L’impossible « Europe souveraine » de Macron…
Manifestement, il y a un bug dans le GPS présidentiel. La « trajectoire carbone » ? La deuxième à droite en sortant de l'« itinérance mémorielle ». Et c’est ainsi qu’en quittant le rond-point de cette gare du Nord où ceux qui ont réussi croisent « ceux qui ne sont rien », on se retrouve dans l’impasse européenne, en Allemagne.
Ce dimanche dernier, Jupiter fait homme tenait ainsi salon à Berlin, au Bundestag. Une première depuis dix-huit ans, quand Jacques Chirac se livra au même exercice. Il s’agissait déjà de redonner vigueur et passion au vieux couple franco-allemand. Pour rabibocher les unions battant de l’aile, quoi de mieux, en effet, qu’un dîner aux chandelles ou à la lumière des vieilles lunes ? Pas celle d’Angela Merkel, évidemment ; ce serait déplacé.
Et un Emmanuel Macron qui, à la façon d’un Jacques Brel, tente de « faire rejaillir le feu de l’ancien volcan » : le couple franco-allemand, donc, serait investi de l’obligation de ne pas "laisser glisser le monde dans le chaos et de l’accompagner sur le chemin de la paix". Au passage sera, tel qu’il se doit, stigmatisé l’amant enfermé, en caleçon à fleurs et dans le placard, par lequel survient le malheur conjugal : "le nationalisme sans mémoire". Être « populiste », ce n’est plus une vie ; déjà atteint de lèpre, le voilà maintenant rattrapé par Alzheimer.
Après, le syndrome Donald Trump, dont les tweets énervés – mais peut-être était-ce leur finalité –, pourrait-il enfin pousser le Vieux Continent à prendre enfin en main son destin ? On peut faire semblant d’y croire, à en croire l’Évangile selon saint Manu : "Cette nouvelle responsabilité franco-allemande consiste à doter l’Europe des outils de sa souveraineté. Cette nouvelle étape nous fait peur car chacun devra partager, mettre en commun sa capacité de décision, sa politique étrangère, migratoire ou de développement, une part croissante de son budget et même des ressources fiscales." Dans son élan, le brave garçon n’hésite pas à relancer l’idée d’une "défense européenne" à vocation strictement "européenne". Au risque de quitter l’OTAN et d’exiger la dissolution de ce "machin" dépassé depuis la chute du mur de Berlin ? Non, bien sûr.
Car il y a autrement plus urgent, sachant que "le combat contre le populisme n’est pas gagné". Nous y revoilà. Et le même de conclure sur ces mots des plus énigmatiques : "Même si vous ne comprenez pas tous les mots venus de la France, sachez qu’elle vous aime !" Quoique manifestement pris pour des andouilles illettrées, les députés ont applaudi de bon cœur ; en Allemagne, depuis le "Sag warum" de Camillo et le "Still Loving You" des Scorpions, le public a toujours été réputé pour être indulgent envers les artistes pas encore tout à fait au point.
Alors, serions-nous fin prêts à passer avec armes et bagages vers une Europe enfin « souveraine » ? Chez nos confrères de Marianne, l’essayiste Coralie Delaume (auteur de Le couple franco-allemand n'existe pas) fait montre de moins d’enthousiasme, surtout à propos du concept « d’armée européenne » : "Cette notion exprime peut-être un désir contradictoire. Celui de bâtir une Europe politique dotée d’une épaisseur géostratégique et, “en même temps”, de conserver en l’état notre Europe économico-juridique. “L’Europe souveraine” semble un mauvais remake de “l’Europe européenne” du général de Gaulle. Ce dernier appelait de ses vœux une Europe indépendante capable de faire entendre sa voix sur la scène mondiale. Or, les structures européennes mettent les États en concurrence au lieu de les rapprocher. Entre l’Europe puissance et l’Europe marchande post-historique, il y a une incompatibilité radicale."
"Incompatibilité" et quadrature du cercle que les actuels mouvements populistes européens seraient en passe d’éventuellement résoudre ? Peut-être que oui ou que non. Mais qui d’autre ? Car eux, au moins, ont leur feuille de route toute tracée ; au contraire d’un Emmanuel Macron s’orientant au doigt mouillé.
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