Plus LGBTQIA+ que Mélenchon, tu meurs !

mélenchon

Il faut savoir se renouveler pour survivre ou tenter de surnager, en politique. C’est le cas de Jean-Luc Mélenchon. Il a commencé sa carrière politique en chantant « L’Internationale sera le genre humain » ; il la termine - enfin, on l’espère… pour lui - en voulant introduire dans la Constitution « la liberté de genre ». Pour faire genre ?

D’abord, on remarquera cette mode en politique à tout vouloir mettre dans la Constitution. Souvent une façon de sacraliser le sujet du moment qui « buzze ». Par exemple, Macron, surfant sur la vague écolo, avait promis, après la très consommatrice en jus de cerveau Convention citoyenne pour le climat, d’introduire dans l’article 1 de notre texte fondamental la préservation de l’environnement et la lutte contre le dérèglement climatique. La vague s’est fracassée contre la falaise du Sénat et des réalités politiques. La Constitution de la Ve, un texte sacré dans l’imaginaire des Français alors même qu’elle a été modifiée vingt-quatre fois en soixante-deux ans d’existence…

Donc, Mélenchon, après s’être fait le chantre de la créolisation, histoire de draguer dans « les quartiers », s’en va sur un terrain qui nous éloigne de la condition du prolétariat suant sang et eau comme au temps de la Bête humaine et de Gabin : l’univers LGBTQIA+. Lundi 15 novembre, lors d’une conférence à l’université de Lille (tiens, au fait, c’est pas Sandrine Rousseau qui est vice-présidente « Vie étudiante, Vie de Campus/Développement durable et Égalité Femmes-Hommes » de cette université ? Un détail, passons).

Jean-Luc Mélenchon, très professoral, aborde devant « un parterre d’étudiants », comme on dit (en fait, ils sont assis bien sagement sur les gradins), « la question de la liberté du genre ; choisir qui on est ». Très professoral mais aussi un brin démago : « Ça, ça choque. Faut que vous l’admettiez parce que vous, vous êtes dans une génération que ça choque beaucoup moins. » La jeunesse est géniale, c’est bien connu. « Ça paraît une idée complètement folle à des tas de gens. Comment, qu’est-ce que tu nous racontes, on va choisir si on est un homme ou une femme... » Un peu condescendant envers « ces tas de gens » qui s’imaginent encore bêtement qu’on naît homme ou femme, point barre. Faut pas leur en vouloir, vous savez, y savent pas, on leur a pas expliqué. Vous, vous êtes instruits, ouverts sur le monde et tout ça. Et le professeur Mélenchon continue son cours : « D’ores et déjà, en France, vous pouvez changer de genre. » Sauf que c’est pas tout à fait ça. Je me suis tuyauté depuis mon dernier papier : en France, on peut changer de sexe, sur ses papiers, pas de genre. C’est ce que nous dit le site Service-public.fr. Nuance ! En s’évertuant à ne pas prononcer une seule fois le mot « sexe » mais « genre », Mélenchon veut sans doute donner l’impression à ses petits étudiants d’être dans le coup. Et c’est là qu’on se dit qu’il se mélange peut-être un peu les pinceaux en dessinant son petit drapeau aux couleurs de l’arc-en-ciel qu'il est joli.

Car des genres, si on essaye de suivre le mouvement, il y en a « des tas », comme dirait Mélenchon. Au départ, tout était assez simple, ou à peu près : il y avait les lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels : d’où le sigle LGBT. Sans parler des hétéros. Puis vinrent les queers, intersexués.e.s et asexuel.le.s et, histoire de n'oublier personne, le + : d’où l’acronyme LGBTQIA+. Facebook, à la pointe du progrès, offre un catalogue d’une cinquantaine de genres pour ceux qui le souhaitent. En creusant un peu le sujet sur Internet, on découvre qu’il y aurait, pour certains, soixante-douze identités de genre, pour d'autres cent vingt-six non binaires. Difficile de se retrouver dans tout cela, surtout si on a grandi, comme Mélenchon, à l’époque de Papa, Maman, la bonne et moi. Et l’on se demande si c’est tout cela que Mélenchon veut constitutionnaliser pour garantir la liberté individuelle ? Les lointains successeurs de Michel Debré ont du souci à se faire. Ou pas.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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