Matteo Gaduelo : « Tous ces migrants de Calabre sont exploités par un réseau de criminels locaux et africains »

Matteo Gaduelo décrypte, au micro de Boulevard Voltaire, les dessous de la saisie des comptes de la Ligue par la justice italienne ainsi que l'action de Matteo Salvini, notamment sur les liens entre immigration clandestine et mafia en Calabre.

Nous avons appris, dans la presse italienne, que les comptes de la Ligue ont été gelés par décision de justice. Cette affaire n’est pas sans rappeler celle qui concerne le Rassemblement national en France. Qu'en est-il exactement ?

Cette affaire date de 2012. Matteo Salvini n’était pas encore secrétaire de la Ligue. Le responsable des comptes et des finances de la Ligue aurait effectué des investissements dans des fonds immobiliers en utilisant de l’argent issu de remboursements de résultats électoraux.

Selon vous, il s'agirait donc plus du fait d'agissements d’une personne isolée plutôt que du fait de l’ensemble de la Ligue et de Matteo Salvini lui-même.

Tout à fait. Nous pouvons dire que Francesco Belsito était un peu l’architecte des mouvements financiers de la Ligue. La famille d'Umberto Bossi, et en particulier ses deux fils, Renzo et Ricardo, a pu, elle aussi, profiter de l’argent du parti pour leurs dépenses personnelles.

Nous avons vu Matteo Salvini se baigner dans la piscine de la maison confisquée à un parrain de la mafia. Qu'a-t-il voulu montrer ?

Après avoir entendu la nouvelle de la suppression de la totalité des comptes bancaires du parti par la justice, Matteo Salvini a demandé audience au président de la République pour se plaindre de cette incapacité à maîtriser ses propres finances, ce qui revient à l'impossibilité de faire de la politique. Cette rencontre a été acceptée. Mais le sujet n'a pas été abordé, car le président ne souhaitait pas aborder ce thème.
Matteo Salvini, pendant son déplacement en Calabre dans la province de Reggio de Calabre, à la pointe de la botte où il allait visiter des champs d’oranges, a inauguré un nouveau poste de police. Ce poste est installé dans un bien immobilier confisqué à la mafia. Il a mis à disposition du service public, et ici des forces de l’ordre, un bien confisqué aux organisations criminelles calabraises.

Les travailleurs des champs d’oranges seraient des migrants. Le trafic des migrants favorise-t-il l’exploitation?

C’est, en tout cas, la thèse de Matteo Salvini.
La visite à San Ferdinando, toujours dans la région de Reggio de Calabre, permet au ministre des Affaires intérieures de reconnaître l’évidence. Ces champs ne sont autre qu'un rassemblement de tentes et de constructions improvisées. Les migrants y stationnent le temps de la saison des oranges et, ensuite, se déplacent dans d’autres régions comme la région des Pouilles pour la récolte des tomates.
Tous ces travailleurs sont d’origine africaine. Ils sont exploités par un réseau criminel composé à la fois de criminels locaux et de caporaux africains qui réunissent cette main-d’œuvre à très bas coût. Il s'agit, évidemment, d'une mauvaise concurrence à la main-d’œuvre locale.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:39.

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