Macron devant le Parlement européen : contradictoire, provocateur et électoraliste

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« Je souhaite actualiser la charte européenne pour intégrer l’environnement et le droit à l’avortement », a déclaré Emmanuel Macron au Parlement européen à Strasbourg. Décidément, le paradoxe, la contradiction, la thèse et l’antithèse, bref, le en même temps jusqu’à l’absurde, habitent notre Président. D’aucuns, comme l’historien Pierre Serna, qualifient ce macronisme d’extrême centre, et on voit assez bien l’idée.

Paradoxal de fracturer l’Europe - après avoir fracturé la France -, quand on est un eurolâtre patenté et le thuriféraire en chef de l’Union européenne ? Car qui peut imaginer un instant que la Hongrie, la Pologne et Malte pourraient accepter une telle sacralisation de l’IVG sans broncher ? À brutaliser des peuples et des gouvernements démocratiquement élus, cherche-t-il à provoquer le Polexit, le Maltexit, le Hongrexit ?

Paradoxal de choisir le Parlement européen pour faire sa campagne électorale franco-française : car c’est bien d’un clin d’œil à la gauche qu'il s’agit. La gauche qui, faute de social, mangera bien un peu de sociétal, comme elle le fait, contrainte et forcée - mariage pour tous, PMA… - depuis des années. C’est tellement simple et à peu de frais.

Paradoxale, cette sacralisation de l’avortement quant on vient de célébrer les mérites de l’inclusion des handicapés, qu’a semblé mettre en doute - horresco referens - le candidat Zemmour. Je l’ai écrit il y a quelques jours dans ces colonnes : la possibilité offerte par la loi, à travers l’IMG, de supprimer les bébés handicapés in utero jusque dans les derniers jours de la grossesse est-elle vraiment « inclusive » ?

Paradoxal de proclamer les violences faites aux femmes la grande cause du quinquennat et de prétendre inscrire dans le marbre européen l’avortement comme droit fondamental, quand on sait qu’il est la cause, en Inde, en Chine ou au Pakistan, mais aussi à présent sous nos latitudes, d’un gigantesque féminicide silencieux : plus de quatre millions de filles manqueront à l’appel d’ici la fin de la décennie, rapportait Courrier international, en 2022. L’avortement sexo-sélectif est interdit en Europe, m’a rétorqué, il y a quelques heures, sur CNews, Gérard Leclerc. La bonne blague ! Depuis que la condition de détresse, présente dans la loi Veil de 1975, a été supprimée (août 2014), une femme n’a plus à justifier la raison de son IVG. Qui peut donc être le sexe de son enfant.

Paradoxal de vouloir promouvoir, dans une même phrase, à la fois « l’environnement » - traduction sémantique et anthropologique chrétienne de l’écologie, puisque l'environnement est par essence relatif, par rapport à un point central qui est l'homme - et l’avortement. L’espèce humaine serait donc la seule à ne pas avoir le droit à être protégée par l'écologie, quand la raison d'être de l'écologie est pourtant de permettre à l'homme de mieux vivre ?

Paradoxal, enfin et surtout, de préconiser, pour un continent vieillissant, qui crève de ne pas avoir d'enfants au point que ses gouvernants, comme en Allemagne, se disent parfois forcés d'importer ceux des autres, une mesure favorisant toujours moins de natalité.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

57 commentaires

  1. Vouloir à tout prix favoriser l’avortement, l’imposer aux pays qui n’en veulent pas, et en même temps, en France, ne pas vouloir s’occuper de l’instruction des petits handicapés, cela ne s’appellerait-il pas de l’eugénisme ?
    On jette à la poubelle les mal formés, les autistes, les mongoliens, etc., et on économise les instituts spécialisés pour les accueillir.

  2. Une réélection de Macron accentuera la propension du chacun pour soi, les trois quart des français qui ne l’auront pas voulu, mais dont une partie aura cependant voté pour lui et par défaut, rejetterons sa présidence cette fois ci totalement débridée puisque interdisant à priori un 3ème mandat. Après le quoi qu’il en coute insensé et incontrôlé, générateur de fraude, la rigueur risque fort de surprendre les plus ingénus et d’accentuer sensiblement un marché noir synonyme de survie.

  3. Il est clair que ce combat et d’une première importance. Nous aurions préféré la défense de nos frontières, la lutte contre l’Islamisme, et la valorisation des valeurs primordiales de l’Europe…

  4. Il se félicite que la Charte ait supprimé la peine de Mort…
    « En même temps », il prône l’avortement !
    Allez comprendre !

    • Et la PMA en attendant la GPA …. La natalité c’est pour les immigrés et les étrangers, l’avortement c’est pour les européens. Et qu’ils ne se plaignent pas, ils ont la PMA et la GPA (bientôt en vente libre ans votre supermarché)

  5. Si mes souvenirs sont exacts, il me semble que Macron n’a jamais débattu avec aucun de ses opposants politiques excepté ce débat truqué d’entre 2 tours, orchestré par un Jakubyszyn timoré et une St Cricq haineuse, tous deux acquis à sa cause. Certes Marine fut peu glorieuse mais qui l’eut été face à ce simulacre de débat. Hier en quelques mots 3 députés français ont sans filtres, su déstabiliser le chantre du monologue ciselé et de l’interview arrangée.

  6. Il vaudrait mieux aider les femmes ou les couples dans la détresse avec un soutien moral ou économique que de proposer un avortement dont il vaudrait mieux, en tout cas, réduire le délai légal que de le prolonger. J’encourage tout le monde à soutenir les médecins qui refusent de pratiquer des avortements. En les obligeant à de tels actes, on les rend parjures.

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