Les santons de Provence bientôt à l’UNESCO ?

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On les dispose en même temps que le sapin, ou quelques jours avant Noël. Ils arrivent un à un ou tous ensemble, selon les maisons et les traditions. Les installer, c’est réchauffer son intérieur et retourner en enfance. Il en existe de toutes tailles et de toutes formes. Ils comptent leurs célébrités : le ravi les bras levés, le maire, l’écharpe en bandoulière, le berger et ses moutons, l’Arlésienne, la poissonnière, le moine, l’instituteur… Et chacun d’entre eux entoure la crèche. Chacun les aura reconnus : ils sont les santons de Provence !

Et ces petits bonshommes de plâtre ou de terre, ces petits saints pleins de vie (santoun, en provençal) n’ont, semble-t-il, pas encore décidé de se figer éternellement pour devenir de muettes statues que l’on range dans leur boîte à chaussures, une fois les treize desserts avalés : les voilà qui s’attaquent à un nouveau miracle, celui d’entrer au patrimoine de l’humanité !

Selon l'UNESCO, le patrimoine culturel immatériel est « un héritage de nos ancêtres que nous transmettons à nos descendants ». Il comprend notamment « les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, les rituels et les événements festifs ». Le statut permet de préserver un héritage souvent menacé.

À l’initiative des santonniers de Provence qui font perdurer ce bel artisanat et cette longue tradition, la démarche est lancée ! Un parcours du combattant, qui passe par la constitution d’un dossier de candidature, porté par un groupe unifié et mobilisé, qui porte la défense et illustration d’un bien commun méritant une reconnaissance internationale.

Alors que la baguette de pain est aussi dans les rangs pour le précieux label, souhaitons pleine réussite à nos santons, art en péril et espèce menacée, si l’on en croit les assauts répétés contre les statues et contre le nom de « Noël » jusqu’aux plus hautes instances européennes ! Mais ayons confiance en ce peuple vivant dansant en farandole autour de l’enfant Dieu et qui a déjà relevé d’autres défis et accompli des miracles : celui de garder précieusement les traditions populaires et l’esprit de l’enfance, celui de faire parler l’âne et le bœuf avé l’accent ou de faire de la terre de Provence la nouvelle Terre sainte. Un peuple de pierre au cœur de chair, précieux patrimoine familial, régional et national, qui mérite plus que tout autre d’atteindre le Graal : la reconnaissance mondiale d’un patrimoine commun de l’humanité.

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Iris Bridier
Journaliste à BV

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