Manuel Valls n'aime pas « la France de Zemmour et d'Assa Traoré » mais n'en a, paraît-il, « pas fini avec son pays ». Ainsi, donc, comme il le confie au Point, celui qui a marqué le quinquennat de Hollande se verrait bien revenir le temps d'une campagne présidentielle. Et espère bien opérer une sorte de « remontada » dans le paysage politique.

Car la France, il l'aime. Même s'il l'a quittée le temps d'une escapade à une époque où les Français ne voulaient plus de lui. L'occasion de « tenter le coup » à la mairie de Barcelone, le temps d'une défaite. Alors, tel un mari volage et repentant, Manuel Valls revient au bercail avec son nouvel ouvrage, Pas une goutte de sang français. Mais la France coule dans mes veines, dans lequel il explique avoir ouvert les yeux et appris de son échec. Il fait amende honorable, histoire de reconquérir les âmes : « Avec le recul que m'ont apporté ces années à Barcelone, j'ai acquis cette certitude : je suis français. »

Quel souvenir Manuel Valls aura-t-il laissé à ses concitoyens, précisément ? À Évry, ville qu'il a dirigée le temps de deux mandats, la note restera salée : nette augmentation de la fiscalité et explosion des dépenses de personnels, selon la Cour des comptes. En tant que ministre de l'Intérieur, « l'homme à poigne », celui qui déplorait le manque de « blancos », qui luttera contre une certaine forme d'islamisme, l'ennemi des Roms « qui ont vocation à rester en Roumanie ou en Bulgarie ou à y retourner » aura finalement laissé entrer dans le pays plus de clandestins régularisés que sous le gouvernement précédent.

Sur le plan des fidélités politiques, pas de quoi être fier. Dès le lendemain des primaires socialistes de 2017, Manuel Valls, mauvais perdant, plantera allègrement Benoît Hamon, reniant ses engagements pour se jeter dans les bras du nouvel Emmanuel Macron. Une trahison qui lui vaudra de garder son siège à l'Assemblée nationale.

Ses relations à la religion sont plus que complexes : Manuel Valls n'est pas ce qu'on pourrait appeler un enfant de chœur. Il n'est pas passé loin, pourtant : né d'un grand-père conservateur catholique, il a fréquenté l'église jusqu'à son adolescence. Sa sœur Giovanna l'aurait bien vu « curé », si on en croit sa déclaration stupéfiante aux journalistes Jacques Hennen et Gilles Verdez (Manuel Valls, les secrets d'un destin) : « Manuel voulait combattre, il voulait réaliser quelque chose d'important […] Nous allions à la messe le dimanche, je me suis demandé si Manuel n'allait pas faire le séminaire. Mais cela s'est arrêté, il est rentré au parti socialiste. »

L'intéressé explique les choses autrement et partage avec Benoît Hamon une certaine reconnaissance envers l'école de la République qui l'aura aidé à se débarrasser de sa foi. Pour certains, c'est là qu'il faut comprendre cette soi-disant volonté de « laïcité de dialogue » qu'on lui prête.

Car en matière de dialogue, Manuel Valls n'est pas un tendre. Les militants de la Manif pour tous doivent se souvenir de ses manières brutales avec lesquelles il les a traités. Mais c'est son coup de sang à l'Assemblée nationale contre la jeune députée Marion Maréchal qui restera indélébile, lorsqu'il l'invective : « Vous n'êtes ni la République ni la France. » Car ce jour-là, la France découvrait le vrai visage de Manuel Valls.

Selon ses biographes cités plus haut, « son histoire, c'est la hantise de l'extrême droite : il incarne la gauche, l'ordre, les valeurs. » On l'avait compris. Encore faut-il que les Français gardent bien cela en mémoire…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 23/03/2021 à 18:11.

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20 mars 2021 à 21:01

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