Mercredi 3 mars, le gouvernement Macron annonçait l’abaissement de l’obligation de scolarité à trois ans : cette mesure ne concerne néanmoins que 3 % des enfants. Notre maternelle française est reconnue à l’étranger pour son modèle « d’excellence » . Les meilleurs pays aux résultats des tests PISA sont pourtant ceux dont la scolarité n’est obligatoire qu’à sept ans.

Alors que les socialistes ont raccourci le congé parental de trois ans à deux ans pour un même parent, compliquant ainsi considérablement la vie des familles et poussant les mères, majoritaires au congé parental, à revenir sur un marché du travail compliqué par le chômage de masse, on sait qu’ils avaient aussi le projet de généraliser la scolarité à deux ans. Les spécialistes de l’enfance (Dolto, Montessori…) s’accordent sur la nécessité d’un cadre affectif rassurant et stable pour l’épanouissement de l’enfant dans les meilleures conditions : la sécurité affective de la famille reste la norme. L’enjeu leur semble suffisamment élevé pour tourner le dos au dogme Langevin-Wallon, imposé à l’Éducation nationale depuis 1947, dogme de la pensée unique pour une uniformisation généralisée des salaires, recrutements et organisations des cycles…

Si le projet du gouvernement aboutit, avec un recrutement spécifique pour la maternelle, ce fait, et celui-là seul, serait un réel progrès au bénéfice des enfants ; le métier n’est effectivement pas le même en maternelle qu’en primaire : le recrutement unique de la petite section de maternelle au CM2 n’a que trop duré. Les murs sont posés mais, hélas, pas les fondations : où seront les enseignants formés que l’on nous promet ? Quelle place aura le métier d’éducateur de jeunes enfants ? Que deviendront, alors, les ATSEM, dont le recrutement se fait sans qualifications ? On voit à nouveau le mépris de classe pour les métiers non qualifiés. Les tâches des ATSEM n’en demeurent pas moins indispensables au bien-être des enfants, elles dont le cœur du métier est précisément d’en avoir.

Le but affiché du gouvernement est de consolider "l’acquisition du langage et l’épanouissement de l’enfant". Ce projet semble justifié par un trop grand nombre d’enfants dont le vocabulaire restreint est incompatible avec une entrée réussie dans le monde de l’écrit. Une fois de plus, on soigne la conséquence d’une cause que l’on chérit : une allophonie galopante et un fossé de plus en plus grand entre les enfants. Et ils osent nous dire qu’en réalité, l’effectif restera stable car la baisse alarmante de la natalité viendra « compenser » l’entrée à l’école de ces 20.000 enfants. On a, ici, la révélation choc d’une volonté assumée de ne pas offrir de réelle politique familiale en faveur de la natalité.

Il est cocasse de constater que les réticences du SNUIPP-FSU (principal syndicat enseignant) sont en partie dues au fait que l’on devrait abaisser cette obligation de scolarité à deux ans ! Il s’agit bien d’une velléité de soviétisation "peilloniste" consistant à libérer l’enfant des déterminismes familiaux et assurer ainsi, le plus tôt possible, un "rempotage" dans des conditions optimales ! De plus, on nous vend le projet à la lumière de l’égalité des chances, on nous fait pleurer sur les quelques cas "qui n’ont que l’école pour apprendre", déjà identifiés par les services sociaux. Dès lors, la victime collatérale sera la famille française dont un parent fait le choix de se consacrer à l’éducation de ses enfants.

La scolarisation à trois ans n’est pas le sujet, elle se fait déjà par adhésion. C’est donc une énième mesure de communication destinée à masquer une incompétence à s’atteler au vrai problème d’une immigration générant trop d’allophones dans les classes.

Incantations, vœux pieux et moralisateurs : nous sommes bien face à une méthode et un projet socialistes.

La liberté scolaire doit être sanctuarisée, le rôle éducateur des parents aussi. L’incitation, c’est bien ; l’obligation, c’est non !

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30 mars 2018 à 15:23

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