Le Président a réagi après un rapport de l’ONU, publié ce lundi, indiquant qu’un million d’espèces animales et végétales étaient menacées d’extinction.

Le chef de l’État a profité de l'occasion pour présenter une série de mesures qu'il envisage de prendre en faveur de la cause écologique.

Qu'en est-il réellement ? Parmi un modeste inventaire de mesures pressenties, il cite pêle-mêle la lutte contre le gaspillage alimentaire, le recyclage du plastique, l'arrêt du glyphosate ainsi qu'un ensemble de « mesurettes » budgétaires incitatives, voire, pour certaines, contraignantes...

Tout cela n'est, en fait, qu'un catalogue de bonnes intentions. En effet, la réalisation de ses vœux pieux ne dépend pas que de sa volonté et, dès lors, elle est sujette à caution puisque pas nécessairement à l'abri d'un atermoiement que des promesses antérieures ont déjà connu. Cette espèce d'allocution improvisée et parfaitement informelle avait l'aspect d'une séance de rattrapage destinée à remplir les blancs que sa récente conférence de presse avait laissés apparaître en matière d'écologie.

Sur la question de la protection de l'environnement, il ne prend pourtant pas beaucoup de risques puisque la plus grande partie de l'électorat, toutes tendances confondues, connaît l'étendue des enjeux sans, pour autant, que les grandes mesures de sauvegarde ne lui paraissent évidentes.

Alors, pourquoi s'est-il fendu de cet exercice insolite dont peu ont réellement deviné le profit qu'il pouvait en tirer, pas plus qu'ils n'ont vu la nécessité de s'y plier ? N'aurait-on pas eu droit à une petite séance de communication opportune à vocation électorale ?

En fait, pour saisir sa motivation, il faut, sans doute, se souvenir que la première consultation à avoir lieu depuis son élection sera celle des prochaines européennes. Or, chacun sait bien que la mise sera de taille. S'il les gagne, sa légitimité redeviendra entière et sa dynamique réformatrice ne connaîtra plus d'obstacle sérieux. S'il les perd, alors la fin de partie lui sera bien longue et difficile jusqu'en 2022. D'ailleurs, le gouvernement et le Premier ministre ont été sommés de se bouger pour apporter une aide sans faille à Nathalie Loiseau, qui a du mal à prendre son envol dans la campagne qui débute officiellement le 13 mai 2019 mais qui a démarré, en réalité, depuis de longues semaines déjà.

D'ailleurs, si, depuis des semaines, les sondages de l'Institut Louis Harris (à l'inverse d'autres instituts plus prudents) donnaient LREM assez largement en tête, il n'en va plus ainsi aujourd'hui. Toute les analyses se rejoignent, désormais, pour reconnaître que le parti macroniste et le Rassemblement national sont, au mieux, donnés au coude-à-coude et, souvent, l'avantage est donné au mouvement conduit par Jordan Bardella.

Le Président qui cherche à détourner l'attention des électeurs par des artifices peu convaincants. Le Premier ministre Édouard Philippe qui, de Caen le 6 mai, à Strasbourg le 11 mai, va enchaîner les meetings à raison de deux par semaine. Tout cela ressemble étrangement à une fièvre qui s'empare du pouvoir et qui, si elle est assez convenue dans sa forme, paraît tout de même un peu inédite par son intensité. On sent comme un vent de panique qui secoue le vaisseau jupitérien. Cela n'est peut-être pas le meilleur moyen de rassurer l'électorat, qui pourrait légitimement s'inquiéter de cette fébrilité et du manque de sang-froid de ses gouvernants.

Après deux années mouvementées au cours desquelles Emmanuel Macron a méprisé les Français plus que tous ses prédécesseurs, après cinq mois d'une crise que nul autre n'avait connue de manière aussi intense et longue, après trois mois d'un débat au cours duquel il s'est octroyé sans répartition le contenu et dont il a tenu les commandes sans aucun partage, ce Président sera bientôt à la croisée des chemins, à l'heure de vérité, et cela le rend nerveux.

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08 mai 2019 à 11:50

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