Les républicains se divisent sur le choix du Speaker : mauvais signe pour Trump ?

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Une bataille politique de grande ampleur fait des ravages à Washington, DC. Depuis deux jours, maintenant, une crise politique chez les républicains paralyse le système politique américain. Suite aux élections de mi-mandat, les nouveaux élus du Congrès ont fait leur rentrée politique. Le Grand Old Party, qui a récupéré une courte majorité à la Chambre des représentants, devait parvenir sans difficulté à faire élire un président de la Chambre de leur bord politique. C’est Kevin McCarthy (Californie) qui était prédestiné à ce poste. « Il se croyait déjà élu ! », lance le spécialiste des États-Unis Gérald Olivier, également chercheur associé à l’Institut de prospective et de sécurité en Europe. Sauf que voilà, rien ne s’est passé comme prévu et, en quelques heures, le 118e Congrès des États-Unis est entré dans l’Histoire.

Pour être élu à ce poste, Kevin McCarthy doit obtenir 218 voix. Malheureusement, il n’arrive pas à obtenir les suffrages nécessaires après deux jours et six élections. Cette situation est causée par une dizaine de républicains à tendance radicale pour lesquels McCarthy « représente l’establishment et paraît trop modéré dans sa lutte contre les démocrates », analyse Gérald Olivier. Connaissant certaines réticences de la part de l’aile droite des représentants, Elise Stefanik (New York) avait mis l'accent, en présentant Kevin McCarthy, sur le « fier fils de pompier », le « conservateur fort, fièrement "pro-life" », capable de « bâtir un consensus ». De son côté, Marjorie Taylor Greene (Géorgie), figure emblématique de cette nouvelle génération de républicains trumpistes jusqu’au bout des ongles, a tenté de raisonner ses collègues dans un message Twitter : « Si seulement la base comprenait que 19 républicains votant contre McCarthy jouent en ce moment à la roulette russe avec notre majorité républicaine durement acquise. »


Au-delà des idées, « il y a également beaucoup d’opportunistes » qui profitent de cette faible majorité républicaine pour faire pression. « Les frondeurs demandent certaines conditions pour obtenir leur vote, mais apparemment, cela ne suffit pas. Ça donne une impression chaotique pour le GOP », affirme le spécialiste des États-Unis. De son côté, Nicolas Conquer, porte-parole des républicains Overseas, trouve « positif que les élus ne parlent pas tous d’une même voix au moment de prendre une décision importante ». Il ajoute : « Le poste de Speaker of the House est déterminant. Il nomme les membres au sein des différents comités et c’est lui qui décide de l’agenda politique de la Chambre. Ce n’est pas rien ! »

Face à la crise politique qui était en train de se produire sous les yeux malicieux des démocrates et des médias progressistes, Donald Trump a sonné la fin de la récréation. Pensant être le leader incontesté, le 45e président des USA s’est fendu d’un message sur son réseau Truth Social, appelant les élus républicains à « ne pas transformer un grand triomphe en défaite géante et embarrassante ». Son vice-président Mike Pence en a fait de même, mais rien ne semble raisonner le groupe de frondeurs. « Donald Trump ne contrôle pas le parti républicains. Certains élus pourtant proches de l’ancien président lui ont fait comprendre qu’il ferait mieux de s’occuper de ce qui le regarde », raconte le journaliste franco-américain Gérald Olivier.

Cet événement semble marquer la fin de l’influence de Trump sur les républicains. Un problème de taille alors qu’il s’est déclaré candidat (pour la primaire) juste après les midterms« Donald Trump n’est plus le leader du GOP. Il est possible qu’il soit devenu un has been de la politique. Certains, au Parlement, s’en rendent compte et en profitent », estime Gérald Oliver. Un argument que ne partage pas le porte-parole des républicains en France Nicolas Conquer. Selon lui, les frondeurs ne sont pas devenus subitement anti-Trump, ils sont plutôt farouchement opposés à Kevin McCarthy, qu’ils jugent trop centriste. Il trouve également habile pour l’ancien président américain de soutenir le candidat au poste de Speaker, essayant ainsi d’élargir sa base au sein des élus républicains.

En attendant, la Chambre des représentants va à nouveau se réunir, ce jeudi 5 janvier, pour nommer le Speaker. Les républicains vont-ils se mettre d’accord ? Affaire à suivre…

Kevin Tanguy
Kevin Tanguy
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en journalisme

Vos commentaires

11 commentaires

  1. Eh oui ! D’affaiblissements en affaiblissements la France en est réduite à espérer un succès républicain aux USA. Quoi qu’on pense des USA et de l’OTAN c’est les Républicains qui peuvent aider les Français : leur politique, c’est contre l’immigration, contre la Chine, pour la réindustrialisation et le protectionnisme, contre le wokisme, pour la paix en Ukraine. Bref le contraire de Macron. Pour la France, entre le Kremlin et les Républicains américains il y a pas photo !
    En Europe et en Afrique on découvre que le Kremlin (pas le peuple russe) est notre ennemi. Il faut savoir changer d’avis, car  » il n’y a que les imbéciles qui, etc… » Moi je l’ai fait.

  2. J’habite en Floride et nous venons d’apprendre qu’un des élus républicains du Congrès vient de nommer Donald Trump pour être le Speaker de la House ; il est donc maintenant dans la course et il n’est pas exclu que ce soit une manœuvre concoctée depuis longtemps pour faire en sorte qu’il revienne aux manettes. Je doute fort qu’il ait perdu son influence sur le GOP comme certains le pensent. C’est un stratège beaucoup plus fin que les médias mainstream veulent bien nous le faire croire ! Wait and see !

  3. Trump sera plus âgé que Biden en fin de mandat, s’il devait être élu….Il a certainement un rôle à jouer, mais pas comme futur Président……….Ils font comme ils veulent les U.S.A. pour leur Président, mais bonté divine, si les U.S.A. sont en perte de vitesse en monnaie, en suprématie, en financements, pénétrations de marchés, énergie, etc…car l’U.S. est de plus en plus dépassée par l’Asie où la Chine a tissé sa toile et jusqu’en Afrique, ainsi que par la Russie aussi qui s’étalent en pénétration sur l’Afrique, et l’U.E. avant 2022, ce n’est pas la peine d’amener la Guerre jusqu’en Europe et de piloter notre Président déconstruisant la France, pour venir ensuite nous rendre la monnaie par l’industrialisation….En un mot la Paix avec la France comme modèle, depuis la Bérézina de Napoléon. Agressée mais pas conquérante en armes, mais juste instruction, et sans wokisme svp..

  4. La droite américaine essaie-t-elle de concurrencer la droite française pour le titre de plus bête du monde ?

  5. L’affaire nous concerne plus qu’il n’y paraît : le fameux speaker aura la possibilité de suspendre l’aide US à L’Ukraine de Zelensky. C’est pourquoi Biden vient de faire accepter 45 milliards de dollars sur ce poste, avant cette nomination.

  6. Ils ne se sont pas mis d’accord, Mc Carthy est un problème, républicain californien, autrement dit proche du wokisme mode californie, il est compréhensible que les purs et durs du GOP refusent de voter pour un candidat que pas grand chose sépare des démocrates.

  7. L’un des souhaits de Trump est de purger le parti Républicain des complices de facto des Démocrates (un peu comme si chez nous quelqu’un voulait purger LR des gamellards qui travaillent de facto pour Macron depuis 2017 , et pour la gauche depuis bien plus longtemps).
    Dans le contexte d’une majorité étroite du parti Républicain au Congrès , il n’a pas beaucoup de marge , il doit manoeuvrer serré , et bien malin qui peut prévoir la suite .
    Trump est un fin renard , avec lui on ne sait jamais .

  8. Si l’affaire Hunter Biden est étudiée parla Chambre (McCarthy a accepté l’idée) Joe Biden ne pourra se représenter et Trump pourra -ayant obtenu sa revanche- jouer au golf : le trumpisme (ce robuste bon sens) lui survivra avec des effets bénéfiques y compris pour nous. 20 dissidents intégristes contre 211 loyalistes font le jeu de Biden puisque ce blocage empêche de voter des lois : sans « speaker », les élus ne peuvent pas prêter serment et donc pas voter de lois.
    Probable que les électeurs de ces 20 trublions vont les rappeler à leur devoir. Réponse ce soir ou demain !

  9. ça en dit long. Comment confier le pouvoir à un parti qui n’arrive pas à se mettre d’accord sur son porte-parole ? On dirait les écolos chez nous !
    Les Républicains ont d’urgence besoin d’une petite introspection, et de pragmatisme… Trump a dynamité le parti, et voilà le résultat. Pourtant, les US auraient bien besoin d’un parti républicain fort…

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