C’est un marronnier, et des plus classiques : lorsqu’un pontificat semble approcher de sa fin, à cause de l’âge du pape ou de sa maladie, le petit monde des vaticanistes ne tarit plus de prédictions plus ou moins loufoques. Conciliabules, émergence de papabili, rencontres de prélats dans le borgo aux portes du Vatican, luttes de clans et jeux diplomatiques : tout se déchaîne.

Depuis quelques jours, dans la presse italienne, anglo-saxonne et maintenant française, avec notamment un article du Point, on évoque une démission du pape François. Le précédent de Benoît XVI, tout proche, fait considérer a priori cette hypothèse comme plausible.

Dès l’été 2021, des rumeurs circulaient sur une possible démission du pape François, après que le Saint-Père avait subi une opération du côlon assez délicate. Ce qui ne l’a pas empêché d’aller en Hongrie et en Slovaquie dès le mois de septembre 2021, à Chypre et en Grèce en décembre et, enfin, à Malte en avril 2022.

En revanche, le voyage au Liban prévu en juin a été reporté, mais aussi, nous apprend aujourd’hui Matteo Bruni, directeur du bureau de presse du Saint-Siège, celui qu’il devait effectuer en juillet au Sud-Soudan et en République démocratique du Congo, pour ne pas « annuler les résultats des thérapies du genou encore en cours » (Vatican News).

Il est vrai que le pape François se déplace aujourd’hui en fauteuil roulant à cause d’un problème persistant et douloureux au genou, ce qui est pour lui, de son propre aveu, une grande humiliation. Rappelons tout de même que François a 85 ans, et travaille à un rythme soutenu.

Autant de signaux de « basse intensité » qui montrent, à tout le moins, que le pontificat du pape François n’est plus dans sa phase dynamique et réformatrice, voire révolutionnaire. Va-t-il pour autant lâcher les rênes et abdiquer sa charge ?

Certes, il a convoqué pour le 27 août prochain un consistoire où 21 nouveau cardinaux seront créés. Une date étonnante, les consistoires ayant lieu généralement en février, juin ou novembre. Dans cette « fournée » de cardinaux, beaucoup sont issus des périphéries chères au pape François, peu sont européens, et cela confirme « la ligne suivie par François depuis le début de son pontificat : hormis les préfets des dicastères pour le Culte divin et pour le Clergé et le président du Gouvernorat, les treize autres noms des cardinaux électeurs étaient beaucoup moins prévisibles. Une nouvelle donc, le pape choisit d'associer le collège des cardinaux à des évêques en provenance du monde entier, favorisant les périphéries, laissant de côté des sièges qui étaient autrefois traditionnellement pourvus par des cardinaux », dixit Andrea Tornielli, une des voix officielles du Saint-Siège.

Le pape François a-t-il voulu ainsi accélérer les choses ? Une chose est sûre : il a modelé le prochain conclave à son image et à sa ressemblance, bien plus que Jean-Paul II et Benoît XVI ne l’avaient fait : 52 cardinaux ont été créés par Jean-Paul II (il en reste 11 électeurs), 64 par Benoît XVI, dont 38 ont moins de 80 ans, c’est-à-dire qu’ils sont électeurs, et 113 par le pape François, en 9 ans de pontificat. Ainsi, sur les 132 cardinaux électeurs que comptera le Sacré Collège après le consistoire, 83 le seront du fait de François (Sources Vatican News).

Pour certains, la vieillesse, la dégradation de son état de santé et ce consistoire « surprise » sont autant de signes que le pape songerait donc à démissionner. Ce serait un coup de tonnerre, un coup d’éclat comme il en est coutumier. Y aurait-il alors deux papes émérites au Vatican, en plus d’un troisième, régnant ? Cela ajouterait à la grande confusion, au grand chambardement qui ont souvent été les modes de fonctionnement de ce pontificat. Ce serait, objectivement, une rupture institutionnelle majeure.

Mais cela est-il vraiment dans son caractère ? Depuis son élection en 2013, le pape, vrai patron, « s'occupe de tout dans la vie du Vatican, et dans le détail. Il n'hésite pas à trancher, à écarter parfois ceux qui ne sont pas dans sa ligne et sans prendre de gants. Il veut avancer. Il veut réformer. Cela n'apaise pas les relations. Le sentiment de crainte est courant alors que la confiance devrait régner même sous un régime de dynamique réformatrice », explique Jean-Marie Guénois, dans Le Figaro.

Curieusement, d’ailleurs, sa volonté d’aller vers toujours plus de synodalité s’oppose… à son propre caractère, à cette « autorité autoritaire » décrite par l’excellent Guénois.

Trait de caractère qui ne s’exerce pas sans brutalité, on l’a vu avec le motu proprio Traditionis custodes, mais plus récemment avec les ordinations suspendues à Toulon. Quant à la réforme de la Curie, la cinquième en 2000 ans d’existence de l’Église, entrée en vigueur le jour de la Pentecôte, elle suscite de nombreuse résistances internes. On imagine mal le pape François partir sans avoir affronté, et dominé, toutes ces résistances internes. Ni sans avoir, le plus activement possible, joué de sa médiation dans l’affaire ukrainienne.

Mais il est vrai, aussi, que l’autre trait de caractère saillant du pape est son tempérament... totalement imprévisible !

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11 juin 2022 à 15:37

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53 commentaires

  1. Bon débarras .Collabo ,traitre il n’est pas digne de représenter dieu .Qu’a t’il fait pour défendre tous ces chrétiens massacrés : rien ,donc qu’il démissionne au plus vite nous ne le regretterons pas .

  2. Le pape n’ est qu’ un être humain et un humain peut- il représenter Dieu?
    Trop de pape ont déçu la chrétienté, peu ont été capable de tenir la position de Pape.
    François et ses positions ambigues et même discutables sera classé dans les mauvais
    souvenirs

  3.  » le pape François se déplace aujourd’hui en fauteuil roulant à cause d’un problème persistant et douloureux au genou, ce qui est pour lui, de son propre aveu, une grande humiliation. », curieuse réaction pour un chrétien, ils devait dire , merci Mon Dieu , de m’envoyer cette ultime épreuve, qui me rapproche de mes Frères dans la même souffrance , en particulier les plus jeunes …

  4. Si c’est pour remettre le même à sa place c’est pas encourageant. Ce pape est le V R P de l’islam. Bon vent.

  5. De toutes façons, c’est le groupe Bilderberg et le cabinet Mackinsey, choisi par ce pape pour sa communication, qui sont aux commandes. Entre 2014 et 2017, c’est à Peter Sutherland, riche banquier d’affaires,appartenant à Bilderberg, ancien patron de Goldman Sachs, membre influent des cercles mondialistes et capitalistes destructeurs des nations et des peuples, des identités et des cultures, que le Pape a confié, par idéologie immigrationniste , la Commission catholique pour les Migrations !

  6. Il me semble que Bergoglio est trop orgueilleux pour abdiquer,il aime le pouvoir mais en use très mal,il l’a prouvé en qualité de supérieur provincial des Jésuites d’Argentine.
    Il s’agit d’un vieil homme caractériel entouré de courtisans qui utilisent son autorité pour évincer des clercs trop catholiques,Bergoglio ne peut connaître personnellement les plus de 5000 évêques que compte l’Eglise,ni la situation de chaque diocèse!

    1. Ceux qui nous gouvernent aussi… Avant la démission de Brnoît XVI, le Vatican avait été déconnecté de Swift, ce qui a mis à mal les finances. Dès qu’il a démissionné, tout est rentré dans l’ordre…

    2. Sauf erreur , le dernier ,on l’a poussé à la démission ne rentrant pas dans le projet de soros et Cie .

  7. S’il démissionne, que va devenir la prophétie de Malachie ?
    Seule solution, réélire Benoît XVI. Cette épisode s’appellerait « la vengeance de Benoit » ou « le retour de Dieu »

  8. un pape qui se fait appeler François et qui regrette « l’humiliation » que représente pour lui le fait d’être en fauteuil roulant ! sait-il seulement ce qu’est l’humilité ? connaît-il seulement saint françois d’assise qui remerciait Dieu de ne ressembler à rien et qui portait la plus misérable des tuniques ? et quel drôle de message envoyé aux handicapés et malades : devraient-ils se sentir « humiliés » de leur état ? quel imposteur ce « pape »

  9. S il démissionne , il restera comme l ‘ un des démolisseur de la religion catholique .

  10. Qu’il ne nous fasse pas croire, en tout cas , qu’il démissionnerait pour les mêmes raisons que Benoit 16. Ici , il ne s’agit que de problèmes de santé, et pas de dilemne de fond ( impossibilité de faire  » le job » ) ou de mise à l’écart par la curie ; N ‘est pas héroique ( cf Jean- Paul 2) qui veut …

  11. Ce Pape non numéroté s’est mis beaucoup de monde à dos, et pas seulement chez les traditionalistes.
    Les magouilles qui ont poussé Benoît XVI vers la sortie, sortent enfin, et c’est une bonne chose.
    Benoît XVI se porte bien mieux que l’élu actuelle woke soros-compatible.
    François c’est l’art de ne se faire que des ennemis.

    1. « Ce pape non numéroté… ». Mais si il a bien le numéro 0 zéro et parfaitement justifié. Cordialement.

      1. Je pensais -1, mais vous êtes plus généreux que moi.
        Dieu s’en souviendra
        Bon dimanche.

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