Meetings permis et concerts interdits : ces artistes qui veulent transformer leurs concerts en meetings…

juilen doré

À dinguerie, dinguerie et demie : Jean Castex vient d’annoncer, ce lundi 27 décembre, que les meetings politiques ne seraient pas soumis à la jauge réglementaire alors que les concerts auront vocation à l’être. Résultat, certains artistes entendent changer de braquet : leurs concerts ne seront plus des concerts, mais des… meetings politiques. Bête comme chou, il suffisait d’y penser.

Mais, pour cela, il faut être candidat à la magistrature suprême. Rien de plus simple : à partir du moment où Anne Hidalgo et Christiane Taubira s’y précipitent, pourquoi pas d'autres personnes qui n'ont guère démérité ? Ces artistes que la gauche fait mine de tant chérir, par exemple. D’où les toutes récentes ambitions présidentielles de Julien Doré, Grand Corps Malade, Hoshi et Eddy de Pretto. Rien que du velours pour le mélomane.


Certes, aucun de ces quatre futurs champions n’a forcément la carrure de la fonction mais, comparés à Hélène Thouy, la candidate du Parti animaliste, pourquoi pas ?

Revenons-en à notre quatuor de tête : le premier est un chanteur de radio-crochet, le deuxième slameur à béquilles, tandis que les deux autres font figure de têtes de gondole pour foire à l’andouille à la supérette du coin. Le génie musical n’est évidemment pas toujours au rendez-vous, mais peu importe, Libération et Télérama adorent. C’est l’essentiel.


Entre-temps, la tournée du rappeur Orelsan est déjà annulée, quoiqu’il ne soit pas encore candidat à l’Élysée, mais voilà qui ne saurait tarder. Après tout, d’autres ont tenté l’aventure : Marcel Barbu (1965) et Aguigui Mouna (André Dupont, à l’état civil) qui, en mai 68, à peine plus modeste mais tout de même plus drôle, entendait se faire couronner sous le titre d’« empereur débilissime Aguigui Ier ». C’est dire le niveau, qui ne s’est objectivement pas élevé depuis.

Ensuite, quoi qu’on puisse penser de la politique sanitaire du gouvernement, juger qu’il en fasse trop ou pas assez, un fait demeure : ce sont nos libertés qui, à chaque nouvelle mesure, se voient réduites à peau de chagrin, et ce, bien au-delà des peurs supposées des uns ou des bravades des autres.

En ce sens, la réponse (pour rire, on l'aura deviné ; enfin, on imagine) de nos artistes – pas forcément les meilleurs du troupeau – n’est pas non plus sans pertinence. La politique vaudrait-elle plus que l’art ? De qui, d’Emmanuel Macron ou de Molière, se souviendra-t-on dans les siècles à venir, même si Julien Doré n’est pas exactement Jean-Baptiste Lully ? Il y a là matière à réfléchir sur ce que les Français veulent que notre monde devienne ou ne devienne pas : société du risque ou du confort, entre peur de la mort et amour de la vie ? Chers lecteurs, vous avez une heure. Après, on ramasse les copies.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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