Grandes épidémies du passé : ce texte de Victor Hugo sur le choléra qui pourrait être bien utile au gouvernement

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Notre époque, sûre d'elle-même et oublieuse des épreuves et des leçons du passé, se trouve démunie face à la pandémie de Covid-19. En ces temps de reconfinement, allons chercher dans les œuvres du passé des raisons de comprendre, d'espérer, de résister. Si vous aussi, au détour de vos lectures des grands ou des petits auteurs du passé, vous tombez sur des passages étonnants sur la façon dont nos ancêtres ont vécu les épidémies du passé, envoyez-les nous ! A l'heure où l'on ne sait pas si ce 3e confinement se fera avec ou sans attestation, cela pourrait être très utile à tous. Y compris au gouvernement. D'aujourd'hui et de demain.

Victor Hugo, dans son ouvrage Choses vues, raconte qu’il visite la Conciergerie en septembre 1846, la fameuse prison de Paris. Le directeur, averti de la présence de l’académicien, lui fit visiter les lieux et la conversation se prolongea au sujet de la santé des prisonniers et prisonnières :

« - Je n’ai presque jamais de malades, me dit-il. D’abord les prisonniers ne font que passer ici. Ils viennent pour être jugés, et s’en vont tout de suite acquittés, en liberté ; condamnés, à leur destination. Tant qu’ils sont ici, l’attente de leur jugement les tient dans une surexcitation qui ne laisse place à rien autre chose. Ah bien, oui ! Ils ont bien le temps d’être malades ! Ils ont une autre fièvre que la fièvre !
À l’époque du choléra, qui était aussi la grande époque des émeutes, j’avais ici sept cents prisonniers. Il y en avait partout, dans les guichets, dans les greffes, dans les avant-greffes, dans les cours, sur les lits, sur la paille, sur le pavé. Je disais : - Bon Dieu ! Pourvu que le choléra ne remette pas dans tout ça !
- Monsieur, je n’ai jamais eu un malade !
Il y a certainement un enseignement dans ces faits. Il est prouvé qu’une préoccupation énergique préserve de toute maladie. Dans les temps de peste, sans négliger les procédés d’assainissement et d’hygiène, il faudrait distraire le peuple par de grandes fêtes, de grands spectacles, de grandes émotions. Personne ne s’occupant de l’épidémie, elle s’évanouirait. »

Victor Hugo.

René Moniot-Beaumont
René Moniot-Beaumont
Littérateur de la mer

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