Marginalisation : faut-il y revenir ?
La maladie infantile du nationalisme français, c’est la groupuscularisation.
Il aura fallu plusieurs décennies pour s’en écarter, pour délaisser les postures jusqu'au-boutistes, les références sulfureuses, les nostalgies déplacées ou vaines, les appréciations à la hache ou les attitudes choquantes.
1972-2011 : l’émergence
Quoi qu’en disent ses détracteurs, Jean-Marie Le Pen en aura été le premier artisan et aura conduit le mouvement du néant électoral à 17 % des voix. Il aura eu la prescience de voir dans l’élection présidentielle, non seulement une tribune pour les idées nationales, mais une occasion de tirer vers les institutions républicaines notre famille politique. Il aura domestiqué les différentes chapelles souvent turbulentes, parfois irréalistes, dont certaines oniriquement passéistes ; il aura mobilisé et coordonné non sans mal les énergies de notre milieu, des énergies parfois mal utilisées ou même inutilisées ; il aura réorienté les logiques politiques improductives, voire contre-productives, pour une prise en compte du réel et des analyses qui font, aujourd’hui, figure de prophéties. Du fait de son tempérament et sans doute de certaines maladresses personnelles ou politiques dont on ne saura jamais si elles ont été volontaires, il aura échoué à aller au bout de la démarginalisation du mouvement, s’opposant même, par une vision féodale du fonctionnement interne, à une opportune refondation que l’appareil réclamait en 1998.
2011-2022 : la conquête du pouvoir
Marine devenue présidente mena à son terme, en dix ans, cette évolution par un inévitable aggiornamento, par des clarifications salutaires, par un travail de fond, par l’unification de la doctrine et par l’introduction de thématiques aujourd’hui centrales dans le débat politique, comme la laïcité, le patriotisme économique ou le localisme. Adhérant sans l’ombre d’une ambiguïté aux principes républicains, c’est-à-dire à une démarche institutionnelle, elle mit fin aux attitudes folkloriques, aux propos douteux, aux outrances. Elle arrima le FN devenu RN à une logique de gouvernement dont la réussite de la gestion municipale des maires RN témoigne aujourd’hui sans conteste.
Plus largement, l’histoire du FN puis du RN procède de l’affirmation d’un courant politique comme force autonome, agissant de son propre chef, rythmant le débat public et, surtout, capable de créer des concepts politiques propres que ses militants et cadres parviennent à imposer dans la sphère politique et sociale.
Gardons-nous des tentations mortelles
Et voilà qu’au moment où les nationaux sont en passe de l’emporter, de réaliser ce qui était inimaginable en 1972, certains membres de notre famille politique sont repris par les démangeaisons groupusculaires, par les tentations de petites boutiques ou, de manière plus anachronique encore, par le désespérant complexe du supplétif : les uns croient ainsi devoir renouer avec des discours extrêmes, pensant faussement qu’on entend mieux ceux qui hurlent. D’autres se désespèrent de ne pas être reconnus par LR et se voient aisément en porteur d’eau de ce conglomérat hétéroclite en voie d’effacement ; les troisièmes se murent dans une boudeuse abstention qu’eux seuls croient révolutionnaire et porteuse de solutions ; les derniers, déjà morts sans avoir combattu, psalmodient un pathétique « on va perdre ».
Une seule voie : l’unité dans l’action
Des contre-signes ne trompent pas et nous indiquent indirectement la voie à suivre.
Les porte-parole de LREM s’échinent à nous qualifier de « FN », validant ainsi, en creux, le choix de notre refondation et de notre changement de nom. Les journalistes engagés contre nous tendent le micro avec l’espoir de nous voir redevenir la caricature qu’ils voudraient qu’on soit. Marine l’a affirmé avec juste raison : « Nous ne reviendrons pas au "Front national ! »
Sur le fond, la ligne politique de Marine n’a rien cédé, ni sur la mondialisation, ni sur la submersion migratoire, ni sur la souveraineté, ni sur les valeurs. Elle s’est efforcée de rendre politiquement et juridiquement possible le projet national avec l’ambition, non pas de retourner à la France du XIXe siècle ou même du XXe, mais de concevoir la France du troisième millénaire autour de l’idée de nation, plus actuelle que jamais.
Que les amoureux de l’Histoire de France qui peuplent nos rangs se souviennent que Vercingétorix, engagé contre un empire hégémonique à visée mondiale, succomba des atermoiements des tribus gauloises de renfort qui finirent par rallier trop tard.
Notre chère patrie n’a plus le temps des rendez-vous manqués.
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