L’école est finie… Macron à Brégançon

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Depuis 1968, les Français suivent de près (ou de loin) les vacances présidentielles à Brégançon. Journalistes, curieux et touristes arpentent les ruelles de Bormes-les-Mimosas, chapeau sur la tête et appareils numériques dans les mains, pour recueillir quelques mots de leur sacro-saint Président.

Jeudi 25 juillet, le couple présidentiel a plié bagage pour se rendre dans son lieu de villégiature, le fort de Brégançon. Le temps, pour eux, d’esquiver les caméras, d’en finir avec les dîners à rallonge de l’Élysée au profit de soirées enflammées aux côtés de nombreux « people » ; car d’après La Dépêche, Brigitte et Macron ont d’ores et déjà planifié des sorties avec leurs fidèles amis du show-biz. L’école est bien finie !

Avant de partir, tel un papa s’adressant à sa progéniture turbulente, Emmanuel Macron a conseillé à ses ministres de « se reposer […] et de faire le plein d’énergie avant une rentrée chargée », d’après les dires de la discrète et soignée Sibeth NDiaye. Reste à savoir si les membres du gouvernement prendront conscience de l’ampleur des travaux qui les attendent pour septembre : loi de bioéthique, mise en place de la réforme du baccalauréat, loi d’orientation des mobilités (LOM), loi énergie-climat… de véritables devoirs de vacances !

Le chef de l’État ne sera pas coupé du reste du monde et promet de rester « connecté ». La nouvelle investiture de Boris Johnson au titre de Premier ministre britannique fait fi du repos présidentiel puisque Emmanuel Macron rencontrera le nouveau locataire du 10 Downing Street le 15 août prochain. Commémoration du 75e anniversaire du débarquement en Provence, Conseil des ministres le 21 août et sommet du G7 sont, eux aussi, au programme. Pour l’heure, Emmanuel Macron s’échappe déjà en Tunisie pour se rendre aux funérailles de Béji Caïd Essebsi, le président tunisien.

Se situant au bord de la Méditerranée dans la commune de Bormes-les-Mimosas, dans le Var, le fort de Brégançon est le lieu de villégiature officiel des Présidents depuis le décret du 5 janvier 1968. Pourquoi choisir un fort et, de surcroît, sur une presqu'île ? Simplement parce que cet endroit est empreint d’histoire et permet aux Présidents de décrocher, un temps soit peu, avec le brouhaha élyséen. Forteresse seigneuriale, militaire et pivot important des armées pendant la Révolution française, le fort, dont la construction s’est définitivement terminée en 1635, est classé parmi les sites naturels et les monuments historiques.

Chaque Président porte différemment ce bijou provençal dans son cœur. Tandis que Mitterrand prit plaisir à le déserter, Pompidou prit plaisir à l’embellir. Jacques Chirac affectionnait particulièrement ce lieu qu’il voulait simple et sans artifice. Valéry Giscard d’Estaing fit du fort un outil de communication, en y organisant des entretiens médiatiques et des dîners politiques. L'on pense particulièrement à celui arrangé avec Jacques Chirac, jusqu’alors son Premier ministre, quelques semaines avant la démission de celui-ci. Nos trois derniers Présidents, quant à eux, se réclament des fidèles de cette presqu'île enclavée.

Ce périple estival a un coût, et pas des moindres ! En effet, 72.043 euros est la somme déboursée pour les deux séjours d’Emmanuel Macron en mai et août 2018. À cela s’ajoute la piscine flambant neuve (34.000 euros) mais qui n’a pas forcément une grande utilité, puisque Jupiter admet qu’il préfère mille fois la mer.

Brégançon signifie, en gaulois, « haut, élevé » : et si cette étymologie pouvait inspirer, le temps d’un été, la politique de Jupiter ?

Adélaïde Barba
Adélaïde Barba
Etudiante en histoire et sciences politiques

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