Béziers, Mantes-la-Jolie, Chanteloup-les-Vignes : recrudescence d’actes de violence, notamment envers les policiers. Quelles sont les raisons de ces actes criminels ?

Réponse de Michel Thooris au micro de Boulevard Voltaire.


Il semble y avoir un énorme recrudescence d’actes de violence envers les policiers. On peut citer le cas des villes de Béziers, Chanteloup-les-Vignes ou encore Mantes-la-Jolie.
S'agit-elle d'une réelle recrudescence ou d'un prisme médiatique ?

Il s'agit d'émeutes ponctuelles classiques. Il faut remettre les choses dans leur contexte. Ces incendies criminels sont l’œuvre de jeunes mineurs. Ce ne sont pas des incendies criminels commis d’initiative par ces jeunes. Ces actes sont commandités par des réseaux de narco-trafiquants extrêmement organisés et structurés. Ils opèrent ainsi pour asseoir leur autorité sur les quartiers qu’ils contrôlent pour le trafic de stupéfiants.


Selon vous, ces jeunes ont-ils seulement un sens de l’humour qui n’est pas la nôtre?

Je m’inscris totalement en faux sur les déclarations du Premier ministre Édouard Philippe qui tente d’expliquer que c’est une bande de jeunes qui auraient commis ces faits de manière isolée, non réfléchie et non concertée.
Pour notre organisation syndicale, France police, policiers en colère, ces actes criminels sont des actes concertés et organisés avec une tête pensante. Cette tête pensante sont des gangs de narco-trafiquants extrêmement dangereux. Ils commanditent ces actes et utilisent des jeunes pour brûler des bâtiments publics dans le but d’asseoir leur toute-puissance sur des quartiers qu’ils contrôlent pour des places de deals qu’ils utilisent pour le trafic de stupéfiants.


Les causes ne seraient donc pas à rechercher dans l’ensauvagement de la société, mais plutôt dans une impunité de la criminalité...

Ils savent que notre pays est marqué par une impunité totale de la criminalité et des trafiquants de drogue. Aujourd’hui, notre organisation syndicale France police, policiers en colère est le seul syndicat de police à se positionner clairement pour la légalisation du cannabis. Si on veut porter un coup à ces gangs de narcos trafiquant, la seule solution est la légalisation. Cette légalisation a déjà eu lieu dans les faits depuis plusieurs années. Les consommateurs de cannabis, d’héroïne ou de cocaïne ne sont plus du tout poursuivis sur le plan pénal. Ils ne font même plus l’objet d’obligation de soin ordonnée par les tribunaux, comme cela était le cas il y a quelques années.
En termes de trafic de cannabis, on sait que le deal de trafic de cannabis n’est quasiment plus poursuivi devant les tribunaux. Les peines de prison sont absolument dérisoires. Elles ne sont d’ailleurs pour la plupart jamais appliquées quand elles sont prononcées.
La vraie question de fond est de savoir si on veut ou non s’attaquer à ces réseaux de criminalité organisée qui font du trafic de stupéfiants. Si on veut le faire, la seule solution, c’est que l’État devienne le dealer et qu’on leur coupe l’herbe sous le pied.

N’avez-vous pas peur que ce soit perçu comme un aveu d’impuissance absolu ?

Nous assumons totalement cette défaite. Nous disons depuis des années que nous avons perdu la guerre contre le trafic de stupéfiants. Nous allons même plus loin en disant que nous n'avons jamais vraiment commencé cette guerre.
Quand la défaite est là, il faut savoir en tirer les conséquences. Aujourd’hui, les conséquences de cette carence de l’État à combattre le trafic de stupéfiants doit se concrétiser par une légalisation. L’État doit pouvoir reprendre la main sur cette économie parallèle, pour éviter qu’on ait des gangs de narco-trafiquants qui s’enrichissent. À terme, le risque de voir ces gangs devenir ultra riche, c’est qu’ils infiltrent le milieu politique et les milieux économiques comme les marchés publics. On va se retrouver avec un État dans l’État avec une puissance mafieuse qui demain va concurrencer l’État et pourra prendre le contrôle de l’État. On a déjà connu ce phénomène-là dans des pays frontaliers comme l’Italie avec la Ndrangheta. Il faut se donner les moyens d’éviter qu’on en arrive à cette situation criminogène.

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05 novembre 2019 à 6:24

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