Londres, Boris Johnson face aux frondeurs

Boris Johnson

Au moment où j’écris ces lignes, le prénom du nouveau bébé de Bojo étant encore l’objet de paris chez les bookmakers : Charlotte, Joséphine ou Sephira en tête, ou même Maggie - allusion à Margaret Thatcher ; mais ce qui pouvait apparaître comme un contre-feu à cette annus horribilis pour Boris, a été balayé par la démission de David Frost, le secrétaire d’État chargé du Brexit. Les appels demandant à Boris Johnson de se reprendre ​se multipliaient dans les rangs du parti Tories. « C’est un coup dévastateur »​, a lancé sur Times Radio le député Andrew Bridgen. Pour ce brexiteur de toujours, « il est temps de penser à l’avenir de Boris Johnson qui ​manque désormais d’amis pour tenir ses promesses » ​.

Cette démission ferait presque oublier ce dont tout le monde parlait : la fête de Noël secrète tenue l’année dernière dans 10 Downing Street, apparemment au mépris de la réglementation du confinement et du masque. Mieux un cliché de mai 2020 qui montre le Premier ministre en train de boire un verre avec ses collaborateurs de Downing Street vient de ressortir dans la presse. Période où était cessé régner un confinement strict et où les regroupements étaient interdits. « Cette histoire ne tient pas debout » selon le journaliste anglais James Delingpole. Pourquoi ne sort-elle que maintenant ?

« But still I smell a rat », ajoute le journaliste conservateur et libertarien, ce qui veut dire qu’il y a anguille sous roche. « Cela fait partie de l’opération en cours pour évincer Boris Johnson comme premier ministre, » poursuit-il, « Il se peut même qu’il en ait assez et qu’il veuille que cela se produise de toute façon. Mais aucune consolation ne doit en être tirée. Celui qui le remplacera sera au moins aussi mauvais sinon pire. »

Déjà Mardi 14 décembre, 99 des 361 députés conservateurs ont rejeté son « plan Covid » ​et l’instauration d’un passe sanitaire. Finalement voté grâce à l’apport de l’opposition travailliste, face à l’irrépressible montée du variant Omicron.

Et, depuis jeudi 16 décembre, une défaite électorale subie par le Parti conservateur dans l’un de ses fiefs ! La circonscription rurale du North Shropshire (centre), acquise aux conservateurs depuis 1832 ! Le député sortant, Owen Paterson, avait dû démissionner après un scandale, ce qui explique peut-être le résultat. Vote sanction d’électeurs ulcérés par le soutien aveugle de BoJo ​ envers son ami Owen Paterson, ​l’ex-député local, épinglé pour corruption.

Il suffirait de cinquante-quatre sur les 361 députés conservateurs demandent une motion de défiance auprès du Comité 1922, qui réunit les parlementaires de la majorité pour mettre en péril Boris Johnson. Heureusement seul Roger Gale (Kent) a déjà envoyé sa lettre​​. « Le régicide est dans l’ADN du parti, mais un peu de loyauté envers celui a décroché une majorité de 83 sièges (au Parlement) et obtenu le Brexit ne ferait pas de mal » , a protesté Nadine Dorries. À peine la secrétaire d’État à la Culture avait-elle posté ce message, sur un groupe WhatsApp qui fédère une centaine de conservateurs, qu’elle s’en faisait exclure. […] Pourquoi tant de haine ? » Questionne habilement notre consœur Cécile RÉTO de Ouest-France.

Les autres hésitent. « Renverser le Premier ministre et convoquer de nouvelles élections, en pleine pandémie, serait déraisonnable »​, répète à tous le député Charles Walker. D’après les derniers sondages ce serait un suicide collectif pour les conservateurs.

« L’affaire de la fête de Noël secrète « est conçue pour susciter l’indignation du public au sujet des infractions aux restrictions : les gens qui sont vraiment ciblés sont ceux qui aujourd’hui refusent masques, vaccins et confinement », renchérit James Delingpole.

« Il s’agit d’un test conçu avec l’aide astucieuse de la batterie de spécialistes du comportement (behavioural scientists). L’idée serait de mesurer le niveau d’acceptation des restrictions sanitaires et jusqu’où il peut pousser la prochaine étape de sa progression inexorable vers la tyrannie de l’État en matière de biosécurité. » Le libertarien Delingpole pousse peut-être le bouchon un peu loin, isn’it ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/12/2021 à 0:32.
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Thierry Martin
Auteur, dirigeant d’entreprise, sociologue de formation

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