On fête aujourd’hui les 50 ans de l’IVG. Leur nombre ne cesse d’augmenter

C’était le 17 janvier 1975 : la loi Veil dépénalisant l’avortement entrait en application pour cinq ans, à titre expérimental. Reconduite définitivement en 1979, on fête aujourd’hui ses 50 ans. Avec ce constat désarmant et alarmant, autant pour la santé des femmes que pour celle du pays : le nombre d’avortements n’a jamais baissé. Il est même en hausse, avec 243.623 IVG en 2023.
Que reste-t-il de la loi Veil ?
Le chef de l’État s’en réjouit : « Il y a 50 ans, Simone Veil marqua l'Histoire en défendant avec courage une loi pour les femmes, pour leur liberté, pour leur dignité. Aujourd’hui scellé dans notre Constitution, le droit de recourir à l'IVG est irréversible. Rien ne pourra effacer ce droit », écrit-il, sur X. Même triomphalisme à LFI, qui tweete : « Les droits d'aujourd'hui sont le fruit des luttes d'hier. Merci aux femmes mobilisées dans les associations, syndicats, organisations politiques pour le combat qu'elles ont mené. 50 ans plus tard, sous l'impulsion de La France insoumise, l'IVG est désormais inscrite dans la Constitution. Mais il demeure des inégalités d’accès à ce droit, le combat continue ! »
Rappelons, ici, que personne ne songeait à l’effacer. Rappelons, également, la teneur de la loi Veil lorsqu’elle fut votée : « La femme enceinte que son état place dans une situation de détresse peut demander à un médecin l’interruption de sa grossesse. Cette interruption ne peut être pratiquée qu’avant la fin de la 10e semaine. » Surtout, disait le législateur, « l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue ». S’interrogeant à la tribune, Simone Veil redoutait en effet que « la société [ne] paraisse l’encourager » et concluait : « C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme. »
On mesure le fossé qui sépare l’esprit de la loi d’origine de ce qu’elle est devenue, au fil des décennies. Intégralement prise en charge, l’IVG peut aujourd’hui être pratiquée jusqu’à 14 semaines et son inscription dans la Constitution, par la loi du 8 mars 2024, en a fait s’envoler le nombre : 8.600 de plus, dans l’année écoulée.
L’IVG, entre coiffeur et faux ongles ?
Comme l’écrit Clotilde Burnetti-Pons, juriste, dans La Croix, « l’objectif de la loi Veil était de protéger des femmes en grande détresse. L’IVG érigée en norme est porteuse d’un tout autre message. Il ne s’agit plus de protéger une femme dont la santé, voire la vie, est en danger, mais d’affirmer la supériorité de la liberté d’interrompre une grossesse sur toute autre considération. » Elle ajoute : « Cette inversion des priorités interroge le statut de l’embryon et la place de l’enfant dans notre société. »
Force est de constater que l’inscription de l’IVG comme droit fondamental dans la Constitution a surtout entériné sa banalisation. Personne ne se risque plus à en interroger la justification et encore moins les conséquences, cela, dans une France – comme le rappelait ici, hier, Gabrielle Cluzel – que la dénatalité met en péril.
L’étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) révèle que le taux de recours à l'IVG, en France, en 2023, atteint 16,8 IVG pour 1.000 femmes âgées de 15 à 49 ans. La classe d'âge la plus concernée est celle des femmes entre 25 et 29 ans (29,7 IVG pour 1.000 femmes). Un acte ravalé, semble-t-il, au rang d’un soin comme un autre. En irait-il, désormais, de l’avortement comme du recours aux soins esthétiques, la forme médicamenteuse (79 % des IVG) en ayant gommé l’impact sur la santé et renvoyé la contraception aux oubliettes ? Tout a été fait, au fil des années, pour concourir à la totale banalisation de l’acte, notamment la possibilité de « réaliser des IVG en téléconsultation » depuis le décret du 19 février 2022. Bref, on peut faire ça entre un rendez-vous chez le coiffeur et la pose de faux ongles…

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53 commentaires
Comme il fallait s’en douter, la loi permettant de venir en aide à « des femmes en détresse » est suivie d’abus. Il existe de nos jours assez de moyens contraceptifs pour éviter les grossesses non désirées. Toutefois, il faut considérer que les femmes irresponsables qui tombent enceintes ont,, hélas, raison de se débarrasser d’un enfant qu’elles ne pourraient ni éduquer, ni instruire.
Nous marchons sur la tète! On inscrit l’infanticide gratuit dans la constitution condamnant à mort les enfants innocents et on supprime la peine de mort pour les plus grands criminels. Bravo à Monsieur Badinter et à ses fils spirituels.A Lerte