Être maire n’est décidément pas un métier facile. La preuve par Frédéric Burnier-Framboret, celui d’Albertville, havre de Savoie jadis célèbre pour ses Jeux olympiques d’hiver, en 1992. Car c’est à une autre forme de slalom que l’édile doit aujourd’hui se frotter, soit la construction d’une école islamique. À l’occasion d’une tribune publiée sur le site FigaroVox, ce jeudi dernier, il rappelle que déjà, à Albertville, une « mosquée a été achevée en 2014 ». Et on ira dire ensuite que les Savoyards font dans la haine de l’autre et le repli frileux, ce qui n’aurait rien d’incongru pour qui connaît la traditionnelle froidure de la région !

Plus sérieusement, c’est désormais à propos de la construction d’une école islamique que Frédéric Burnier-Framboret s’alarme. Une inquiétude d’autant plus légitime que cette école est le fait de la confrérie turque Millî Görüş, plus que proche de l’actuel maître d’Ankara, Recip Erdoğan, le créateur de la confrérie en question n’étant autre que Necmettin Erbakan, ancien Premier ministre turc et père spirituel du même Erdoğan.

En attendant, Frédéric Burnier-Framboret est contre cette école, ce qui n’empêche pas le tribunal administratif local de l’obliger à en achever l’édification. Peut-être un peu naïf, il avait sûrement pris pour argent comptant les virils propos de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, et de Marlène Schiappa, chargée de la Citoyenneté.

Pour le premier, pas de doute : « Nous pourrons dissoudre ou suspendre ces associations. L’objectif est que les ennemis de la République ne puissent plus continuer à vivre en France », tel qu’affirmé, à propos de la construction d’une mosquée à Strasbourg dans laquelle Millî Görüş est plus que partie prenante, sur les ondes d’Europe 1, le 6 avril dernier, devant la journaliste Sonia Mabrouk. Et le même d’affirmer : « Demandons aux collectivités locales d’être responsables ! [...] Je regrette, une nouvelle fois, qu’après toutes ces alertes, une association qui ne signe pas cette charte [celle exigée par l’Élysée des associations musulmanes et que Millî Görüş n’a, justement, pas signée, NDLR], les propos incroyables du président Erdoğan sur la France, et sur le président de la République, avec ce que nous savons de l’islam politique et parfois des ingérences étrangères sur notre sol, la mairie verte de Strasbourg continue à souhaiter financer ce lieu de culte. »

La seconde n’est évidemment pas en reste : « La mairie de Strasbourg doit renoncer à ce financement. » Mais ce qui vaut pour une mosquée ne le vaudrait plus pour une école participant de la même politique de subversion des Français musulmans, menée par la même Millî Görüş, au seul profit de l’État turc ?

Naïf, Frédéric Burnier-Framboret l’a donc bel et bien été. Mais ne pouvait pas, non plus, savoir que le centralisme décentralisé du gouvernement d’Emmanuel Macron consistait, en quelque sorte, à privatiser les effets d’annonce (les gains) et à nationaliser leurs conséquences (les pertes). Sans oublier ce fait voulant qu’il n’y ait pas de raisons majeures pour que l’Élysée, se couchant devant les décisions des deux Conseils (l’un d’État et l’autre constitutionnel), parvienne à se faire obéir du premier tribunal administratif venu. D’où l’étonnement tardif de ce maire, qui devrait pourtant savoir comment les choses fonctionnent : « Nous voilà dans un monde inversé en quelque sorte, où le représentant d’un pays étranger devient l’aménageur et l’hôte de la cité laïque et républicaine sur son propre territoire. »

Bienvenue dans un monde cruel, cher maire amoureux de la diversité, lecteur de Virginie Despentes et de son Vernon Subutex, roman en forme de déclaration de haine au mâle blanc et hétérosexuel, tel que révélé dans votre profession de foi électorale de l’année dernière.

Mais il n’est jamais trop tard pour, à défaut d’ouvrir les yeux, au moins se réveiller.

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09 avril 2021 à 19:47

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