Le pouvoir, averti de la relance du « djihad individuel », mis au pied du mur ?

djihad daech

Dans une note confidentielle adressée, dimanche dernier, aux préfets, le ministre de l'Intérieur a appelé à des « mesures de vigilance accrues » contre des actions terroristes visant notre pays, dans le cadre du « djihad individuel ». Il réagit ainsi à un communiqué publié par l'agence Thabat, proche de l'organisation terroriste Al-Quaïda.

Selon le ministre, ce communiqué se réfère à l'actualité nationale, depuis les caricatures du prophète jusqu'à la question du port du voile ou l'opération militaire au Mali. Il détaille des « modes opératoires », comme les attaques à l'arme blanche ou l'utilisation d'une voiture bélier, « de façon solitaire ou en constituant des groupes ». Il désigne même des cibles, notamment les églises et les symboles de la chrétienté, invitant aussi à viser, dans les pays arabes, « les ambassades [françaises] ou les lieux de villégiature ». Cet avertissement n'a malheureusement pas empêché l'attentat de Nice.

Cette nouvelle arrivait mal, à un moment où l'on s'apprêtait à décréter un nouveau confinement. Nos gouvernants n'allaient-ils pas donner aux Français le constat de leur incapacité, depuis quatre ans qu'ils sont au pouvoir, de juguler l'islamisme et le terrorisme ? Pourtant, ces annonces ne sont pas nouvelles : les islamistes avaient déjà appelé les « bons musulmans » à agir individuellement, partout dans le monde, fût-ce avec des moyens rudimentaires, pour tuer le maximum de « croisés ».

Après la décapitation de Samuel Paty, l'attentat de Nice, à l'intérieur de la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption, a coûté la vie à trois personnes, dont deux au moins ont été égorgées, conformément à ce rituel barbare. Les plus anciens se souviennent, sans doute, de la Toussaint rouge, perpétrée en 1954 par le FLN, qui marqua le début de la guerre d'Algérie. Est-il excessif de rapprocher les actes tragiques qui viennent de se produire, à quelques jours de la Toussaint, de cet épisode de notre Histoire ? Car, n'en doutons pas, c'est une guerre que les islamistes ont déclarée à la France, qui ne date pas d'aujourd'hui.

Notre matamore de Président, dans son allocution du 16 mars, appelait, le ton martial, à la « mobilisation générale » contre le coronavirus, cet ennemi « invisible, insaisissable », répétant, à six reprises : « Nous sommes en guerre. » Comme s'il avait besoin d'une guerre pour devenir un chef aux yeux des Français. Il eût mieux fait de déclarer plus tôt la guerre à l'islamisme au lieu de tergiverser et de ne pas désigner cet ennemi, bien réel, qui n'est insaisissable que parce qu'on refuse, par incompétence ou par idéologie, de se donner les moyens de le combattre.

Pour essayer de rehausser son prestige, voudrait-il faire accroire qu'il sera, cette fois, un bon chef de guerre ? Il prétend être le champion de la lutte contre l'islamisme, lâche la bride à Gérald Darmanin qui fait des déclarations tonitruantes, répond aux attaques du président turc Erdoğan en affirmant, sur son compte Twitter, que « rien ne nous fera reculer ». Mais il n'a cessé de reculer dans la dénonciation de l'islamisme !

S'il veut convaincre les Français de sa détermination et de son absence d'arrière-pensées, qu'il commence par reconnaître ses erreurs de jugement et qu'il réhabilite les personnalités et les partis politiques qui, lucides bien avant lui, dénoncent, depuis des années, les islamistes et leurs complices !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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