Me Goldnadel sur l’affaire Knoll : « Plus personne ne nie la forte réalité de l’antisémitisme islamique »

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Mardi 26 octobre s'ouvre, devant la cour d'assises de Paris, le procès des deux hommes accusés du meurtre à caractère antisémite de Mireille Knoll, en 2018. Maître William-Gilles Goldnadel, avocat de la partie civile, espère que la perpétuité sera requise pour ce crime crapuleux.

Vous êtes avocat des parties civiles pour le procès de Mireille Knoll. Quel est l’enjeu de ce procès ?

Pour les parties civiles, l’enjeu premier est d’obtenir un châtiment extrêmement sévère pour les coauteurs de ce crime abominable. L’enjeu idéologique qui existait dans d’autres affaires concernant l’antisémitisme islamique est moins prégnant aujourd’hui, car à part les sourds et les aveugles, plus personne ne nie la forte réalité de l’antisémitisme islamique, qui aujourd’hui est celui qui tue en France. Quand j’en parlais il y a vingt ans, je sentais le soufre ! Maintenant, ce n’est plus la peine d’insister sur ce point, sous le coup de boutoir des tristes réalités. La dénégation qui a été faite pendant plusieurs années a peut-être empêché, justement, de pouvoir combattre efficacement ce fléau. On est sur le terrain de l’antisémitisme crapuleux, ou de la crapulerie antisémite, c’est comme vous voulez.
Ce n’est pas Mohammed Merah qui entre dans une école à Toulouse pour assassiner les enfants juifs. On est beaucoup plus proche de ces moujiks qui s’enivraient de vodka et pillaient les biens juifs dans le cadre de pogroms en Russie, tout en disant qu’ils s’en prenaient au peuple déicide. Ce n’est pas un antisémitisme intellectuel très raffiné… Yacine Mihoub n’est pas Léon Daudet ! C’est de la crapulerie antisémite. Les Juifs ont de l’argent, ils sont méchants, ils tuent des Palestiniens, ils tiennent tout entre leurs mains, la Shoah n’existe pas : c’est exactement ce que professe Yacine Mihoub.

Peut-on mettre ce crime dans la même catégorie que celui de Sarah Halimi ?

L’affaire Mireille Knoll est l'anti-affaire Sarah Halimi.
Dans l’affaire Sarah Halimi, je suis tombé sur une juge qui n’a jamais voulu me rencontrer, n’a jamais montré la moindre empathie à l’égard de la famille de la victime et a agi, à mon avis, en dépit du bon sens, dans un cadre sociologique où personne ne s’est occupé de cela, y compris le CRIF. En effet, nous étions dans une période électorale et il ne fallait pas favoriser une candidate par rapport à un candidat.
Dans l’affaire Mireille Knoll, c’est tout à fait le contraire. La police et la Justice françaises ont agi avec efficacité et célérité. Les juges d’instruction ont agi à charge et à décharge. Ni les parties civiles ni la défense ne se sont plaintes de quoi que ce soit. Le peuple français s’est comporté avec beaucoup de compassion. Il y a eu une manifestation unitaire de tous les partis confondus. Mireille Knoll a un peu été la grand-mère assassinée de tous les Français, et pas seulement de la communauté juive.

Quelle peine vous semblerait la plus juste pour les auteurs de ce crime ?

Compte tenu qu’il n’y a plus la peine de mort, je ne vois que la perpétuité réelle.

Jean Bexon
Jean Bexon
Journaliste

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