L’hypocrisie des voitures hybrides rechargeables

PHEV

S’il est un domaine où l’incompétence de nos dirigeants s'en va dans le grand n’importe quoi, c’est bien celui de la transition écologique. Le scandale des « voitures hybrides rechargeables » en est un exemple étonnant. Les émissions de CO2 (gaz carbonique) des voitures à moteur thermique (essence, diesel, gaz) sont proportionnelles à leur consommation de carburant. Plusieurs dizaines de kilos tous les cent kilomètres, sans que les filtres à particules et autres pots catalytiques n'y puissent quoi que ce soit.

Seul le moteur électrique n’émet aucun gaz pour son fonctionnement1.

Eurêka ! Roulons donc avec des voitures électriques ! Mais qui dit « électrique » dit « batteries ». Or, les batteries qui permettent de stocker l’énergie magique sont très encombrantes et très pesantes, si bien que leur autonomie est forcément limitée ; c’est le handicap le plus évident de ce type de voiture.

Les constructeurs automobiles ont donc proposé la voiture hybride : électrique sur les petits parcours et thermique sur les grands. C’est le règne du « en même temps » dont on sait qu’en politique, il aboutit à du n’importe quoi - M. Macron vous le confirmera. Et pour impressionner les badauds, les constructeurs lui ont donné le nom pompeux de PHEV2.

Malheureusement, la combinaison « essence + électrique » impose une voiture beaucoup plus lourde ayant un moteur thermique complet, embrayage, boîte de vitesses, etc., un moteur électrique (parfois deux) et une grosse batterie de stockage. Malgré tout, l’autonomie électrique n’est que de quelques dizaines de kilomètres. Et si l’on poursuit sa route, batterie épuisée, sur le moteur thermique, la consommation devient prohibitive, car le moteur doit emmener une lourde voiture et, en même temps, tel un groupe électrogène, remettre à niveau la batterie épuisée.

Or, c’est l’électricité la plus chère du monde, car elle est produite avec de l’essence, qui plus est surtaxée.

Cependant, les constructeurs ont l’audace d’annoncer des consommations officielles extraordinaires, inatteignables : 1 ou 2 litres aux cent ! Pardi, vous pourriez même faire 0 litre aux cent si vous vous arrêtiez tous les 40 km pour recharger la batterie sur une prise de courant. De tels résultats attirent la générosité des subventions publiques. Quand l’État jette l’argent par les fenêtres, il faut savoir se placer sous les fenêtres.

Dans un excellent article du Moniteur automobile du 18 mars 2021, sous le titre Rédacteurs sans filtres, le magazine belge dénonce le scandaleux détournement de subventions des voitures PHEV. Il note que ces voitures, dans leur grande majorité, émargent aux flottes d’entreprises pour leurs cadres ou appartiennent à des indépendants. Ces entreprises veulent véhiculer une image verte et afficher un statut premium. Les gestionnaires de flottes d’entreprises ne s’y trompent pas, qui perçoivent un bonus gouvernemental considérable et récupèrent 80 % de la TVA sur le carburant. C’est pourquoi les cadres d’entreprises et les commerciaux qui les conduisent se soucient peu de recharger à tout bout de champ sur le réseau électrique, sachant qu’ils disposent d’une carte-carburant fournie également par leur entreprise.

Il en résulte que toutes ces voitures fonctionnent quasiment toujours à l’essence, les moteurs électriques n’étant là que pour fournir la forte puissance additionnelle gage d’appartenance à l’élite3, puissance fournie par des batteries rechargées à l’essence et consommant, en moyenne, beaucoup plus que leur équivalent non hybride non subventionné.

Un magazine français, Auto Plus (n° 1840 du 7/2/2020), avait déjà mesuré les consommations de 148 voitures réparties en 6 catégories et constaté que, dans chaque catégorie sans exception, les essence consommaient plus que les diesel, et les hybrides plus que les essence. Les écarts étaient sans appel, allant parfois jusqu’à 6 litres aux cent.

L’hypocrisie est totale et tout le monde se fait plaisir aux dépens de la planète. Quant à vous, contribuable, bénissez l’intelligence et l’honnêteté des administrations qui autorisent et financent une telle imposture.

(1) Pour autant que l’électricité soit elle-même décarbonée, ce qui n’est pas le cas en Allemagne, par exemple
(2) Plug-in Hybrid Electric Vehicle
(3) Exemple : une 3008 hybride, éligible, dégage une puissance cumulée de 300 chevaux. Une véritable voiture de sport subventionnée.

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Jean-Marc Frenove
Ancien professeur d’économie à l'Université d’Abidjan, spécialiste des énergies - Mines ParisTech

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