Les agressions n’attendent pas le nombre des années : maintenant, c’est dès la maternelle !

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C’est un point marquant, médiatiquement parlant, de l’affaire qui occupait l’actualité en ce début de semaine : le nom de la mère assassine de la petite Vanille a été publié dès que connu. Elle s’appelle Nathalie Stephan et le dire n’entraîne, a priori, aucune conséquence d’ordre « communautaire ». Donc, on le dit.

Un autre fait divers – bien moins dramatique, Dieu merci – arrive aujourd’hui à notre connaissance. Une institutrice de maternelle a été agressée par la mère et la sœur, âgée de 13 ans, d’un bambin de petite section. Ça s’est passé à Séreilhac, un village d’à peine 2.000 habitants, dans la Haute-Vienne. La France profonde, comme on dit dans les allées du pouvoir.

Contrairement à la mère plus haut citée, on ne connaît pas le nom des agresseuses (je respecte le féminin). On ne sait rien, non plus, de leur profil. La mère avait-elle des « problèmes psychologiques » ? Sans doute. Des problèmes avec l’autorité, peut-être, avec le pouvoir, avec le savoir… Et l’institutrice d’un petit bonhomme de 3 ou 4 ans incarne tout cela, c’est évident.

Pour expliquer l’inqualifiable – on veut toujours une explication –, la mère a invoqué un incident survenu le matin pendant une séance de motricité. Le petit garçon en a heurté un autre et s’est retrouvé avec un bleu sur la pommette, sur quoi l’institutrice a appliqué de la glace, puis prévenu la famille. Le trésor à sa maman était blessé… scandale, mais que fait la police, c’est la faute à Macron, à bas la République, vive l’anarchie ! La mère n’a pas supporté, la colère l’a submergée. Elle a attrapé sa fille d’une main et couru à la sortie des classes régler son compte à la maîtresse. Les deux s’y sont mises : claques, coups de pied, avant que le directeur de l’école n’intervienne et sauve la malheureuse des griffes des deux harpies.

Interrogé par France Bleu, il n’a pas caché sa stupéfaction : « Je suis scandalisé. Ce sont des gestes inqualifiables et inacceptables au sein d’une école. C’est une agression violente sur ma collègue, sur l’équipe enseignante et sur l’institution », dit-il.

Ça l’étonne ? Pas moi. L’absence totale de retenue, la violence verbale et physique empuantissent l’air du temps et débordent maintenant dans tous les actes de la vie. La « gilet-jaunisation » fait des ravages, servie par des réseaux sociaux qui ne sont souvent rien d’autre que des défouloirs de bas étage. Là où je vis, une poignée d’individus en jaune vocifère tous les samedis dans les rues, transformant les places en gueuloir avant de bombarder la permanence de la candidate LREM avec ce qui lui tombe sous la main. On ne se parle plus, on cogne ! On menace… et puis, un jour, on passe à l’acte.

Quand sa mère et sa sœur ont entrepris de tabasser la maîtresse, le petit garçon était présent. Vous savez quoi ? Je pense que c’est infiniment plus traumatisant pour lui qu’un bleu sur la pommette. En effet, quelle leçon de vie ! Mais on peut imaginer qu’il est, hélas, déjà habitué… comme ce pauvre petit bonhomme qui pleurait, hier, dans sa poussette et à qui sa toute jeune mère hurlait : « Ta gueule ! T’as compris, tu fais chier ! Ta gueule ! »

On peut bien, après cela, dédoubler puis redédoubler les classes, c’est comme vider la mer à la petite cuillère… L’inégalité des chances commence au biberon. Bien avant le manque de moyens, c’est, d’abord et avant tout, un défaut d’éducation.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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