Nicolas Dhuicq : « Nous avons des intérêts communs avec la Russie. Le premier est la lutte contre l’islamisme politique… »

Dhuicq

Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, et Florence Parly, ministre des Armées, se rendent en Russie. Va-t-on vers un réchauffement des relations franco-russes ? Réaction, au micro de Boulevard Voltaire, de Nicolas Dhuicq.


Les relations entre la France et la Russie se réchauffent. Notre ministre de la défense, Florence Parly, s’est entretenue plus d’une heure et quart avec son homologue russe.
Cet entretien rejoint la volonté du président de vouloir renouer des liens avec la Russie.
Selon vous, est-ce une bonne nouvelle ?

Il serait grand temps. Depuis l’élection de monsieur Macron, nous n’avons que de la communication et du vent suivi d’aucun effet.
Lors de sa première rencontre avec Vladimir Poutine, il avait proposé, à brûle-pourpoint, la création d’une structure appelait « le dialogue du Trianon ». Cette structure est une coquille vide. Le seul pont restait entre la France et la Russie est le dialogue franco-russe auquel j’appartiens. Il avait été fondé par le président Chirac.
À chaque fois que nous allons à Moscou pour rencontrer les chefs d’entreprises français depuis l’élection de monsieur Macron, c’est systématiquement la déception. Nous avons des annonces qui ne sont jamais suivies d’effet. Pendant ce temps-là, la France continue à voter et à maintenir les sanctions.
Je rappelle que sous le président Hollande, nous nous étions battus pour que nous vendions ces bâtiments de transport que sont les Mistrals qui ne sont pas, je le rappelle de véritables navires de combat. La coque est certes un peu militarisée. Mais ces bateaux doivent être employés par des marines riches qui ont la supériorité aérienne. Il n’y a pas de sous-marins ennemis dans les parages.
J’ai entendu des gens dire que la Géorgie aurait été envahie beaucoup plus vite si la marine russe avait eu des Mistrals. C’est une vaste fumisterie !
Par ailleurs, nos paysans paient le prix fort des sanctions avec de lourdes pertes à la clef. Certaines personnes qui parfois ont la Légion d’Honneur et sont parfaitement Françaises sont interdites de séjour en France.
Je pense que cette visite est la résultante de la situation en Syrie. Heureusement, l’armée syrienne est en train de gagner la guerre. Il reste la question d’Idleb avec l’intervention financière et semi-directe de la Turquie et de monsieur Erdogan, qui est un Frère musulman. Des officiers français ont eu des contacts dès le début des opérations avec des officiers russes. Je sais que ces officiers ne pouvaient pas le dire autrement. Ils étaient obligés de suivre notre gouvernement par loyauté, mais ils n’en pensaient pas moins. Ils pensaient bien que seule la stratégie russe était recevable en Syrie.
Il est probable que cette visite soit la conséquence de l’évolution de la situation en Syrie qui est favorable au président Bachar el-Assad.


Il est normal que la France et la Russie aient des relations compliquées. Nous n’avons pas spécialement les mêmes intérêts sur la scène internationale. Vous avez évoqué la Syrie, mais il y a également le cas de l’Ukraine. La Centrafrique est également au cœur des débats.
La Russie a beau être un partenaire, ne faudrait-il pas reconnaître que nous n’avons tout simplement pas les mêmes intérêts internationaux ?

Au contraire, nous avons souvent les mêmes intérêts internationaux. La géographie prime sur l’Histoire. Si nous regardons ce qui se passe sur notre péninsule asiatique qu’on appelle l’Europe, l’Allemagne devient à nouveau extrêmement puissante. C’est tout le débat sur les questions du budget de la défense. Certains demandaient en France, à juste de titre, que les forces de défense soient exclues des fameux critères de Maastricht.
L’Allemagne a des moyens financiers très importants par son travail, sa politique migratoire, d’où le problème des travailleurs immigrés turcs en Allemagne et de ses emplois sous-payés. Pour des raisons historiques et pendant des années, l’Allemagne n’a fait aucun effort réel de défense. Les Transalls, c’est à dire, les transports de troupes français sont épuisés. En revanche, les Transalls allemands sont comme neufs parce qu’ils ne peuvent pas se poser sur des pistes qui ne sont pas en béton ou en ciment. Ils ne peuvent pas se poser trop près des zones de combat. Ils ne peuvent pas transporter de munitions, de système de guidage, d’armes et quasiment pas de combattants.
Ce sont bien évidemment de très beaux alliés au Mali contrairement à la propagande officielle. Je pense donc que nous avons les mêmes intérêts. Notre intérêt premier est la lutte contre l’islamisme politique, contre le wahhabisme, contre les Frères musulmans et contre cette plaie d’islam sunnite qui menace la civilisation. Nous avons un intérêt commun extrêmement fort dans ce domaine-là.
En Syrie, nous devrions avoir des intérêts communs. La France est historiquement présente en Syrie. Les Syriens aiment la France. Les jeunes Syriens n’apprennent plus le français simplement par notre faute. Le jour où il faudra reconstruire ce pays, il y avait naturellement une place toute prête pour les entreprises françaises. Qu’on le veuille ou non, malgré la séparation entre le XIIIe siècle et l’arrivée de Pierre Legrand, la partie Ouest de la Russie, qui est la plus peuplée, est constituée d’Européens.

Nicolas Dhuicq
Nicolas Dhuicq
Médecin psychiatre

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