Les Bretons ont envie de retrouver les frontières de la Bretagne historique. C'est ce que confirme un sondage rapporté par le quotidien 20 Minutes : 47 % des habitants de la région administrative y sont favorables, 53 % en Loire-Atlantique, dont 30 % de très favorables. Les opposants ne sont respectivement que 31 % et 25 %, 22 % restant sans opinion. Le sentiment d'être Breton est toujours aussi vivace, éprouvé par 59 % de la région Bretagne et 59 % en Loire-Atlantique.

On s'aperçoit donc que le découpage en treize grandes régions, opéré par François Hollande à la va-vite, ne correspond pas toujours à la réalité historique ni au besoin d'identité de leurs habitants. Ce sont des machines administratives qui, contrairement aux annonces, ne permettent pas de faire des économies de fonctionnement et éloignent les Français des centres de décision. En Nouvelle-Aquitaine, par exemple, on peut se demander ce qu'il y a de commun entre Bayonne, Poitiers et Limoges.

L'enquête citée montre qu'une majorité souhaiterait que le département de Loire-Atlantique, avec la ville de Nantes, fût rattaché à la Bretagne, comme c'était le cas autrefois. Au-delà des intérêts politiques et d'une éventuelle rivalité entre Nantes et Rennes pour devenir capitale de la région, ce sondage rappelle l'existence d'une identité bretonne. Il révèle aussi que plus on passe de temps en Bretagne, plus on éprouve un désir de réunification.

Voilà qui devrait faire réfléchir nos dirigeants sur la quête d'identité, sur le besoin de racines qui caractérisent les Français. On pourrait trouver d'autres exemples de ce découpage absurde, comme le Grand Est, qui résulte de la fusion des anciennes régions Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine. L'Alsace pourrait, d'ailleurs, retrouver son identité en 2021. Bien sûr, il faut distinguer le sentiment d'appartenance à une région historique et la volonté d'instrumentaliser ce sentiment pour réclamer l'autonomie, voire l'indépendance du territoire, comme on le voit en Corse.

Nos gouvernants, pour qui l'identité est une vague notion, toujours en devenir, ne s'en soucient guère. Cette indifférence, pour ne pas dire ce mépris, à l'égard de nos anciennes provinces traduit une conception prioritairement économique et technocratique de l'activité humaine. De même, s'ils réprouvent le rejet d'une immigration qui ne cherche pas à s'assimiler, c'est que, pour eux, les hommes sont interchangeables, quelles que soient leurs origines et leur culture. Macron aurait, sans doute, intérêt à relire Les Déracinés de Maurice Barrès.

Oser citer Barrès et faire référence à cet ouvrage, que son auteur appelait « Le Roman de l'énergie nationale », voilà de quoi se faire cataloguer comme un réactionnaire ou un nationaliste borné ! Pourtant, le sentiment d'appartenance à un pays, à une province, loin de renfermer les Français sur eux-mêmes, permet de mieux forger l'unité nationale et de s'ouvrir aux autres sans se faire absorber. Maurice Barrès, dans son discours intitulé La Terre et les Morts (10 mars 1899), écrivait aussi : « La terre nous donne une discipline, et nous sommes le prolongement des ancêtres. Voilà sur quelle réalité nous devons nous fonder. »

Alors, n'ayons pas peur de revendiquer notre identité et nos racines ! Soyons fiers d'être Bretons, Alsaciens ou Basques ! Soyons fiers de nos racines chrétiennes ! Cela ne nous empêche pas d'aimer la France. Bien au contraire !

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21 octobre 2019 à 15:42

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