauche qui me laisse
    sans voix

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