Marine Le Pen compte sur les jeunes pour mener à bien sa réforme des retraites

Selon un sondage Elabe Opinion 2022 pour BFM TV, L'Express et SFR, paru le 26 janvier dernier, la question des retraites apparaît comme la thématique centrale de l'élection présidentielle pour 21 % des Français. Un pourcentage qui classe cette préoccupation en sixième position et en fait donc un sujet à ne pas négliger pour les candidats. Depuis quelques jours, d’ailleurs, la réforme des retraites a la part belle dans les débats de cette campagne d’entre deux tours, les deux candidats finalistes défendant des positions opposées sur ce sujet. Très critiqué pour son ambition de repousser progressivement l'âge légal de la retraite de 62 à 65 ans, Emmanuel Macron a nuancé ses propos, ce lundi, se disant finalement prêt à « bouger » sur sa position, lors d’un déplacement dans le Pas-de-Calais. Un revirement d’autant plus étonnant que cette proposition du Président-candidat faisait partie des éléments non négociables de son programme. Marine Le Pen n’a pas manqué l’occasion de tacler son concurrent, qualifiant le « flou » de son programme et montrant ainsi une nouvelle « preuve de mépris à l’égard des Français ».

La candidate du Rassemblement national se targue, quant à elle, d’avoir un programme de retraites « chiffré » et « réaliste ». Un programme bâti autour de l’équité, et non de l’égalité, c’est-à-dire qu’il prendrait en considération l’âge de début de la vie professionnelle de chacun et établirait l’âge de son départ à la retraite en fonction de cette donnée. Les retraites seraient réindexées sur l’inflation, afin que ceux qui ont travaillé toute leur vie ne voient pas leur pouvoir d’achat pénalisé. Un minimum vieillesse serait établi à 1.000 euros par mois, et la demi-part fiscale en faveur des veufs serait restaurée. Autant de mesures que Marine Le Pen chiffre à 9,6 milliards d'euros de dépenses supplémentaires par an à partir de 2027. Et la candidate de détailler la manière dont elle financera son projet, soulignant notamment la lutte contre la submersion migratoire, les fraudes sociales et l’assistanat, ainsi que la traque des fraudes fiscales, de l’évasion fiscale internationale, de la délinquance en col blanc, etc.

Le rôle des jeunes dans la réforme des retraites

Pour ce qui est des travailleurs, la candidate entend augmenter le taux d’activité des jeunes et créer des conditions de travail telles que « les jeunes Français s’enracinent avec confiance dans leur pays », qu’ils fondent en France « leur entreprise et leur famille ». Une manière de redynamiser le marché du travail et d’inciter les jeunes talents à s’implanter en France, pour assurer leur prospérité actuelle et future. Cela, couplé à « l’arrêt de l’immigration qui permettra a minima 18 milliards d’économies par an ». On retrouve dans ce projet la préférence nationale prônée par le RN depuis de nombreuses années, qui vise à produire en France, et pour les Français.

À la lecture de cette réforme des retraites, un élément semble cependant manquer à l’appel : celui de la natalité. Le projet est pourtant présent dans le programme de Marine Le Pen, qui n’est pas sans savoir que la démographie d’un pays garantit sa pérennité, notamment économique. Elle l’évoque, d’ailleurs, dans son livret thématique sur la famille, affirmant de façon claire : « Notre modèle social, à commencer par notre système de retraites par répartition, repose sur deux piliers : l’emploi et la démographie. » Et de mettre en balance l’immigration et la natalité, avec une évidente préférence pour la seconde : « Choisir l’immigration, ce serait considérer que les êtres humains sont interchangeables, réductibles à des statistiques économiques. À l’inverse, faire le choix de la natalité, c’est s’engager à assurer la continuité de la nation, et la perpétuation de notre civilisation. Quelle nation pourrait donc imaginer se projeter dans l’avenir en étant incapable d’assurer à ses jeunes générations un niveau de protection suffisant pour élever sereinement leurs enfants ? »

Pourquoi, dès lors, ne pas insister sur cet aspect en évoquant les retraites ? Cette politique familiale, qu’elle promet d’ailleurs de mettre en œuvre en proposant aux familles un prêt auprès de l'État de 100.000 euros qui ne sera plus à rembourser à partir du troisième enfant, est l’un des volets majeurs qui la différencie de la gauche, et surtout le pilier incontournable d’un nouveau départ pour le marché du travail français. Préférer les jeunes travailleurs français est une chose, encore faudrait-il qu’il y en ait suffisamment.

Imprimer, enregistrer ou envoyer cet article