Binoche, Béart et consorts, quand des adeptes comme vous de la politique des identités et de l’écriture inclusive osent écrire « Les gilets jaunes, c’est nous » -après vous être longtemps pincé le nez -, nous serions en droit de vous accuser d’« appropriation culturelle ». Près de sept mois de réflexion avant d’adouber les gilets jaunes des ronds-points ! Il a fallu attendre que ces enracinés, les « somewhere », aillent se corrompre au gré des manifs parisiennes, des tentatives vaines de récupération de Mélenchon, des raids de la racaille et de l’entrisme de la CGT pour que vous cherchiez à les phagocyter.

Votre collectif s’appelle Yellow Submarine – mais la version française chantée par Maurice Chevalier ou Les Compagnons de la chanson s’appelait « Le Sous-marin vert », de la couleur de votre idéologie gauche pastèque. Cette gauche qui a lâché la figure du prolétaire pour celle du migrant, qui a choisi les minorités contre le peuple, la mondialisation contre la nation.

Vous voulez « une démocratie plus directe », mais vous avez peur du RIC qui ouvrirait un risque de vote du retour des frontières, du rétablissement de la peine de mort ou de l’abrogation du mariage gay.

Vous voulez « une plus grande justice sociale et fiscale », vous, les artistes assistés - entre avance sur recette et intermittence du spectacle -, mais vous refusez d’aligner le régime du chômage des intermittents sur celui des autres salariés... Vous, les « professionnels de la profession », protégez vos films, votre musique, vos quotas contre des Américains et des Anglais bien meilleurs que vous mais refusez au peuple de se protéger face à la submersion migratoire et son poids mortifère pour notre économie. Vous parlez de « ceux qui s’abîment au travail » quand les gilets jaunes ne demandent qu’à vivre de leur travail.

Quant au stade de votre toute-puissance névrotique obsessionnelle, dans votre délire climato-catastrophiste, vous proposez des « mesures radicales face à l’état d’urgence écologique », c'est-à-dire, en clair, que les « anywhere » (les jet-setteurs, comme on disait) veulent imposer encore plus de réglementations pour le commun des mortels. Là, c’est carrément le kérosène qui se fout du diesel.

Décidément, vous n’êtes pas Brigitte Bardot, vous n’aurez jamais la classe de BB posant en gilet jaune à la Madrague (Saint-Tropez) à côté de sa vieille 4L.

Vous osez vous approprier les Beatles, mais quand John lançait “The rest of you can just rattle your jewelry!”, c’était déjà à vous qu’il s’adressait. Parce que ces enfants de la working class ne devraient leurs 27 titres numéro 1 des ventes en Angleterre et en Amérique ni aux quotas, ni aux subventions, ni aux protections, mais à leur seul talent et à la vox populi.

Quant à John Lennon, que vous osez enrôler via une épigraphe dans votre bataille douteuse, méconnaissant qu’il avait prévu, depuis les paroles de « Revolution », de ne pas forcément être de ce genre de « dubious battle ». Avez-vous seulement eu connaissance de ce que les Américains appellent « John Lennon’s Second Thoughts » ? En effet, Lennon fit partie de cette tendance qui se rapprocha des conservateurs reaganiens. Un mouvement complètement passé inaperçu dans notre pré carré franco-français.

Non, Mesdames Binoche et Béart, les gilets jaunes ne vous demandent rien, et surtout pas votre fausse compassion de dames patronnesses, pousse-au-crime, qui justifient la violence. Personne n’est dupe, encore moins les gilets jaunes des ronds-points qui symbolisent le refus des taxes, de la dépense publique, de la multiplication des réglementations, la volonté de vivre de leur travail et l’amour du drapeau français. L'occupation de ces no man's land et nœuds de circulation a ramené les lieux et leurs occupants au centre de la cité. Ce mouvement a eu plus d’astuce et d’inventivité que les meilleurs communicants, mais c’est son authenticité et sa légitimité qui l’a rendu audible.

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08 mai 2019 à 11:22

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