Mélenchon, premier opposant à Macron ? Et si c’était plutôt Marine Le Pen ?

marine le pen

Les sondages se suivent et ne se ressemblent pas toujours, surtout lorsqu'on prend en compte ce menu détail : savoir ce que voteront les Français lors d’une élection présidentielle est autrement plus aisé que de quantifier les suffrages d’un scrutin législatif réparti sur 577 circonscriptions, ce n’est pas rien.

Au-delà du nombre de possibles voix, le mieux placé pour incarner l’opposition au Président sortant serait Jean-Luc Mélenchon, à en croire une enquête d’opinion commandée par BFM TV, ce jeudi 4 mai. Ainsi, le patron d’une France insoumise devenue NUPES, Nouvelle union populaire écologique et sociale (et plus si affinités ?), bénéficierait d’une cote de 37 %, Marine Le Pen ne pointant qu’en deuxième place, avec 33 %. Tandis que le bloc macroniste tiendrait bon, autour des 30 %. Derrière, le désert, 3 % des sondés estimant que les LR seraient de meilleurs opposants, 6 % jugeant que cette place reviendrait à Éric Zemmour.

Voilà qui nous dit beaucoup d’une France désormais divisée en trois blocs de globale importance. En haut, bourgeoisie de centre gauche et de centre droit pour Macron : soit les gagnants de la mondialisation. Au milieu, pour Mélenchon, des immigrés et des classes intermédiaires, principalement composées de fonctionnaires, ayant encore les moyens de composer avec cette même mondialisation, puisqu'elles sont souvent protégées par leur statut de service public. En bas de la pyramide sociale, Marine Le Pen, le peuple des artisans, des petits entrepreneurs et des smicards, pour lesquels la mondialisation n’est rien d’autre qu’un cauchemar quotidien. Lors de cette élection présidentielle, les deux premiers blocs ont démontré qu’ils savaient faire front contre le troisième, quitte à s’affronter ensuite, fût-ce à fleurets mouchetés, car participant peu ou prou du même système.

Dans ce premier sondage, Jean-Luc Mélenchon bénéficie indubitablement de la dynamique d’union qu’il a su imposer à gauche. Marine Le Pen a manifestement opté pour un autre choix, n’ignorant pas que « l’union », en politique, n’est pas toujours une fin en soi. La preuve par celle de la gauche. Avant 1981, le Parti socialiste avait littéralement dépouillé le Parti communiste. À droite, ce ne fut pas mieux, avec l’alliance entre UDF et RPR : cette UPF, lancée en 1990. Comme l’affirmait, non sans raison, le défunt Charles Pasqua : « Le RPR a apporté l’argent et les militants. Et l’UDF les idées. » Au bout du compte, ce pilier du chiraquisme a rallié Édouard Balladur dès 1994, pactisant ainsi avec le frère ennemi centriste. Un an plus tard, Jacques Chirac, une fois parvenu à l’Élysée, préférait nommer Alain Juppé plutôt que Philippe Séguin à Matignon, enterrant ainsi ce qui demeurait de gaullisme au RPR, tout en prenant acte de la victoire idéologique d’une UDF dont Emmanuel Macron est aujourd’hui l’enfant, à la fois terrible et naturel.

Ce sera donc du chacun chez soi et, surtout, du chacun pour soi. Le pari est risqué, mais se tient, à en croire un autre sondage publié par Harris Interactive, ce 4 mai. Certes, LREM disposerait de la majorité absolue dans la majeure partie des cas de figure, avec entre 338 et 378 sièges. Une union entre RN/Reconquête/DLF enverrait entre 110 et 140 députés « patriotes » à l’Assemblée nationale. Dans le cas contraire, un Rassemblement national courant sous ses propres couleurs pourrait conquérir entre 65 et 95 sièges. Le pari de l’état-major mariniste ? Estimer que l’électorat zemmourien reviendra à la case départ, celle de l’aile droite des LR et de la nébuleuse Sens commun issue de la Manif pour tous. Celle qui n’a jamais véritablement réussi à concrétiser les espoirs pourtant mis en ses mobilisations hors normes, tels les meetings du Trocadéro, successivement organisés pour François Fillon et Éric Zemmour. La preuve, Philippe de Villiers a déjà regagné son parc vendéen, au même titre que nombre des proches et premier soutiens du polémiste. Même Marion Maréchal songerait à ne pas se représenter, tandis que le patron du mouvement, le fameux « Z », continue de se tâter. Comme quoi, la politique est aussi un véritable métier qui ne s’apprend évidemment pas au débotté.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

86 commentaires

  1. MLP, le principal opposant ?
    Laisser moi rire !
    Au liieu de se placer en tant que tête de file de la droite, elle nous fait une crise d’égo. Si elle veut attirer les « Reconquête! » il faut qu’elle mette un peu d’eau dans son vin.
    Avec sa stratégie actuelle, elle va se retrouver avec 5 députés, moins que le partie communiste moribond !
    Le FN-RN fait toujours un refus d’obstacle lorsque le pouvoir se présente.

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