L’offense faite à Brigitte : Y a d’la samba dans l’air !

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Visiblement, y a non pas de la rumba mais de la samba dans l'air. La polémique autour de l’offense faite à Brigitte ira-t-elle jusqu’à la convocation d’une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies ? Une résolution est possible. Sauf erreur de notre part, ce serait la 2470e. Une de plus qui, elle, au moins, intéressera les journaux. Poutine, qui a offert des fleurs à Brigitte lors de sa visite à Brégançon, mettra-il son veto à cette résolution ? Et Trump, qui fait la bise à Brigitte qui fait la bise à Melania qui fait la bise à Emmanuel qui ne fait pas la bise à Donald, et Trump, donc, que fera-t-il ? Débat cornélien en perspective sous la tignasse dorée. Et le Chinois ? Et l’Anglais ? Et l’Allemande ? Ah non, pas l’Allemande. Du moins, c’est promis, pas pour tout de suite.

Emmanuel Macron, chef des armées, va-t-il ordonner que le porte-avions Charles-de-Gaulle, entouré du groupe aéronaval, se dépêche, sans délai, dans l’océan Atlantique pour pointer son nez au large de Rio de Janeiro ? Autrefois, on appelait ça la politique de la canonnière. La France a conquis l’Algérie pour un coup de chasse-mouches du dey d’Alger « inapproprié », comme on dit de nos jours. Alors, vous imaginez que l’offense faite à Brigitte, c’est autrement plus grave. Que Bolsonaro n’ait pas fait ses classes à Buckingham Palace, cela semble une évidence. Il y a des choses que l'on ne dit pas lorsqu'on est un gentilhomme. Certes, il paraît que les relations internationales ne s’apprennent pas dans les livres de la baronne de Rothschild ou dans les émissions de Stéphane Bern, mais quand même, il pourrait faire un effort, le danseur de samba ! Se moquer du physique de Mme Emmanuel Macron, née Brigitte Trogneux, cela ne se fait pas. On peut insulter un pays ; on peut même insulter les Français : la preuve par Macron. Mais pas Dame Macron.

Cependant, il semblerait que l’on va éviter la guerre, non pas parce que Brigitte Macron n’est pas la Belle Hélène, mais parce que Bolsonaro n’est pas le Brésil. La preuve : « Les Brésiliens s’excusent auprès de Brigitte Macron » (Le Huff). On ne va pas finasser : on ne dit pas « s’excusent » mais « présentent leurs excuses ». Mieux : « demandent de bien vouloir les excuser ». C’est, du reste, ce que titre 20 Minutes : « Les Brésiliens présentent leurs excuses à Brigitte Macron par Twitter. » Il serait d’ailleurs plus juste et exact d’écrire, comme le font la plupart des autres médias, « Des Brésiliens » plutôt que « Les Brésiliens ». 50.000 twittos ne font sans doute pas une nation, ou, tout du moins, pas encore. L’écrivain brésilien Paulo Coelho demande carrément pardon. Demander pardon pour les fautes qu’on n’a pas commises, ça marche bien, ça aussi. En Europe, on connaît ça par chœur depuis des années. Évidemment, un hashtag est lancé. Très important, le hashtag. C’est une sorte de nouvelle République des Lettres en 130 caractères qui s’affranchit des frontières.

En même temps, le hashtag permet de découvrir des choses que la presse nous avait cachées. Par exemple, d’un certain Breno Santiago : « M. Emmanuel Macron, Bolsonaro a été mis au pouvoir par des non-Brésiliens, il ne représente pas le Brésil et nous Brésiliens. » Théorie du complot à front renversé ? Plus curieux, d’un certain Bipolar : « Je m’excuse auprès de vous, malheureusement, nous avons un enfant au pouvoir ! » Ah, ces pays dirigés par des enfants, à qui le dites-vous, cher Bipolar !

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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