L’heure est grave. Cela rappelle le temps de guerre. La survie des Français est en jeu, il faut « sauver des vies » disent dans tous nos médias les écolos omniprésents et omniscients, tapis dans leurs arrondissements parisiens à 10 minutes à pied de leur station de métro.

L’heure est grave, il fait chaud, c’est l’été, on avait jamais vu ça. Madame Buzyn, bonne mère, veille sur nous au nom de notre bon père à tous, Emmanuel le Grand. Sans eux nous ne penserions pas à boire, ni à nous mettre à l’ombre, infantiles et stupides que nous sommes.
Rugy et Jadot, grands prêtres, nous montrent le droit chemin.
Mais, le droit chemin, forcément « citoyen » est quand même assez tortueux.
Pour être sauvé, si vous ne disposez pas d’un appartement à portée de votre travail en métro ou en RER, le joker s’appelle Crit’Air.

Je me suis donc penché sur la règle du jeu… J’ignorais la subtilité des critères de Crit’Air.
Selon ce « nouveau commandement » publié sur le site du ministère de la Transition écologique et solidaire, « il existe 6 classes de certificats. Le certificat qualité de l’air permet de favoriser les véhicules les moins polluants :
• modalités de stationnement favorables ;
• conditions de circulation privilégiées ;
• possibilité de circuler dans les zones à circulation restreinte (ZCR) ou en cas de pic de pollution.

Le certificat qualité de l’air est obligatoire pour circuler dans les zones à circulation restreinte instaurées par certaines collectivités (Paris et Grenoble) » (tiens, tiens !) «ou pour circuler lorsque le préfet instaure la circulation différenciée lors de certains épisodes de pollution ».
« Les véhicules sont répartis en 6 classes environnementales, à l’exception des véhicules les plus polluants, qui sont non classés et n’ont pas droit au certificat qualité de l’air.
La classification dépend du type de véhicule, de sa motorisation et de la norme européenne d’émissions polluantes qu’il respecte, dite « norme Euro ». Une classe spécifique est réservée aux véhicules électriques « zéro émission moteur ».

Pour résumer, dans ce brouillard pourtant écologique, votre capacité à utiliser votre véhicule dépend d’abord de son âge, et donc de sa soumission à des critères tout récents. Notons que l’on peut encore se déplacer à volonté à pied ou en bicyclette ou à cheval.

Mais sur quatre roues, à Paris et à Grenoble, villes où l’environnement quotidien est très sûr, comme chacun sait, et doit, en conséquence, être préservé, tout se complique. D’autres cités, pour faire « grande ville » les imitent.

À Paris et dans sa petite couronne (périmètre intérieur de l'A86) seuls les véhicules des catégories Crit'Air 0, 1 et 2 seront autorisés à circuler dans la zone de circulation différenciée.

À Grenoble, contrôles de police et interdiction aux véhicules Crit'Air 4 et 5 de rouler. France 3 indique que "des contrôles ont été menés boulevard Jean-Pain, au centre-ville, au niveau du Pont de Catane ou encore à Meylan". La télévision locale signale que "28 personnes" ont été arrêtées et verbalisées "en une heure à Pont-de-Claix". "Peu étaient au courant et certains ont fait le choix de rouler quand même, pour diverses raisons".

Pour résumer la situation, le riche qui dispose d’un véhicule électrique dernier cri peut aller à son bureau. Il peut ainsi constater qui, de ses employés les moins bien payés, ne peut accéder à son lieu de travail dans sa vieille Clio et le sanctionner directement. La vie est bien faite.

6252 vues

27 juin 2019 à 20:44

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.