Le Royaume-Uni prêt à envoyer ses demandeurs d’asile au Rwanda

priti patel

Les Britanniques ne se laissent pas démonter par la bien-pensance sans-frontiériste. « Imagine », de John Lennon, a beau être l’une des plus belles chansons du monde, qu’il n’y ait pas de pays serait un enfer pour tous. Depuis que le Royaume-Uni a retrouvé ses frontières, le gouvernement a validé, jeudi 14 avril, un plan pour « externaliser » les demandes d’asile des clandestins arrivant par la mer ou par camion en les plaçant dans des centres situés au Rwanda, à plus de 6.000 kilomètres de Londres.

Le Royaume-Uni a présenté un plan, à hauteur de 120 millions de livres (soit 144 millions d’euros), pour envoyer au Rwanda, le temps que la procédure suive son cours, les personnes arrivées sur le territoire britannique de manière illégale depuis le 1er janvier 2022, à bord de small boats (« petites embarcations ») ou de camions poids lourds.

La secrétaire d’État à l’Intérieur, Priti Patel, a pris l’avion pour le Rwanda et signé l’accord avec ce pays d’Afrique de l’Est afin que les migrants de sexe masculin puissent y être transportés et logés pendant que leurs demandes d’asile sont traitées. La grande majorité des migrants clandestins sont de jeunes hommes. Plus de 90 pour cent des 28.526 migrants qui ont traversé l’année dernière sont en effet des hommes âgés de 18 à 39 ans.

En annonçant l’accord, lors d'un discours prononcé près des côtes anglaises, le Premier ministre Boris Johnson a déclaré : « Cette approche innovante fournira des voies sûres et légales pour l’asile tout en perturbant le business modèle des gangs [de passage de clandestins] » ; « cela va envoyer un message clair à ceux qui conduisent les bateaux : si vous risquez la vie des autres dans la Manche, vous risquez de passer votre propre vie en prison » a-t-il renchéri.

Sans attendre, le gouvernement britannique a confié le contrôle des traversées illégales de la Manche à la Royal Navy, à la place des garde-côtes, et va construire de nouveaux centres dédiés aux clandestins qui arrivent sur les côtes anglaises. Les migrants qui ne sont pas envoyés au Rwanda seront hébergés dans des centres « fermés » en Grande-Bretagne plutôt que dans des hôtels, le premier étant probablement une ancienne gare de la RAF à Linton-on-Ouse, dans le North Yorkshire. 50 millions de livres (60 millions d'euros) vont être débloqués en nouveau matériel et moyens humains, avec des hélicoptères, avions et drones.

De son côté, Nigel Farage, Brexiteer de la première heure, chef du Parti de la réforme, a pointé le fait que le Royaume-Uni reste toujours lié par la Cour européenne des droits de l’homme. Arguant qu’au premier cas d’abus signalé dans un camp rwandais, les avocats des droits de l’homme intenteront des poursuites devant le tribunal de Strasbourg pour empêcher d’autres vols charters. « Si nous voulons vraiment reprendre le contrôle de nos frontières, nous devons nous débarrasser de la loi sur les droits de l’homme, nous devons revenir aux principes de liberté, de liberté et de justice par lesquels nous vivons depuis des siècles dans ce pays », a-t-il déclaré. En attendant, selon Farage, le seul moyen de stopper les vagues record de migrants illégaux est de les renvoyer immédiatement en France, qui a également pris des millions aux contribuables britanniques pour stopper les migrants illégaux avec des résultats minimes.

Le projet a déjà suscité des réactions scandalisées de la part des organisations de défense des droits de l’homme et une « forte opposition » de l’ONU.

La presse britannique évoque le risque de « mutinerie » au sein de la fonction publique. Le secrétaire général du syndicat FDA Dave Penman a indiqué que des fonctionnaires pourraient demander à quitter le ministère de l’Intérieur ou même l’administration.

Dans son sermon de Pâques, l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, a estimé qu’envoyer des demandeurs d’asile à l’étranger pose de « graves questions éthiques ».

 

Illustration : Priti Patel, secrétaire d'État à l'Intérieur

Thierry Martin
Thierry Martin
Auteur, dirigeant d’entreprise, sociologue de formation

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Saluons cette courageuse initiative. Hélas, on va de nouveau nous faire pleurer avec des sentiments humanistes. Hélas, on ne peut accueillir toute la misère du monde. Ils ont coloniser longtemps l’ Inde et ont ( de ce fait) une forte communauté paisible d’ origine indienne. Leurs actes de terrorisme ( attentat, assassinat de politiques) ne sont pas issus de cette communauté. Ils sont lucides. Le brexit avait donc ( à raison) l’ objet de de se soustraire de la cour européenne de justice.

  2. L’idée est GENIALE ! Qu’attend-t-on pour en faire autant ???? Est-il nécessaire de SORTIR de U.E. pour faire comme le ROYAUME-UNI ? ou faut-il attendre d’être remplacés pour AGIR ? Reconnaissons que c’est là que l’on mesure notre grand retard mental par rapport au ROYAUME-UNI.

  3. Bravo mais pitié pas en France .Et la France, ce pays des droits de l’homme hypocrite qui ne se soucie guère du peuple du Dombass ni des plus de 6500 morts sur les chantiers du qatar et qui enverront les équipes participer à cette compétition sont mal placés pour donner des leçons à certains de ces pays qui eux protègent davantage leur peuple contre ces invasions de barbares .Et il faut avouer que les anglais s’en sortent plutôt bien depuis qu’ils ont quitté l’UE .

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