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Voici un nouveau livre sur le phénomène des HPI ou « hauts potentiels intellectuels » ou « surdoués ». Il a été co-écrit par une psychologue, un spécialiste des neurosciences et le célèbre pédopsychiatre Olivier Revol, tous trois spécialistes du sujet et de ces sujets.

Après les ouvrages de Jeanne Siaud-Facchin (Trop intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué) et de David Gourion et Séverine Leduc (Éloge des intelligences atypiques), encore un manuel de psychologie grand public sur un sujet à la mode ?

Non, ce livre, au-delà des concessions aux exigences éditoriales du moment (citations d'auteurs célèbres à toutes les pages, conseils psy pour savoir comment faire avec, etc.), apporte du nouveau dans la caractérisation du phénomène et de ces profils.

Le titre et le sous-titre Les Philo-cognitifs. Ils n'aiment que penser et penser autrement ont valeur de manifeste pour proposer une nouvelle terminologie et une conceptualisation plus affinée de ces profils. Les auteurs s'en expliquent de façon convaincante au début de l'ouvrage en pointant les insuffisances des termes « surdoué », « haut potentiel » ou encore « zèbre ». On peut saluer leur trouvaille de « philo-cognitif » qui s'imposera certainement dans le milieu scientifique. Le lexique grec disposait déjà d'un vocable disant l'amour du savoir : la philomathia, présent chez Platon par exemple, mais ce terme ne désignait pas un type de profil psycho-cognitif et il y avait un risque de confusion, en français, avec un éventuel « amour des mathématiques » avec la racine matheîn. Les auteurs ont donc judicieusement opté pour un néologisme bilingue grec-latin, comme le vocabulaire technique et médical en recèle déjà beaucoup : philo-cognitif, donc.

Mais le premier chapitre de l'ouvrage ne se borne pas à cette réflexion conceptuelle et décrit les trois « caractéristiques majeures » de ces individus à la pensée différente : l'hyperspéculation, l'hyperacuité et l'hyperlatence.

Le troisième grand acquis de l'ouvrage est la distinction fine et éclairante entre deux grandes familles de philo-cognitifs, car on pouvait parfois rester circonspect devant la diversité de profils et de comportements : l'expérience des auteurs et l'approche neuroscientifique leur ont permis de discriminer deux grands types de « philo-cognitifs ». Ceux qu'ils appellent, en s'inspirant de la mécanique des fluides, les « philo-complexes », et les « philo-laminaires ». Cette fois, leurs néologismes ne nous paraissent pas très parlants, même si la distinction et la description de ces deux familles est, elle, fondamentale. Les philo-complexes sont « pétillants, créatifs, magnétiques, une foule d'idées complexes, une perception aiguisée, des émotions à fleur de peau rendent leur vie intérieure passionnante, mais leurs relations avec leur environnement inégales ». Ce sont des « ouvreurs de voie » mais, vous l'aurez compris, pas les plus faciles à vivre ! Inversement, « on aime les philo-laminaires. Leur ouverture d'esprit, leur pondération, leur recherche perpétuelle de consensus. Ils pensent bien et ils pensent juste. Pas de fioritures. Solitaires, mais à l'aise en société, [...] ils sont les rois de la suggestion et de l'implicite. les piliers de toute organisation sociale. »

Vous lirez avec délectation les portraits chinois et les pages riches et denses consacrées à ces deux profils et vous y reconnaîtrez certainement tel ou tel. Ou vous-même !

Ce livre stimulant et novateur devrait aider les philo-cognitifs à mieux se connaître, leur entourage familial et professionnel à mieux les comprendre et les aider, mais sera aussi très utile dans le monde de l'entreprise, de l'université et de l'école pour mieux détecter les talents et leur permettre de s'épanouir. Au bénéfice de tous.

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17 mai 2020 à 8:43

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