En février dernier, lorsque nous l’avons rencontré après un séjour dans les zones sous contrôle djihadistes du Burkina Faso, il nous suppliait d’attirer « l’attention du monde entier sur la menace djihadiste qui pèse sur son pays et aussi sur toute l’Afrique de l’Ouest ». Il nous disait être « fatigué d’alerter sans succès les autorités de son pays sur le drame que vivent les populations du nord ». Il jurait ne pas abandonner ses administrés jusqu’à sa mort. Cette mort, Oumarou Dicko, député et maire de Djibo, importante ville burkinabé de 23.000 habitants, située au nord, l’a trouvée, dimanche 3 novembre. Par les balles assassines des djihadistes qu’il combattait.

C’est dans une embuscade tendue par ces groupes extrémistes qui contrôlent les frontières Mali-Burkina que le maire a été tué. Trois autres personnes qui l’accompagnaient ont aussi été froidement exécutées. Les faits se sont déroulés à Namsiguia, sur l’axe Djibo-Ouaga.

Ce n’est pas seulement un élu du peuple et le premier magistrat d’une ville exposée aux attaques djihadistes qui part, mais aussi un farouche ennemi des groupes terroristes. L’homme qui gérait le chef-lieu de la province du Soum a toujours lutté pour une offensive forte contre les groupes terroristes.

Oumarou Dicko multipliait les interviews dans les médias nationaux et internationaux pour expliquer que « si Djibo tombe, Ouaga sera à portée de main des djihadistes. Il faut que nous aussi on fasse une offensive. Sinon, s’ils avancent encore, ce n’est pas bon. Djibo n’est pas très loin de Ouagadougou. C’est juste 200 kilomètres de la capitale. »

Son cri d’alarme attirait, évidemment, des ennemis au député-maire. On disait qu’il était dans le viseur des djihadistes. À Ouagadougou, il n’était pas non plus le bienvenu partout. L’homme qui gérait Djibo depuis un quart de siècle était en fonction sous le régime de l’ancien président Blaise Compaoré. Il était député et maire sous la bannière de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), une formation dont il était vice-président.

Malgré les menaces, l’homme plein d’énergie n’a jamais été habité par la peur. Multipliant les actions sur le terrain. Dimanche, il revenait d’une tournée politique au nord lorsque son véhicule est tombé dans l’embuscade. Le chauffeur a tenté de faire demi-tour mais les rafales de kalach ont immobilisé le véhicule. Les assaillants ont exécuté les occupants. À bout portant.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 16:35.

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05 novembre 2019 à 6:28

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