[Satire à vue] Quand les médias cultivent la psychose de l’inquiétude

peur crainte traumatisme

L'angoisse monte, l'angoisse étreint les employés de BFM, du Parisien, France 2 et consorts. À l'unisson, les porte-voix de la rassurance posent néanmoins la question qui les taraude : faut-il s'inquiéter de... ? Petits points à compléter par le journaliste de service. Ce jour, Libération se demande si le sous-variant XBB.1.5 doit venir troubler nos nuits. Sur l'« inquiétomètre », le quotidien nous apprend qu'aux USA, le petit dernier serait encore plus haut placé que le BF.7, qui lui-même est en train de surpasser le BQ.1.1. Le lecteur prend des notes et planifie sa déprime. Dans les bars-tabacs, le client joue le XBB.1.5 placé. Grand favori de la prochaine psychose.

À moins d'un mois de Noël, Le Parisien était à cran : « Faut-il s'inquiéter de la 9e vague ? »  La réponse sonnait le glas des festivités de fin d'année. Oui. Un épidémiologiste annonçait que, hélas, trois fois hélas, elle était là, cette 9e vague. Nous étions en plein dedans. Contaminations en masse, +30 % en une semaine, hécatombes en perspective, les survivants attraperaient la variole du singe doublée d'une bronchiolite dont il serait nécessaire de s'inquiéter en temps voulu.

Plus raisonnable, le 13 décembre, france tv.info alertait son large public sur la montée du tabagisme. Énorme source de frayeur. Les rescapés de la précédente inquiétude allaient-ils survivre à cette nouvelle menace ? Pour les optimistes indécrottables, France 3 raclait les fonds de tiroir et annonçait qu'il était urgent de s'inquiéter des objets connectés. Vaincu, le téléspectateur fermait ses volets, coupait son téléphone et n'ouvrait à personne. Dans la pénombre de son logement, il pouvait enfin retrouver paix et tranquillité. Les raisons de ne pas s'inquiéter étaient multiples : inflation, prix du kilowattheure, dette publique, délinquance et tous ces sujets dont les médias parlaient en toute décontraction. Pas de vague. Ni 8e, ni 9e... Un de ces calmes... Sur les chaînes d'info, le ministre de l'Intérieur se félicite d'une nuit de la Saint-Sylvestre sans incident notable. 690 voitures incendiées. Mais quel calme ! Peut-être trop. À force de nouvelles paisibles, le téléspectateur risque d'oublier les vraies raisons de paniquer. Emmanuel Macron rassure les boulangers. Il est à leurs côtés. Dans le fournil, dans la pâte... Jusqu'au cou. Entre professionnels au bord de la faillite, le courant passe. Moins cher, plus convivial, sans compteur.  Encore de la réjouissance à l'état brut. Au terme de cet intermède gouvernemental décontractant, le surinformé reprend sa route pavée de « Faut-il s'inquiéter ». Une psychose peut surgir à tout moment. Une attaque de pizzas avariées, un assaut de sous-sous-variant, un singe contaminé par la variole de l'homme. Soyons sur nos gardes.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Ils peuvent bien faire fonctionner leur machine à stresser , je suis insensible puisque je ne les écoute ni regarde jamais .

  2. Il ne faut pas oublier que l’usage de la peur a été et reste encore aujourd’hui un mode de gouvernance qui consiste à créer une ou des psychoses auprès des gouverné(e)s, que nous sommes, nous permettant de nous orienter vers une porte de sortie et d’être acceuilli par le sauveur j’ai nommé Macron !
    Après la peur…la rassurance.

  3. Faire peur, pour de multiples raisons, et rassurer ensuite, c’est une Politique. Ce n’est pas nouveau, mais là avec la Macronie c’est Puissance 4 à tous instants….Perso je ne peux avoir peur, car quand c’est trop sur tous les sujets, inclus l’énergie électricité et chauffage, et le pain, etc…C’est une stratégie pour que la majorité des électeurs(trices) incultes puissent reconnaître que finalement ils ont été bien injectés contre covid, ne sont donc pas morts, pas eu de coupures d’électricité, eu tous les jours du pain à manger, du foot sur les écrans tv, pas de bombes nucléaires de Poutine le méchant, des infos, les congés pas interdits. Tout baigne donc ! mais c’est pour après que ça risque de se corser, et qui ne sera pas dit, sans doute pas prévu…Le mieux qui puisse arriver c’est plus d’heures de travail, mais là ils seront dans la rue…

  4. Au soir de sa vie, le grand historien Jacques Bainville a conclu : « Au fond, tout a toujours très mal marché… »

  5. Le niveau d’expertise des « spécialistes » de plateau TV est tellement affligeant que la seule chose qu’ils soient capables de vendre est la peur.
    Ils ont quand même tenu 3 ans avec la peste covidienne et le catastrophisme climatique reste pour eux une magnifique tête de gondole.
    N’oublions pas que l’abus de TV poubelle peut attaquer les neurones !

    • Le problème c’est que plus de 50% des téléspectateurs des chaînes citées ont déjà perdu plus de 50% de leurs neurones et croient tout ce qu’ils entendent !

    • Oui, vous avez raison.
      Que les « moutrugeons » (hybrides de moutons, d’autruches et de pigeons) éteignent la TV et allument leur cerveau.
      A ce moment là, nous pourrons peut être penser s’en sortir.

    • « Le niveau d’expertise des « spécialistes » de plateau TV est tellement affligeant que la seule chose qu’ils soient capables de vendre est la peur. » C’est la base de leur métier. Sinon : la porte.

  6. Toujours plaisants ces articles , cette lecture ponctués d’humour. Nous le devons très certainement à l’animatrice de BV, Gabrielle Cluzel, elle-même emplie de bon sens et d’intelligence « sportive ».

  7. De l’heure fugitive hâtons nous jouissons, l’homme n’a pas de temps, le temps n’a pas de rive, il coule et nous passons.

  8. La macronophilie systématique est une maladie honteuse et très contagieuse, transmise par absorption démesurée de loghorrée médiatique.
    On peut s’en sevrer en changeant de crêmerie d’information.

  9. On est continuellement en crise depuis 2015.
    Macron n’aura pas offert 6 mois paisibles à la France.
    Mais il est réélu, il paraîtrait qu’un bon nombre de français ne le considèrent pas encore comme l’ennemi public numéro 1 malgré tous ses efforts.
    À vrai dire, il y a eu tant de magouilles et de mensonges depuis que Macron est aux affaires qu’une élections truquée ou deux ne m’étonnerait nullement.
    C’est même l’inverse qui me ferait tomber de ma chaise.

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