Nathalie Loiseau fait reparler de Russia Today

nathalie loiseau

Le 23 mars 2022 prenait fin, au Parlement européen, le mandat de la commission spéciale sur l'ingérence étrangère dans tous les processus démocratiques de l'Union européenne, y compris la désinformation (INGE). Cette commission spéciale ne pouvant être prorogée, dans la foulée fut créée une nouvelle commission appelée, elle aussi, « commission spéciale sur l'ingérence étrangère dans tous les processus démocratiques de l'Union européenne, y compris la désinformation », mais avec l’acronyme INGE 2, et on lui donna pour mission le suivi du rapport de l’INGE 1.

Tout comme l’INGE 1, l’INGE 2 est présidée par le socialiste français Raphaël Glucksmann, membre du groupe Alliance progressiste des socialistes et démocrates. Un groupe passablement éclaboussé avec l’affaire du Qatargate, en janvier dernier, puisque, rappelons-le, la vice-présidente Éva Kaïlí, inculpée et écrouée à Bruxelles pour corruption, appartient à ce groupe ainsi que tous les mis en cause. Mais lorsque cette commission spéciale fut mise sur pied en 2020, il est évident que, lorsqu’on parlait d’ingérence étrangère (à l’UE), on pensait très fort Russie et Chine. C’est, du reste, pourquoi furent cités dans le rapport de l’INGE 1 des hommes politiques comme François Fillon, Jean-Pierre Raffarin ou encore le socialiste Jean-Marie Le Guen, membre du conseil d’administration de Huawei France. Le Qatargate va probablement réorienter les travaux de cette commission…

En tout cas, l’ingérence russe, réelle, supposée, minorée ou exagérée, reste à l’évidence une priorité pour cette commission. Pour preuve, l’intervention, le 26 avril, de la macroniste Nathalie Loiseau, coordinatrice du groupe Renew Europe, à propos du média RT. « Je pourrais vous citer les déclarations des différents dirigeants de Russia Today, que ce soit à Moscou, que ce soit en France ou que ce soit sur Russia Today Deutsch, qui ont toujours défini RT, non pas comme un média, mais comme une arme de guerre et comme un complément au ministère de la Défense. » Une arme de guerre ? La réaction de Xenia Fedorova, ancienne présidente et directrice de l’information de RT France, ne s’est pas fait attendre : « La dirigeante de RT en France, c'est moi, et je n'ai jamais dit quoi que ce soit de la sorte. C'est un exemple de plus de mensonge de la part d'un représentant de l'Union européenne concernant notre chaîne. » Pour éteindre la polémique, on imagine que Nathalie Loiseau citera ces déclarations, puisqu’elle affirme pouvoir le faire : cela concourrait grandement à la manifestation de la vérité.

Rappelons que les activités de Russia Today, comme de Sputnik, furent interdites dès l’invasion de l’Ukraine, dans l’ensemble de l’Union européenne. Le fondement juridique de cette interdiction, proclamée dès le 27 février 2022 par Ursula von der Leyen, repose sur une décision (2022/351) du Conseil européen (chefs d’État ou de gouvernement) en date du 1er mars 2022 qui en modifiait une autre datant de 2014 relative aux « mesures restrictives eu égard aux actions de la Russie déstabilisant la situation en Ukraine ». Ces décisions sont flanquées du slash « PESC », qui signifie « Politique étrangère et de sécurité commune », issue du traité de Maastricht. Tout est donc légal, réglementaire et conforme au droit européen.

La décision, signée par Jean-Yves Le Drian, présidant alors le Conseil, fut votée à l’unanimité des 27. Et la Cour de justice européenne, saisie en référé par RT France, le 8 mars 2022, a rejeté la demande du média de lever cette interdiction. Dans les attendus de la décision du Conseil, on peut lire notamment ceci : « Afin de justifier et de soutenir son agression contre l'Ukraine, la Fédération de Russie s'est engagée dans des actions de propagande continues et concertées visant la société civile de l'Union et des pays voisins, déformant et manipulant gravement les faits. »

L'aspect légal validé, on peut tout de même s’interroger sur la rapidité et la brutalité d’une telle décision européenne ainsi que sur le risque jurisprudentiel. En effet, on a interdit à un média d’exercer sur l’ensemble du territoire de l’Union au nom de la politique de sécurité commune. On peut interdire beaucoup de choses à ce titre... La mesure, de fait, s’impose à toutes les législations et réglementations nationales, y compris donc à notre Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Preuve, encore, que la souveraineté européenne s’immisce dans tous les secteurs de nos activités.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Et l’ingérence étrangère américaine dans tous les processus démocratiques de l’Union européenne, y compris la désinformation, on en parle aussi à Bruxelles et au parlement européen ?

    • Vu la hauteur des 27 petits nains de l’UE et leur adoration envers les Amerlocks , nous courrons à notre perte, le pire c’est qu’ils sont incapables de voir que les EU veulent que l’on disparaisse, regardez la tête et l’attitude de certains parlementaires européens vous prenez peur , La Van der Leyen en apogée !!!

  2. Bien malgré eux, et ce dans le cadre de la sacro-sainte « liberté d’expression » (?), les Français subissent chaque jour sur la plupart des chaînes mediatiques la dithyrambique apologie de l’Ukraine et de son « président », l’intègre Zelensky! Bonne vieille méthode de conditionnement des masses, techniquement supérieure à celle qui employait des hauts-parleurs dans les rues des dictatures communistes! Curieusement, on n’entend jamais les témoignages d’habitants du Dombas à propos de l’intervention de Poutine…mais je dois me tromper.

  3. Il est vrai qu’en matière de liberté de la presse et de diversité d’opinions, on devrait prendre exemple sur la Sainte Russie !

  4. On reconnaît là les méthodes des institutions européennes. RT était une chaîne de qualité qui n’était en aucun cas un outil de propagande. C’était un moyen d’obtenir de l’information différente des médias aseptisés à la sauce woke qui nous anesthésient. Je souhaiterais que l’on interdise LCI qui diffuse de la propagande pro-ukrainienne à longueur de journée, informations non recoupées fournies par des think-thanks anglais et américains à la solde du Pentagone et de l’Otan. Pourquoi ne pas interdire les commentaires haineux et souvent déplacés des Ukrainiennes invitées qui crachent leur venin et leur haine du Russe , c’est aussi de la propagande. Je ne parle pas de nos généraux de plateau qui ont gagné leurs étoiles dans les états-majors de l’Otan ou de l’ONU (je pense au fameux général C…) et qui renvoient l’ascenseur à leurs bienfaiteurs. Mme Loiseau pétrie de macronie bienpensant devrait de temp en temps prendre du recul, elle en est malheureusement incapables comme ces tristes pantins qui « dirigent l’Europe.

  5. Si une chaîne doit être interdite pour cause de propagande, il faudrait commencer par interdire les chaînes de télévision et les stations de radio du service public français.

  6. L’UE n’est pas à un mensonge près, surtout quand il s’agit de défendre les intérêts américains. Ce ne serait pas si grave si la macronie ne suivait pas aveuglément toutes ses recommandations. Qui osera encore prétendre que la France est encore une nation libre et souveraine ?

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